Chapitre Second

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Le lendemain ma bouche est pâteuse, et mon dos me fait souffrir, je me relève adossée à la porte. Mes larmes ont séché et ne couleront plus, ne doivent plus couler. Je fais craquer mes articulations, enfile mes baskets puis pars courir avant d'aller travailler. L'air est frais à cette heure là et il n'y a personne dans les rues.
Après mon footing je file sous la douche et enfile un pantalon noir ainsi que le tee shirt avec le logo "Junile ", le supermarché dans lequel je travaille, imprimé à l'avant. J'y travaille de 9h à 12h tous les jours. Puis à 14h je travaille dans le garage d'un ami de Mike. Il m'a dégoté ce job quelques semaines après notre arrivée. Je suis douée en bagnole et il l'a vite remarqué.
Il est 18h et je viens de finir de rafistoler la voiture de M.Vanstruck, il la cabosse au moins 1 fois par mois, ce qui fait de lui notre plus fidèle client. Je salue Tom le boss, enfile mon sweat par-dessus mon tee-shirt blanc et essuye mes mains pleine de cambouis sur ma salopette déchirée aux genoux. J'attache mes cheveux gris qui m'arrivent aux épaules en un chignon, enfile mes lunettes de soleil et attrape mon skate au passage.
J'arrive au bar à 18h30, je retire mes lunettes que je remonte sur le dessus de mon crâne, j'attrape mon skate sous le bras et entre. Je suis en retard et ça ne lui plaît pas, je le sais, ses sourcils sont froncés et elle triture son verre, surement le 5ème ou 6ème. Elle déteste être sobre. Je m'assois en face d'elle. Elle relève la tete en faisant une moue de dégout.

"Tu es en retard To'.
-Tobias pour toi, s'il te plaît.
-Je t'appelle comme je veux.
-Tu as choisi un prénom de mec, tu m'appelles comme ça."

Elle se renfrogne. Ses yeux marron me fixent. Elle n'a pas changé, ses cheveux noirs pendent lamentablement dans son dos et elle porte encore sa veste kaki délavée. Ainsi que son foulard noir ridicule autour du cou. Ça m'énerve.

"Tu y es encore ?" lui dis-je sur un ton de reproche

Elle met quelques secondes à comprendre puis touche son foulard, elle me foudroie du regard. Depuis quelques semaines, elle sort avec le chef du réseau de drogue de Price et ce foulard noir est leur emblème.

"Ferme ta gueule, tu n'as rien à me dire. Passe moi l'argent.
-J'en ai marre de devoir te passer du fric.
-Ne joue pas à ce jeu Tobias, tu en connais les conséquences.
-Je ne joue pas. Depuis que tu es réapparue dans nos vies tu ne fais que me demander de l'argent. Ton nouveau mec en a beaucoup lui. Et puis tu sais très bien que Violette se porte bien mieux sans toi.
-Ah oui ? Et avec toi elle se porte bien. Pourtant elle ne le devrait pas, non ? Après tout on sait à qui est la faute."

Mes mains deviennent moites. Ma mère. Elle a toujours été forte pour frapper là où ça fait mal. Elle ricane et s'appuye contre le dossier de la banquette son verre presque vide à la main. Elle n'est pas été le type de mère qu'une jeune fille devrait avoir. Elle a toujours été soumise à mon père, il voulait tellement un garçon que quand il a vu que j'étais une fille, il m'a donné le prénom Tobias. Elle n'a rien dit.
Quand il m'a rasée. Elle n'a rien dit.
Quand il m'a affamée pour que je ne puisse pas avoir mes règles. Elle n'a rien dit.
Quand il m'a entrainée sans relâche à faire du sport au point de m'épuiser. Elle n'a rien dit.
Quand il m'a façonnée à l'image d'un garçon. Elle n'a rien dit.
Elle l'aimait trop pour dire quelque chose.

Puis le jour où il est parti sans rien dire, elle m'en a voulu, disant que c'était parce que je n'avais pas été suffisemment un homme qu'il l'avait quittée. Mais mon père est parti parce qu'il voyait qu'elle devenait folle à lier. Elle en est devenue alcolique et violente. Je n'ai jamais rien dit, m'écrasant, jusqu'à....... il y'a 1 an ou je me suis promis de ne plus jamais m'écraser, de ne plus jamais dépendre de quelqu'un. En m'enfuyant avec Violette je savais qu'elle ferait tout pour nous retrouver et nous faire chanter. Et elle a réussi, je ne sais pas comment mais 2 mois après notre fuite elle est réapparue et a commencé à me réclamer de l'argent. Ce qu'elle ne savait pas c'est qu'à cause de cette nuit Violette à décidé de ne plus jamais parler et que j'ai décidé de montrer les crocs. Je lui donne des sous tout les mois parce que je sais que si je ne le fait pas elle prendra Violette, de force et c'est hors de question que je l'a perde. Elle aussi, à cause de ma mère. Je me penche doucement au dessus de la table, et la regarde droit dans les yeux. Je sais qu'elle deteste que je fasse ca, je ressemble tellement à mon pere qu'elle ne le supporte pas.

ReliveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant