Chapitre second

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Il n'y avait que la douleur qui irradiait dans tous son corps et qui laissait une impression de lave brûlante se déversant dans ses chairs meurtries.

Mais quand la torture brûlante se finissait, un froid glacial s'emparait de ses membres et gelait jusqu'à ses pensées. Son corps tout entier était au supplice depuis des années et elle espérait de tout son cœur que son heure vienne et que la mort sépare son âme subissant les maux permanents de son corps.

Lorsqu'elle ne sentait aucune douleur occuper son corps, elle se surprenait à rêver, un livre ou plusieurs en main, à vouloir s'enfuir loin de ce lit, loin de ce corps maudit. Elle était dans l'un de ses moments, où elle se sentait vide.
Combien de fois avait-elle tracé les contours de pays sur une carte, et qu'elle ne souhaitait que voir et découvrir de ses propres yeux ?

Elle soupira. Elle savait que, quand bien même elle guérirait, son père ne lui laisserait jamais ne serait-ce que poser un pied à l'extérieur de ces murs. C'était bien cela le problème.

Son père, depuis que sa mère les avait quitté, peut être, pour un monde meilleur, ne se consacrait plus qu'à son industrie d'armes et à ses laboratoires de recherche. Sa fille savait qu'il s'agissait là d'un moyen de ne pas montrer ses plaies ouvertes mais elle tenait légitimement en horreur les entraves qu'il lui mettait. Il l'avait enfermé dans une cage dorée, lui donnant tout ce qu'elle voulait, des livres pour étudier et des professeurs pour lui apprendre. Mais ce n'était pas cela qui lui manquait. Elle était étouffée, oppressée et elle songeait souvent que c'était cet prison qui, loin de la protéger, ne faisait qu'empirer son état.

Tristement, elle regarda le ciel avant s'endormir dans un sommeil qu'elle savait douloureux et sans rêve par expérience. Pourtant cette nuit fut bien différente.

Elle se réveilla, alors qu'elle sentit quelque chose lui pincer la main. Lentement, elle ouvrit les yeux et vit une lueur éclatante tout autour. Elle se redressa, légèrement déboussolée. Ses doigts glissèrent dans la matière et, en baissant la tête, elle vit du sable. Elle se redressa et tourna sur elle-même, essayant de comprendre où elle était.

Céleste...

Elle fit volte-face. Et leva les yeux pour voir la façade blanche d'un temple.

Céleste...

Elle se mit à avancer, irrémédiablement attirée par cette voix inconnue. Une à une, elle gravit les marches qui menait au parvis de ce temple, dérangeant quelques ibis qui y sommeillaient tranquillement.
L'un d'eux, loin d'être effrayé, s'approcha d'elle et tendit son long coup couvert de duvet blanc.

Céleste s'inclina légèrement en reconnaissant un ibis sacré, animal très pur infiniment respectable et respecté dans le lointain pays d'Egypte. Tout doucement, elle caressa les plumes sur la tête du bout des doigts. Elle sourit en découvrant que c'était un contact tendre et chaud.

Céleste...

L'ibis la regarda un instant de ses prunelles dorées avant de s'écarter et de pointer l'entrée de son bec recourbé.
La jeune humaine se releva et d'une démarche lente et peu assurée, s'engouffra dans les couloirs décorés avec luxe. Entre chaque pilier, elle voyait une quantité phénoménale d'objets et de nourriture, des offrandes, attendre que quelqu'un les prenne.

Elle arrêta son observation minutieuse alors qu'elle arrivait finalement dans une cour majestueuse dont le centre était occupé par d'autres ibis, leurs longues échasses plongées dans une eau cristalline.

Mais ce ne fut pas cela qui attira son regard.

Face à elle, à quelques pas à peine, se tenait un homme. Dans son dos frémissait deux longues ailes d'un blanc pur. Au départ hésitante à aller plus loin, son corps bougea pour elle. Elle fit un pas en avant, puis un autre.

La Tresse du destin-Kamigami no asobiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant