Chapitre 5:

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Tabitha avait distinctement senti sa nuque se briser.
Enfin elle l'avait plus entendue qu'autre chose: un craquement sec qui lui donna la sensation que les mains de Zachariah cassaient une branche morte et puis après sa conscience s'était enfoncée dans un néant des plus total.

C'est pour cela que lorsque ses sens se rappelèrent à elle et que ses iris lui transmirent cette image grisâtre et opaque qu'elle associait à son regard d'aveugle, la jeune femme fut plutôt surprise.
Elle ouvrit la bouche et inspira profondément comme si elle sortait d'une longue apnée et non pas d'une mort suivie d'un coma factice.

A la place de l'odeur de sang, de poussière et de magie, il y en avait une autre, de lessive et plus lointaine... De bacon et de pancakes.

- De retour parmi nous?

Elle avait beau ne l'avoir entendue qu'une fois, c'était assez récent pour qu'elle s'en souvienne. La voix d'Aiden était reconnaissable par son timbre clair et agréable à l'oreille, la voix de quelqu'un ayant l'habitude du contact des autres.
La blonde fronça les sourcils. Cela lui rappelait quelque chose, ou quelqu'un, à sa louve ou à elle-même, ça c'était une autre histoire. Mais elle avait d'autres chats à fouetter que sa mémoire défectueuse.

- Je suppose que oui. Nous sommes où?

Elle aurait peut-être dû préciser qu'elle était heureuse que le loup à la solde de la sorcière ne l'ait pas tué mais y penser signifiait s'interroger sur l'identité du loup... De plus heureuse n'était certainement pas le mot le plus adapté.

- Dans les Alpes, un chalet qui m'appartient.

Oh.
La blonde sentit ses traits se détendre pour afficher une moue perplexe. Cela faisait un siècle qu'elle n'avait pas quitté sa ville, qui se trouvait donc à environ deux bonnes heures de voiture. Donc une journée de course sous forme de louve, certainement pas la mer à boire donc.
En fait ce n'était pas tant d'avoir été transportée loin de chez elle durant son... Coma? Oui coma semblait être le mot le plus adapté pour décrire sa situation précédente, qui la gênait. Non, c'était plutôt de se réveiller dans un lit chez le Bêta d'une meute qui avait failli être exterminée par quelqu'un qu'elle aurait été prête à laisser les tuer, qui avait tendance à la rendre perplexe.

La méfiance ne servant actuellement pas à grand chose.

- Bien.
- Bien? C'est moi où tu étais bien moins accommodante il y a trois jours?

Le ton qu'employait le Bêta était plus railleur que réellement agacé.
Tabitha aurait levé les yeux en direction du plafond si cela avait revêtu un quelconque sens à ses yeux. Mais à la place, elle haussa les épaules et attrapa son oreiller le plaçant de manière à pouvoir se surélever.

- Tu apportais un fléau dont je croyais m'être débarrassée...

-Avoir fui. L'interrompit-elle.

Tabitha lui lança un regard noir, avant de croiser les bras et de reprendre sa phrase.

- Avoir fui... Peu importe. Je n'allais pas t'inviter à boire un café.

- Certes.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé pendant mon coma?

Parfait.
Cela avait l'air parfaitement maîtrisé quand elle le disait comme ça. Comme si cela lui était déjà arrivé. Sauf que ce n'était pas le cas et se savoir vulnérable pendant les deux jours qu'il lui avait fallu pour refaire surface était le genre de chose qui la faisait angoisser et sa louve vu les récents événements avait tout sauf besoin de rester angoissée.

- Lorsque l'Arbitre t'a brisé la nuque, ça a distrait le loup que j'affrontais. Il avait un regard vide, presque mort mais j'ai vu une rage pure y briller quand il lui a sauté à la gorge. La sorcière a incanté mais c'est le moment qu'a choisi Dimitri pour attaquer. Elle l'a envoyé au tapis avec un sort de paralysie mais ça avait laissé le temps à Farik de finir la transformation. Parce que tu l'avais salement amoché et que Dimitri lui avait à moitié arraché une main ils ont battu en retraite.

HiémalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant