Chapitre 1

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  J'ai grandi dans cette ville où tous ne parlent que du roi. Ce roi cruel mais si réaliste à la fois. Beaucoup l'aiment, beaucoup le déteste. On ne se demande pas qui l'aime et qui le déteste. Après tout, nous sommes dans un monde où la richesse est signe de pouvoir. Pour ma part, je le déteste, tout comme les bourgeois. Quand on est fille d'ivrogne et de prostituée, on ne peut que détester les riches. On vient même, parfois, à détester aussi ceux de notre rang. Pauvres, ivrognes, prostituées, paysans, artisans, soldats... On finit par détester tout le monde. Même sa propre personne.

Fille d'ivrogne et de pute, que voulez-vous que ça donne. Une femme ne peut pas être ivrogne à plein temps, elle finirait à la fosse commune. Alors qu'une femme prostituée à plus de chance de vivre si elle ne tombe pas sur un barbare ou un noble qui, de honte et de peur, la fasse tuer. Bienvenu dans ma vie.

  Depuis petite, je déambule dans « L'auberge aux putes », là où grouille beaucoup de putes qui ne cherchent que l'argent, peut-être l'amour mais surtout, de l'amusement. C'est ce que j'ai remarqué du moins, depuis que je suis ici, depuis que je suis petite. Ma mère a disparu, un jour. Elle est partie un soir avec son « prince charmant » et elle n'est jamais réapparue. Du moins, pas de son vivant : son corps a été découvert un matin près des fausses du château.

J'ai donc pris sa place. J'ai suivi le flambeau. Je suis devenue à mon tour une prostituée. Je me fais quelques pièces par-ci, par-là. Je ne suis pas grande joueuse. Je suis juste là pour survivre, c'est tout. Je suis dans aucune catégorie. Je ne cherche pas l'amour, ni l'amusement, ni l'argent... Je cherche avant tout à survivre.

  Ce soir-là, je tournais en rond dans l'auberge, regardant les autres filles roucoulaient dans les bras d'homme en quête de plaisir. Les plus fortunés préfères les inviter chez eux. Ce soir-là, une bande de voleur des routes venait de trouver refuge ici. Ils buvaient, hurlaient, chantaient... C'est vraiment un vrai poulailler. Je déambulais, tranquillement, regardant chaque personne de présente. Ils puent tous, de vrai nid à puce, à poux et autres trucs dégueulasses. Je n'aime pas ce genre de personne, je ne couche pas quand il n'y a pas d'hygiène. Je ne veux pas attraper de misère, je ne veux pas être malade.

     -  Regardez-moi ça.

  Je venais d'arriver près de la plus belle de notre auberge, Emma. Une fille de vingt-huit ans, belle et aussi fraîche qu'une jeune femme de mon âge. Elle n'a pas toujours été là. Elle était la femme d'un riche bourgeois au fin-fond du pays. Elle a fui quand il a commencé à la frapper. Quand elle est arrivée, tous la désiraient.

  Elles regardaient un jeune homme. Il venait d'entrer et était plus propre que les autres. Ses cheveux longs et noirs étaient attachés dans son dos. Ses yeux sombres allaient en parfaite harmonie avec toute sa personne. Il avait de vieux vêtements mais il était propre. Je ne pourrais, sans le lui demander, savoir quel âge il avait. Il était beau et très charmeur, une pointe de ténèbres dans son regard. Il regardait les autres gars, tapant sur l'épaule de certain.

  Il a vite fini par regarder dans notre direction. Je ne suis sentie électrisée.

     -  Mmm ! Je l'aime bien ce jeune homme. Je lui ferais ce qu'il veut.

     -  S'il te prend toi.

  Je les écoutais parler à travers, tout en regardant ce nouveau venu.

La CatinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant