Chapitre 18

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Il n'y avait pas eu autant de vie sur le campus depuis bien longtemps. Des étudiants par milliers, des professeurs aux maîtres de conférences sortant exceptionnellement pour assister à l'ouverture des jeux, il y avait là du beau monde. Étrangement, une telle ambiance prêtant à la fête me mit d'entrée de jeu de bonne humeur. Je déambulais ici et là, le sourire aux lèvres sans vraiment savoir pourquoi.

« Arrête de sourire comme ça, on dirait un psychopathe.

— Ou un tueur en série. »

Du moins, c'était avant de me rappeler que Théo et Octave s'étaient mis de concert pour tout faire afin de ruiner ma bonne humeur légendairement absente.

« Vous ne pouvez pas être heureux un peu ? Octave, toi le premier. Il y a tout un tas de filles en mini-short, non ? Tu n'es pas heureux ?

— Si... Mais je me suis déjà pris deux vents. Il a des filles de prépa à qui j'ai demandé leurs numéros, elles m'ont dit ne pas être intéressées, car je manquais de classe.

— En même temps... Les filles de prépa quoi. C'est comme si au lieu de t'intéresser aux phoques et aux otaries, tu t'attaquais déjà aux ourses polaires. Mec, tu n'as pas le niveau pour ça encore.

— Hé ! Je peux être tout à fait charmant quand je m'y mets.

— Oui, oui, si tu le dis. Je ne voudrais surtout pas te contredire.

— Alex...

— Quoi ?

— Aide-moi. T'as une belle gueule... Drague pour moi. D'ailleurs, viens ! On va aller les voir là, tout de suite, maintenant. Je suis chaud. »

Vous avez déjà vu deux bébés pingouins sur la banquise essayant tant bien que mal de se frayer un chemin parmi les empereurs ? On avait exactement cette allure-là.

Jusqu'au moment où Théo s'interposa.

« Pourquoi Alex devrait t'accompagner ? Tu ne peux pas y aller tout seul comme un grand à ton âge ? »

Oh ? Vous sentez ce que je sens ?

Oui, ce parfum !

La jalousie.

« Non, il me sert d'appât.

— Et s'il n'a pas envie de faire l'appât justement ?

— Tu veux le faire à sa place Théo ? T'es pas mal non plus. Tourne-toi, que je mate tes fesses.

— Hé ! Mate pas les fesses de Théo toi ! Gros pervers ! »

Je l'ai pris dans mes bras par réflexe tandis qu'Octave haussa les sourcils avec son air amusé.

« Bah dites-le de suite si vous faites un plan à deux sans moi. Je vous trouve étrangement bien proches.

— Quoi ? Pas du tout ! »

On se pousse mutuellement à l'écart tandis qu'Octave continue de nous observer.

« Décidément... Vous êtes bizarres tous les deux. En plus, je vous demande ça comme une faveur. Vous ne voulez pas faire une bonne action et aider un vieux pote en détresse ?

— Détresse mon cul. Intéresse-toi aux phoques, on a dit.

— Mais vous n'avez décidément aucune ambition vous deux ! Les phoques, les otaries, ça ne rapportent rien. Draguer une meuf de la fac, ça, c'est donner à tout le monde. Mais une prépa... C'est la crème de la crème. L'élite. La cerise sur le cadeau !

— Je n'aime pas la cerise moi...

— On s'en fout, Théo, si tu aimes la cerise ou pas bordel !

— Bon... Au pire... Tu peux toujours voir pour... Hmm... Tiens, là-bas ! Y'a les filles qui sont en BTS communication et tourisme.

— Ah non, hein ! J'y suis allé tout à l'heure... Y'en a une, complètement barge, elle m'a limite demander de lui écrire une lettre de motivation. »

Ah. En même temps... Fallait s'y attendre.

« Allez, faites un geste, quoi !

— Tu sais, tu te ferais remarquer plus facilement si tu remportais une médaille ou quelque chose comme ça.

— Théo a raison... Si tu ressortais gagnant, ça gonflerait ton égo et ça les rendrait folles.

— J'ai autant de chance de gagner une place sur le podium que de gagner au loto.

— Hé ! On ne sait jamais, l'espoir fait vivre comme on dit.

— Alex ! Enfoiré. Avoue... Tu le fais exprès ? Parce que toi, tu sais très bien que tu vas tout gagner et qu'elles vont toutes tomber à tes pieds, comme d'habitude. »

C'est vrai.

Mais tu sais Octave, cette année, le podium, je le gagnerais pour une tout autre raison que je préfère te laisser ignorer pour l'instant.

J'ai un pari en jeu... Que dis-je ? Un rencard en jeu et il était hors de question que je me laisse battre par qui que ce soit.

« Bon, j'ai compris. Je vais être un homme et...

— Comme un homme !!!

— Ah non, vos gueules avec la musique ! »

C'était tentant. Désolé.

Remember (BxB)Where stories live. Discover now