La Catin

Chapitre 4

  J'ai passé mes jours suivant à venir au marché du château. Tous les jours, le prince Olidan me rencontrait, « par hasard » me disait-il. On passait deux à trois heures, à arpenter le marché. Il m'achetait beaucoup de chose, des bijoux et des robes. Il me comblait de cadeaux. Il me disait beaucoup de jolies choses, me comblait de compliments. Il était l'homme idéal.

  Cet après-midi-là, j'étais à l'auberge, je faisais les cents pas, regardant les peu de client présent, boire dans les bras des filles. J'avais remarqué que certains revenaient souvent, qu'ils étaient avec l'autre couillon le soir où il a débarqué ici. Ces compagnons de route sans doute, des bandits affreusement laids et crasseux. Je n'avais pas les idées à sourire car ce matin, je n'avais pas vu le prince. Oui, cela me désolait beaucoup sachant que nous avions pris l'habitude de le faire.

  Je me suis arrêtée près du bar. Emma était ici elle aussi et me regardait depuis un moment. Elle a posé sa bière pour me sourire.

     -  Qu'as-tu aujourd'hui ?

     -  Rien...

  Elle s'est rapprochée de moi, collant son bras contre le mien. C'est elle qui m'a initié au plaisir et à d'autres choses qui plaisent aux hommes. De plus, entre fille, ici, c'est fréquent les après-midi quand il n'y a vraiment personne.

     -  Ton prince n'est pas venu ce matin ?

  Oui, elles sont toutes au courant, même si elles en rient car elles pensent qu'il se fout de ma gueule. Elle a soupiré.

     -  Écoutes, que trouverait-il de bien chez toi à part le fait que tu couches sans exigence. Il sait que tu es une catin, il sait que tu ferais ça pour quelques pièces. Il ne viendra jamais te chercher ici, il attendra le bon moment pour te choper au château et te faire la même chose que ces hommes ici présents.

  Elle a une nouvelle fois soupiré quand elle a vu que je baissais les yeux.

     -  Il est trop fier pour descendre ici. Il ne le fera jamais pour une simple petite catin de bas étage. À la Cour, elles sont nombreuses, toutes belles et mariées, couvertes par l'argent donc sans gêne. Nous ne jouons pas sur ce terrain là et lui non plus.

  Elle n'a pas tors. Il y a beaucoup de petites bourgeoises qui se prostituent juste dans l'espoir d'avoir un enfant de quelqu'un de plus élevés qu'elles, afin de les obliger à se marier avec elles ou a donné de l'argent pour l'enfant. Elles sont nombreuses et beaucoup trop influente pour les pointer du doigt.

  Alors qu'Emma ouvrait la bouche, la porte s'est ouverte sur quatre personnes. Trois d'entre eux étaient en tenue de garde mais le quatrième... Je n'en crus pas mes yeux. Il a regardé autour de lui avant de plonger son regard dans le mien. Je ne m'y attendais absolument pas. Elles l'ont toutes regardaient car elles savaient qu'il avait de l'influence.

  Il s'est approché de moi, hésitant. Emma s'est redressée pour s'approcher légèrement. Elle s'est mise entre lui et moi. Il s'est arrêté face à elle. Il n'a pas eu le temps d'ouvrir la bouche.

     -  Écoutes-moi bien. Tu as beau être le prince que toutes veulent, je te préviens, tu fais du mal à notre petite Irina et tu souffriras à ton tour. Ce n'est pas parce que nous sommes des femmes, que nous ne savons pas faire mal. Alors soit, tu l'as rend heureuse pour toujours, soit tu pars maintenant avant d'empirer la situation. Est-ce clair ?