Chapitre 50: je vois et je me souviens

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9 Août 1946

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9 Août 1946

Elizabeth ne cessait de relire le télégramme envoyé par son détective privé. Ces mots se répétèrent dans son esprit au fur et à mesure que l'émotion la gagne. Elle ne remercierait jamais assez le réseau Télex inauguré par le Général de Gaulle le 18 juin dernier. Ce dernier lui a permis de recevoir l'information en temps réel et de faire ses bagages rapidement. Anne et Christophe l'accompagnaient dans son périple sur les routes de France afin de regagner la région de Trèves où Basile et le docteur Dawson les attendaient.

C'étaient ainsi qu'ils l'avaient inscrit sur le papier. Le couple ne voulait pas laisser la jeune femme conduire seule alors que son état émotionnel est encore fragile. Alice avait gentiment accepté de garder Éliane, Daniel et Christian le temps de leur voyage. Que les informations de Basile soient justes ou non, ça aurait été un choc beaucoup trop grand pour les enfants. Leurs âmes étaient sensibles à ce genre de chose.

Anne jeta un œil dans le rétroviseur de la voiture. Son futur mari était concentré sur la route. Ses pensées vagabondaient vers sa vieille alliée des combats. L'habitacle était plongé dans un silence trop pesant pour la cadette des Darendelle. Elle fixait la silhouette de son aînée. Cette dernière avait les yeux baissés sur le télégraphe, le dos enfoncé dans le dossier de la banquette arrière. Anne ne distinguait pas ses prunelles. Cependant, elle devinait toute l'émotion qui doit s'y cacher. C'était un grand moment pour elle.

Timidement, Anne glissa sa main entre les deux sièges afin de rejoindre celle de sa sœur. Elizabeth leva les yeux vers elle en sentant sa paume sur ses genoux. Elle esquissa un sourire forcé malgré les larmes aux coins de ses yeux. Anne lui rendit son sourire tout en tendant sa main vers elle. Elsa' la réceptionna, la serrant comme si c'était sa bouée de sauvetage. Elle avait besoin du soutien de sa petite sœur, maintenant, plus que jamais.

La future madame Bjorgman avait un poids sur le cœur. Elle n'avait pas réellement soutenu son aînée dans ses recherches, préférant enterrer ses souvenirs de Jakob. Mais il semblerait qu'elle eût été trop rapide. Elle aurait dû croire au sixième sens d'Elizabeth. Un amour comme le leur ne peut pas mourir si facilement. L'aînée comprit les excuses silencieuses d'Anne. Elle resserra sa prise sur leurs mains en guise d'acceptation. Elsa' ne pouvait pas le lui en vouloir. Si les rôles avaient été inversés, peut-être aurait-elle agi de la même façon.

- Nous sommes arrivés.

Les mots de Christophe firent bondir le cœur d'Elizabeth dans sa poitrine, comme s'il aurait voulu s'échapper. Son futur beau-frère se gara précautionneusement. La jeune femme profita de l'attente que le véhicule soit à l'arrêt, pour calmer les battements de son cœur. Un pied après l'autre, elle sortit de l'habitacle, suivit par sa sœur et Christophe. Elsa' scruta la devanture de l'hôpital militaire comme pétrifier. Serait-il vraiment là ? Dans ses chambres ? Dans ses couloirs ? À quelques mètres d'elle ?

Elle n'eut pas le temps d'en avoir la certitude qu'une personne sortit par la porte principale. Épaulée par les deux membres de sa famille, elle monta les quelques marches afin de le rejoindre. Cet homme avait les cheveux noirs, agrémentés de quelques mèches grisonnantes, donnant presque un effet rayé.

La Force de t'aimerWhere stories live. Discover now