Chapitre 27 : Liv

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               Lorsqu'elle se réveilla ce vingt-cinq décembre, Liv fut assaillie par un flot d'informations des plus malvenus au réveil. Tout d'abord, c'était un mal de crâne lancinant qui l'avait tirée des bras de Morphée, à une heure bien trop matinale. Elle rejeta la faute sur le champagne et le vin de la veille en pestant : décidemment, l'alcool était un horrible traître. Ensuite, ses yeux se posèrent sur les matelas entreposés sur le sol de chambre, et elle fronça les sourcils : ce n'était pas normal. La jeune fille se souvint alors qu'une bonne partie de sa famille était venue pour les fêtes, et qu'il avait fallu caser les gens là où il restait de la place. Jonas, Freya, Lukas et Ida avaient donc été relégué dans sa chambre – la plus grande – tandis que divers oncles, tantes et cousins occupaient les leurs. La minuscule silhouette d'Ida, noyée sous une épaisse couette, remua, et sa grande sœur grogna. Si les petits se réveillaient, ce qui n'allait pas tarder, ce serait à elle de s'en occuper. Vu son état, elle n'avait absolument pas la tête à ça – et c'était le cas de le dire.

Elle attrapa d'un geste disgracieux son téléphone posé sur sa table de chevet, et elle sursauta quand elle remarqua le nombre impressionnant de notifications qu'elle avait reçues. Celles d'Instagram, Tumblr, Pinterest et compagnie étaient monnaie courante, mais ces treize appels manqués, un peu moins. Surtout qu'ils provenaient exclusivement de Tim et Théo, et non de membres éloignés de sa famille qui auraient voulus lui souhaiter un joyeux noël. C'était louche.

Elle jaugea d'un regard l'état de ses frères et sœurs, et estima qu'ils dormaient encore assez profondément pour qu'elle puisse régler ça tranquillement. Elle consulta sa messagerie, intrigués : qu'avait-il pu arriver aux jumeaux, pour qu'ils l'appellent ainsi ? Elle sourit en songeant qu'après un peu plus de vingt-quatre heures sans elle, ils étaient déjà perdus.

« Liv ? C'est Tim. Je... je crois que... je... ». La suite se noya dans des sanglots entrecoupés, et le sourire de l'adolescente fondit aussitôt. Quelque chose de grave était arrivé.

« Liv, je... j'ai besoin d'aide, je suis tout seul et... »

« Théo a... Il a descendu une bouteille de champagne et a vomit aux pieds de mon père. Avant ça il... il a dit que... »

« Il a déclaré qu'un mec serait bien pour moi, et il... il a commencé à déblatérer sur le fait que j'étais gay ! »

« Mon père me détestait un peu moins que Théo parce que j'ai des bonnes notes, mais maintenant c'est mort... Il me déteste Liv. Il me déteste. Ma mère aussi. »

« Tout le monde me fixait, quelqu'un a pris des photos... J'ai peur Liv. »

« Mes parents m'ont regardé comme si j'étais un monstre ! Et je... je... j'ai l'impression d'en être un. J'aurai bien aimé... j'aurai bien aimé être normal. Ne jamais subir ça. Les parents aiment leurs enfants normalement non ? Pourquoi pas les miens ? »

« Je crois que j'ai pleuré plus de larmes que les nuages. Et pourtant je suis sous une belle averse. J'ai très froid. Je crois que je vais passer la nuit dehors. J'ai besoin d'aide Liv. Vraiment besoin. »

« Si je reste sous un pont, je me ferai violer ? Les hommes peuvent se faire violer ? Répond-moi Liv, je... j'ai besoin de te parler. S'il te plaît. »

Liv éloigna alors le portable de son oreille, tremblante. C'était si dur à écouter... Pourquoi n'avait-elle pas répondu à ses appels ? Pourquoi avait-il fallu que toute cette histoire arrive le seul soir de l'année où elle n'était pas à proximité de son téléphone ? Tim avait l'air affreusement mal, sa voix se brisait au beau milieu de ses phrases, et il pleurait tellement que ses messages étaient pour la plupart incompréhensibles. Elle écouta la suite avec appréhension.

La théorie du VideWhere stories live. Discover now