Chapitre 8:

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Arriver à un endroit où étaient présentes des sorcières, restait une épreuve pour Tabitha. Une sorte de traumatisme en vérité, car même si celles qui vivaient autour ne dégageaient pas la même impression que la sorcière noire qui hantait ses nuits... Elles y ressemblaient beaucoup trop pour qu'elle arrive à ignorer sa nervosité grandissante. L'odeur de pourriture était l'odeur de sorcières pratiquant la magie noire et il n'y avait rien ou du moins pas grand chose qui soit pestilentiel d'après elle.

Aiden marcha dans une direction et elle le suivît, se fiant au bruit des chaussures probablement en cuir du Bêta. Elle faillit lui rentrer dedans lorsqu'il s'arrêta juste devant elle.

Jamais Tabitha n'avait autant regretté d'être aveugle que ces derniers jours. Quand elle était seule dans sa ville, elle n'avait aucun soucis, personne ne lui voulait de mal parce qu'ils se méfiaient de sa louve et parce que, le plus souvent, ne voulaient pas voir si Celle-qui-apporte-l'Hiver était encore capable de tuer. Sauf que maintenant, devoir dépendre de quelqu'un pour se diriger parce qu'elle était trop têtue pour avoir appris à marcher à l'aide d'une canne d'aveugle avait quelque chose de dérangeant. 

Après, peut-être que si elle laissait un peu plus sa louve s'exprimer, les sens de l'animal sauraient faire quelque chose. Elle avait le Don, sa louve pouvait utiliser la magie en un sens. Sauf que pour l'instant, c'était hors de question. Quand enfin elle se retrouverait seule, la jeune femme décida qu'il serait temps de prêter une oreille attentive à l'animal enragé qui tournait en rond dans un coin de sa tête.

- Je te préviens, elles sont un peu spéciales, essaye de garder ta louve en laisse. 

L'avertissement d'Aiden bien que prononcé sur une voix calme la fit froncer les sourcils tandis qu'elle maugréait que ce n'était pas à elle qu'on ferait une leçon de morale sur le contrôle de son animal:

- ... Je bottais l'arrière -train de suffisamment de cabots pour que tu n'ais pas à me faire une leçon de morale sur la Maîtrise.

Les cabots étaient les loups-garous qui se laissaient dévorer par la bête au lieu de vivre en communion avec elle... Ou bien de la soumettre à l'autorité de sa conscience. Chacun avait sa technique, Tabitha au début avait appliqué la première. Puis sa meute avait été détruite et elle en avait été réduite à appliquer la seconde. C'était ça le problème, quand on cohabitait avec un animal enragé, rien n'était jamais acquis pour longtemps. C'était aussi pour ça que malgré leur immortalité avait une durée de vie aussi réduite.

Aiden n'eut pas le temps de lui répondre, car Tabitha sursauta en entendant une porte s'ouvrir. S'étaient-ils arrêtés devant une maison? Visiblement oui. Quelqu'un s'avança vers eux et la solitaire y reconnu une femme, qui dégageait une forte odeur de mimosa. La blonde éternua sans sa gêner tandis qu'elle entendait son collègue se racler la gorge. Ça y est, ils avaient tous les deux l'odorat complètement hors service. Instinctivement, réduite à se fier à son ouïe, Tabitha effleura Aiden du bout des doigts. Elle était vulnérable, sa louve nerveuse et surtout, ils allaient probablement entrer dans l'antre d'une sorcière.

- Salomée, tu es toujours aussi belle.

- Cesse tes enfantillages Aiden, pourquoi m'amènes-tu une louve comme elle sur le pas de ma porte.

La voix qui sonna était d'un joli alto, bien qu'un peu éraillée, une femme d'environ soixante-dix ans, évalua Tabitha. Ou bien une grosse fumeuse, mais elle optait bien plus pour la première possibilité. De ce qu'elle pouvait en ressentir avec son odorat plus qu'handicapé, le Bêta à côté d'elle n'avait pas l'air des plus nerveux. C'est pour cela qu'elle n'hésita pas à répondre:

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