Remember (BxB)

Chapitre 10

Alors qu'on déambulait sur le campus tous les trois, Octave s'arrêta devant le panneau d'affichage.

« Venez, on participe. »

Ne comprenant pas à quoi il faisait allusion, Théo et moi retournions sur nos pas pour découvrir l'affiche.

Des mini Jeux olympiques Inter-Étudiants. Tout ce que l'on demande c'est une équipe de trois, peu importe qu'elle soit mixte ou non.

« Je passe. »

À peine avions-nous le temps de réfléchir à notre candidature que Théo reprit sa route l'air de rien.

« Tu passes ? Mais attends, on ne sait même pas quel sport il y aura !

— Octave a raison, on peut bien soumettre notre groupe et voir ensuite.

— Je n'aime pas le sport. Ce n'est que de la triche et des faux-semblants.

— Alors, là tu parles du football et tu sais, ce n'est pas non plus du sport à haut niveau qu'on pratique ici. C'est juste histoire de se détendre et de se défouler dans une bonne ambiance. Y'aura plein de gens et plein de jolies jeunes demoiselles venues certainement encourager les vaillants sportifs que nous sommes ! »

Étrangement, mon cœur sursaute à l'entente du mot « demoiselle ». Je ne sais même pas pourquoi. Je ne devrais pas. Jusqu'à présent, je n'ai jamais eu un grand intérêt dans la gent féminine. Il y avait certes des filles assez jolies sur le campus. Certaines étaient gentilles, même adorables, mais d'autres pouvaient facilement remplacer la Gorgone.

Durant ma vie passée, je n'ai aimé que Thétis. C'était la plus jolie fille du village malgré son caractère de kraken, mais je n'ai toujours eu de cesse de n'aimer qu'elle et par moment, je me désespère à croire que mes sentiments précédents m'empêchent de ressentir quoi que ce soit à nouveau.

Pour quelqu'un d'autre.

Et puis comment pourrais-je de toute façon passer à autre chose maintenant que Théo est là et qu'il est un souvenir de mon amour passé.

«— Je n'ai aucun bénéfice à y gagner... »

On échange un bref regard désolé avec Octave. Non loin de nous l'envie d'obliger Théo à participer, on peut facilement se trouver un troisième joueur, mais cela l'aurait intégré de façon définitive au campus.

« —Comme tu voudras. »

Octave n'insiste pas et j'en fais de même, respectant sa volonté.

Pourtant, l'idée est restée en moi tout le reste de la journée. Incapable de la chasser. Incapable de faire autrement. Une part de moi mourrait d'envie de participer à ces journées en compagnie d'Octus et Thétis. L'un à côté de l'autre.

Cela m'aurait rappelé les jeux que nous pratiquions avant.

J'ai envie d'y participer, mais avec eux et seulement eux à mes côtés.

Alors quitte à avoir une cervelle bourrée de vieux souvenirs d'une autre époque, autant que ça me serve à quelque chose.

« C'est tellement dommage que tu ne viennes pas Théo... Tu sais, ce genre de journée est mémorable. On rigole. On joue. On fait de nouvelles connaissances.

— Je me doute... Et je n'ai pas dit que je ne "venais" pas. J'ai dit que je ne "participais" pas. Nuance. Je pourrais vous observer du banc des supporters.

— Ouais, mais c'est moins drôle.

— Vous allez vous trouver une autre personne de toute façon. Vous connaissez du monde sur le campus, non ?

— Ouais, ouais... »

Bon. Il veut se la jouer comme ça ? Pas de soucis. Si vraiment il a l'âme de ma bien-aimée au fond de lui, il ne résistera pas bien longtemps.

« Mais tout de même ! Je trouve ça triste ! On commence à bien s'entendre, et puis avec les cours, et tout, bientôt on devra réviser...

— Arrête. »

Ah ? Ça marche.

« Je sais ce que tu fais Alexandre. »

Le sais-tu ? Ou penses-tu le savoir ?

« C'est du chantage affectif. Ce n'est pas correct.

— Moi ? Pratiquer ce genre de méthode ! Voyons ! Je n'en serais pas digne.

— Disons qu'hypothétiquement je participe... »

Et là, mon visage m'a trahie. Un sourire s'est tracé de long en large de ce dernier.

« J'ai dit "hypothétiquement", arrête de sourire comme un idiot.

— Pardon. Vas-y... Je t'ai coupé... Hypothétiquement...

— Hypothétiquement donc... Si je participe... Je veux une récompense. »

Quel genre ?

Une gâterie ?

Ah ! Alex ! Ne commence pas !

« Tu veux quoi ?

— Fais-moi de la place dans le placard. Je ne peux plus ranger mes affaires. »

Parce qu'en plus il veut monopoliser l'espace ?

« Et c'est tout ? Tu veux de la place dans le placard ? Accordé.

— Et sur l'étagère dans le coin... Pour mettre mes livres.

— Accordé.

— Et tes frites au réfectoire pendant trois vendredis de suite.

— Accordé. »

Il semble stupéfait. Sans doute ne s'attendait-il pas à ce que j'accepte l'ensemble de ces termes.

« Tu sais que tu es horrible en négociateur ?

— Ah, mais je ne cherchais pas à négocier. Je voulais juste que tu participes ! J'ai eu ce que je voulais. Bon, je vais me doucher ! »

Et voilà une affaire rondement menée.

Si Octus était là, il serait fier de moi.

Néanmoins, je le raconterais à Octave. Il a toujours douté de mon pouvoir de persuasion.

« C'est de la triche, Alexandre !

— Non... C'est le sport. Je t'apprendrais un jour. »

Maintenant, il ne nous restait plus qu'à décider qui allait s'occuper de quel sport. Je pense que c'est la partie délicate ça.