Chapitre 3

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  Je suis sortie, cape sur la tête. Entrer au château n'est pas compliqué, les passages de femmes de chambre et de serviteurs sont très fréquents. Se faire passer pour l'une d'elle m'était facile. Je suis entrée, essayant de savoir où je devais aller.

     -  Halte !

  Je me suis arrêtée, cachant le couteau que j'avais en main dans mon dos, sous ma cape. Un garde s'est approché de moi, montant la lanterne à ma hauteur.

     -  Que faites-vous ?

     -  Le prince m'a fait demander dans ses appartements.

  Il a haussé un sourcil et m'a regardé de la tête aux pieds, dégoûté mais étonné à la fois.

     -  Ce doit être le prince Caïn je présume.

     -  Effectivement.

  Il m'a fait signe de le suivre. Je l'ai suivi sans un mot. Le tuer ne sera pas simple maintenant qu'il m'a vu mais je ne savais pas où se trouvait la chambre de cet homme. Il s'est arrêté au troisième, à l'entrée d'un long couloir. Il m'a montré au loin.

     -  La quatrième porte à gauche.

     -  Merci, vous êtes fort aimable.

  Il est parti, me laissant dans le noir. Je me suis approchée de la porte. J'ai posé ma main sur la poignée glaçante, tremblante. Quand je fus à l'intérieur, j'ai refermé celle-ci. J'ai sorti mon couteau, le prenant à pleine main, le serrant dans ma main. Je tremblais, hésitante, d'un pas...pas assez stable. Il dormait dans cet immense lit, la chemise à moitié ouverte sur son torse musclé. Tout son corps était une invitation au plaisir mais cela n'est qu'une image plaisante pour cacher ce qu'il y a de plus sombre à l'intérieur.

  J'ai levé mon couteau, prête à lui planter dans le cœur. Mon bras refusait de descendre et ma poigne était figée sur le manche du couteau, tremblant.

  Alors que je baissais le bras, renonçant à cela, mon poignet fut agrippé et je fus projetée sur le lit, plaquer sous son poids. Une bougie s'est allumée et je fus terrifiée.

     -  Tu as essayé de me tuer.

  Mon couteau était toujours dans ma main mais je ne pouvais les bouger. Il l'a attrapé et l'a lancé. Il est allé se planter dans le parquet.

     -  Tu as essayé de me tuer, dans ma propre chambre. Moi ! Deuxième fils du roi...

     -  Vous n'avez rien d'un prince ! Vous n'êtes qu'un salop.

  Il s'est approché de mon visage mais je lui ai craché dessus. Il a essuyé la bave de son visage et il m'a baffé.

     -  Comment oses-tu ?

     -  Vous m'avez sali !

  Un sourire sarcastique s'est dessiné sur ses lèvres et surtout, un regard assez amusé.

     -  Oh oh ! Tu es une pute, tu as dû être salis depuis bien longtemps.

     -  Vous m'avez volé ma...

  Il m'a fait taire avant, ricanant. Il avait compris ce que je voulais dire. Il m'a lâché un peu, relâchant la pression sur mes poignets.

     -  Ah ! Je vois de quoi tu parles. Il me semblait bien que cela était trop intense pour une habituée, une dépucelée. Je devrais me taper des vierges plus souvent.

  J'ai essayé de me débattre mais sans succès, il m'a une nouvelle fois retenu.

     -  Hey ! Du calme ma jolie. Plus tu vas te débattre, plus tu vas me donner envie de te faire du mal, de te sauter comme la nuit dernière.

  Je me suis donc figée. Il me regardait avec beaucoup de considération.

     -  Mon frère te trouve à son goût d'après ce que j'ai vu. Un prince de haut rang, qui a une estime en or vis-à-vis du roi. Toutes rêvent de lui, toutes ne voient que lui.

     -  Je me demande pourquoi. Fis-je.

  Il a souri et a fini par se remettre debout. Je me suis assise, voulant me lever à mon tour mais, il a fait volte-face, m'empêchant de me lever.

     -  Il serait mieux pour toi de rester là, de ne pas bouger.

  Je l'ai foudroyé du regard. Il m'a tourné le dos pour aller près de la fenêtre. Je l'ai regardé faire, il a ramassé le couteau.

     -  Mon frère ne rêve que de paix, d'entente et de bonne attention. Il pense qu'avec sa tronche d'ange et son langage de gentilhomme il va régler tous les problèmes, que tous vont l'écouter.

     -  Il n'y a pas que la violence qui règle les problèmes. Fis-je.

  J'ai deviné son sourire. Il jouait avec le couteau.

     -  Il pense que tous veulent la paix et la gentillesse mais ce qu'il oublie, c'est que tous ne sont pas ainsi.

     -  Pourquoi ? Tous ne sont pas comme vous.

  Il s'est tourné vers moi, le couteau en main.

     -  J'ai passé sept ans de ma vie à sillonner le pays ainsi que nos voisins. J'ai côtoyé beaucoup de peuple, de personne si différente les une que les autres. Tout ce qu'ils voulaient, c'est une guerre, une bonne grosse guerre afin de supprimer ceux qui n'en n'ont rien à foutre de ceux qui vivent dans la misère. Tout ce qu'ils veulent, c'est la tête de ces bourgeois. Ils ne veulent pas la paix, ils veulent une vengeance. Comme vous j'imagine.

  Il a posé son regard dans le mien. Il n'avait pas tord à ce sujet.

     -  Tu vis parmi ces gens et tu ne connais pas leurs envies, leurs...pensées.

     -  Votre frère est un homme bien et je suis sûr qu'il fera changer la mentalité de ces personnes-là.

  Il m'a regardé, déçu et énervé.

     -  Bien sûr, mon crétin de frère va tout régler. Lui, le prince héritier, celui né du roi et de la reine. Celui qui est né d'une femme de chambre, on s'en fiche.

  Il n'est pas un des fils légitimes de la reine. Il a lancé le couteau. J'ai sursauté. Il est allé se planter dans l'un des piliers du lit.

     -  Tu penses comme lui. Je pensais qu'une pute n'était pas aussi conne que les riches. Vous allez bien ensemble tient.

  J'ai reculé sur le lit, voulant passer de l'autre côté.

     -  J'ai encore fait la mauvaise pioche.

     -  Je suis loin d'être une écervelée. Jamais je ne me laisserais faire contre de l'argent. Vous m'avez...maltraité. Est-ce là l'attitude d'un prince ?!

  Il m'a montré la porte.

     -  Vas-t'en alors, ne te gêne pas. Jamais je ne retiendrais une pute dans ton genre.

  J'ai attrapé le couteau et je l'ai lancé. Il est allé se planter près de lui, dans la grosse armoire. Je suis partie sans rien lui demander de plus. 

La CatinNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ