Prologue

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"Dépêche-toi Violette, cours"

La pluie ruisselle sur nos visages, mouille ses cheveux et arrose mon crane fraichement rasé. Les gouttes s'écrasent sur le bitume dans un bruit assourdissant. Nous courrons vers la voiture, elle n'a qu'un sac, je n'ai qu'un sac, c'est tout ce que nous avons pu prendre. Mes mains tremblent, ma vision est floue à cause des larmes qui tentent de se frayer un chemin à travers mes paupières.

Mon pantalon, son pantalon, mes mains, ses mains, sont couverts de sang.

Son sang, son sang, son sang, son sang.

Ses yeux vides, ses yeux vides, ses yeux vides, ses yeux vides.

Je fais tomber les clés sur le bitume.

Je n'y arrive pas, je n'y arriverais pas.

Et je l'entends pleurer. Je me tourne vers Violette qui me supplie du regard.

Alors pour elle je me ressaisis, je grandis, les rôles s'inversent, je deviens la grande soeur. J'ouvre la voiture après avoir retrouvé les clés par terre. Nous sautons presque dans l'habitacle. Je regarde dans le rétroviseur, elle est là sur le pas-de-porte et tente de tirer mais elle loupe.

1 fois

2 fois

3 fois

C'est la fois de trop, je la laisse, nous partons sans elle.

Je roule, je roule, je roule.

Je m'enfuis, je m'enfuis, je m'enfuis.

Violette ne parle plus, nous nous regardons dans les blancs des yeux un instant.

Violette ne vit plus, je le sais, je le vois. Elle est devenue une coquille vide.

A cause de moi, à cause de moi, à cause de moi.




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