[AVENT 7] Toi et la littérature ?

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LITTERATURE

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Quel est ton livre préféré ? (par FleurDeRaviolle )

Le Seigneur des Anneaux.

C'est Julien, mon cousin, qui me l'a fait découvrir quand j'étais petite.

A cause de lui, j'ai vu le film avant de lire le livre. Mais, grâce à lui, j'ai connu cette histoire à l'époque ou les autres de la classe ne juraient que par Dora l'exploratrice et Arthur et les Minimoys. Je crois que je me sentais "supérieure" de ce savoir...

Hier, Julien m'a prêté un nouveau livre : le premier tome des Annales du Disque Monde. J'aime TROP le personnage de La Mort !!

Mais mon cousin n'a pas l'air trop dispo pour en discuter. Il passe son temps sur son téléphone à envoyer des SMS à sa copine ou à lire ce qu'il appelle son "arme de destruction massive", autrement nommé le Code Civil (il va entrer en cinquième année de droit). J'avoue que, ce pavé-là, j'aimerais pas me le recevoir dans la tronche.

Ah ! Sinon, mon deuxième livre préféré, ça s'appelle La Sève et le Givre de Léa Silhol. Le style de l'auteur est juste parfait. Vous voyez le langage soutenu ? Imaginez ça, avec des métaphores et de la poésie au pays des Faëries. J'ai déjà essayé d'écrire comme ça à une époque, mais c'était pas très concluant. Je pourrais peut-être réessayer. Si j'écrivais comme ça tous les jours dans mon carnet, je m'améliorerais sans doute !

ça donnerait quelque chose comme...

***

Assise en tailleur sur ma couche dont le linge exhalait un léger parfum de lavande, je grattais la pointe de ma plume sur le papier glacé. Inlassablement. Je déversais dans le carnet mes interrogations alambiquées, mes rêves incertains, ma lassitude confuse. Je confiais mes émotions à ce livre secret, comme si l'encre pouvait les séquestrer sur le papier et ainsi, les garder loin de moi. M'en délivrer.

Mais rien ne pouvait venir à bout de l'amertume qui m'oppressait. Car, oubliée de l'astre solaire, j'étais acculée depuis plusieurs lunes en ce lieu désolant que l'on nommait le Royaume de l'Ennui, mais que les autochtones appellent Région d'Auvergne. Frigorifiée par les pluies amères, je vivais dans l'attente qu'un fragment de l'été ne daigne enfin réchauffer l'air. Dégeler mon âme.

Je cessai soudain d'écrire lorsqu'une missive m'apparut. Scintillante à la surface lisse de ma tablette, elle semblait traduire une insoutenable urgence et je ne pus m'empêcher de la lire. Le message était court, précis et direct, le style non dénué de mesquinerie.

« J'espère que vous passez d'agréables heures en Auvergne ? Ici, à Grenoble, la chaleur de l'été nous accable. Votre sœur est-elle près de vous ? »

(Traduction de « hey, sava ? comman C l'auvergne ? Ici C la canicule. Léa est dan l'coin ? »)

Mon corps trembla à la lecture de ce message qui, par une coïncidence surprenante, faisait écho à mes préoccupations présentes. Comment ce mâle, vil et méprisable, osait-il s'adresser à moi ? J'étais persuadée qu'il avait connaissance de l'épreuve que j'endurais au Royaume de l'Ennui et je n'avais nul doute concernant la teneur railleuse de ses propos. Ce n'était qu'une pique destinée à ébranler ma confiance. Il désirait savoir ? Qu'il en soit ainsi. Je ne lui épargnerais aucun détail.

« Le froid s'étend lourd et langoureux sur les plaines verdoyantes, les lacs immobiles et les cratères béants des volcans assoupis. Tout, ici, est rongé par la pluie. Parfois, le vent est d'une telle violence, d'une telle perfidie, qu'aucune étole ne peut lui résister. Son souffle, comme autant de poignards sournois, s'immisce à travers ma peau. Me brûle la chair. Vous me demandez si je me porte bien ? Sachez, haïssable créature, que l'épreuve que j'endure en ces lieux dévastés n'est même pas comparable à la pire infamie à laquelle vous avez pu être confronté au cours de votre misérable existence. Je vous prierais de garder votre langue de par trop abuser des moqueries concernant ma condition. Car, jamais vous n'auriez, ni la force, ni l'audace, pour survivre à de tels périls si vous étiez, ne serait-ce qu'un instant, à ma place.

— Je compatis à votre désarroi. Je souhaitais uniquement vous informer que le Bien-Aimé de votre sœur avait commencé à recouvrer vigueur. Peut-être cette révélation lui apportera-t-elle une once de réconfort ? »

L'homme ajouta quelques explications incompréhensibles, sans doute destinées à émousser ma vigilance.

(Traduction de « MDR ! Miskine, ça craint chez vous ! Je voulais juste dire à Léa qu'Enzo commençait à pouvoir bouger 1 peu. J'en C pas + pour le moment, mais voila quoi. Comme L est pas connecté sur FB et que G pas son tel... Enfin voila... »)

« Je veillerai à lui transmettre votre message, lui répondis-je seulement.

— Je vous remercie. Je vous conseille, cependant, d'éviter de tenir ce genre de propos à d'autres personnes. Cela pourrait nuire à votre réputation. De manière irrévocable. »

Et, par-delà l'espace, par-delà la distance, son rire infernal me parvint, glaçant mon être jusqu'au creux de mes os déjà transis de froid.

(Traduction de « Merci ! Au fait, tu fais des phrases 1 peu longues. Mais sinon, C cool ! Sauf si tu parle vraiment come sa en public :D. Ça*)

Paniquée, j'informai immédiatement mon fidèle ami de mon malheur.

« Gabriel, une terrible menace vient de s'abattre sur moi ! J'ai, par inadvertance, révélé mon secret à Anthony, cet ennemi de toujours !

— Allons, que me dites-vous ? Vous êtes-vous, une fois de plus, abîmée dans la lecture de ce livre maudit qui vous retourne l'esprit ? Lui avez-vous parlé de la Potion ?

(Traduction de « Quoi ? T'es encore en train de relire ton bouquin de fées, c'est ça ? Mais t'as fait quoi ? Tu lui as parlé du Nutella ?! »)

Gabriel me connaissait si bien. Il avait immédiatement deviné la cause de mon trouble. Cette étrange maladie qui me faisait m'exprimer de la sorte. Cependant, je n'osai lui avouer que je n'avais pas relu l'ouvrage. Sa seule évocation avait suffit.

— Non, mais j'ai eu l'audace de le comparer à une « haïssable créature dont l'existence était misérable », répondis-je.

Votre âme me paraît définitivement perdue et je crains de n'être en mesure de vous venir en aide, ma très chère. Mais je prierai pour vous. »

(Traduction de « T'es complètement barrée, tu le sais, ça ? Je peux rien pour toi, ma vieille. »)

Ses paroles m'arrachèrent le cœur. Je m'allongeai et fermai les yeux pour essayer d'oublier tout cela.

***

Bon, je crois que je vais m'arrêter là avec ce livre, en fait. En plus, je sais même pas faire des métaphores, moi...

Nutella Girl [En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant