Chapitre 71

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Après trois semaines passées à l'autre bout de la France, je suis enfin de retour chez moi. La première chose que j'ai faite en rentrant a été de préparer mon surf ! Mais mon père m'a vite refroidi :

— Tu ne vas pas surfer ! Du moins, pas tout seul !

— Non, je vais rejoindre des potes !

— Qui ? demande-t-il, méfiant, sachant pertinemment que tous mes amis sont partis pour les vacances.

— Bah, je sais pas, des gars !

— T'as quatorze ans, tu surfes pas tout seul ! T'as vu le temps pourri qu'il fait ? m'indique-t-il en me montrant les rafales de vent à l'extérieur. La mer est déchaînée et les marées sont descendantes.

— J'ai mon portable et j'ai vérifié la météo, demain, il fait beau !

— Je t'ai dit non ! me coupe-t-il dans mon élan sans lever les yeux de son journal.

Il a le don de me pourrir mon retour en quelques secondes ! Max entre à ce moment-là dans la cuisine. Je fonde tous mes espoirs sur lui...

— Max, tu viens surfer, demain matin ?

— Oui, si tu veux ! accepte-t-il en me sauvant la mise.

— Je ne surfe plus tout seul ! je lance à mon père.

Je plie ma combi à l'intérieur de la housse de mon surf.

— Branleur, t'as intérêt de m'écouter ! me rétorque mon vieux.

Le lendemain matin, à la première heure, Max et moi sommes sur nos planches. Nous sommes en plein milieu du mois d'août et la côte Atlantique est au pic de l'invasion touristique. Il ne fait pas très beau, le temps est un peu couvert, mais la plage est chargée de monde. Je ne reconnais personne de mon lycée ou de mes potes surfeurs, tous sont partis en vacances avec leurs parents. Pour les plus âgés, ils campent plus au sud dans les Landes ou au pays Basque, là où Paulo est allé les rejoindre. J'en profite tout de même pas mal, jusqu'à ce que Max me lâche pour aller rejoindre Agathe qu'il n'a pas vue depuis juillet. Je me retrouve comme un pauvre con, sans ami, tout seul sur la plage. Je décide de surfer quand même malgré l'interdiction paternelle : après tout, qui lui dira ? Je rejoins un groupe de surfeurs que je ne connais pas et je squatte avec eux tout l'après-midi, profitant de l'océan qui m'a tant manqué.

Le soir, en attendant le bus des plages, une fille de ma classe, qui était venue camper avec nous en juillet, me rejoint à l'arrêt.

— Salut Speed !

— Salut Jenny !

— Ça va ? me demande-t-elle en posant son sac à côté de mon surf.

— Ouais et toi ?

Je me pousse sur un côté du banc où je suis assis pour lui faire une place.

— Nickel ! Tu es tout seul ?

— Ouais !

— Moi aussi ! Mes amies sont parties en vacances !

— La même. Et ton mec, Ashton ?

— Il m'a plaquée pour la chaudasse, Withney ! Tu vois qui c'est ?

— Parfaitement, je dis en me souvenant de la façon dont elle m'avait allumé dans le vieux château.

Le bus arrive et nous montons tous les deux dedans. Nous continuons à parler des gens de notre lycée. Jenny passe en Première ES. Je ne l'apprécie pas car elle a tendance à me donner des ordres et à me dominer, en pensant que comme je suis plus jeune qu'elle, je ne suis pas en mesure de prendre des décisions. Au final, notre discussion est plutôt sympathique. De toute façon, je n'ai qu'elle pour passer mon temps libre.

En descendant du bus, elle me propose de la retrouver demain, ce que j'accepte avec plaisir.

— Si tu veux, tu viens vers midi, on bouffera chez moi ensemble !

Les parents de Jenny sont restaurateurs et à cette saison, ils sont très occupés. Mais il y a de quoi bouffer pour dix, chez elle. Et chez moi, c'est tout le contraire. En mangeant avec Jenny, j'évite la corvée cuisine ! Je suis donc ravi de l'avoir rencontrée.

Elle habite dans le même village que moi, mais sa maison est un peu isolée. Je la rejoins en skate. J'attends devant son portail qu'elle vienne m'ouvrir. En entrant, je découvre sa superbe demeure et sa cuisine immense, décorée avec de vieux objets chinés dans des brocantes. Une porte ouverte donne sur une grande terrasse et la piscine.

Nous mangeons rapidement sur un comptoir. Assis sur des tabourets hauts, je détaille ma nouvelle meilleure amie de vacances qui me remplit le ventre. Je ne lui trouve pas vraiment d'attrait physique, elle est tout le contraire de ce que j'apprécie. Premièrement, ses dents ne sont pas parfaites, mais elle n'a pas de bagues. Ses incisives du haut sont légèrement écartées et ça crée un petit zozotement quand elle parle. Bon, admettons, ça pourrait convenir. Deuxièmement, elle n'a quasiment pas de poitrine, et plus je la détaille au travers de son débardeur, plus je cherche ses nichons. J'avoue que c'est grandement compensé par son large postérieur. Elle a une sacrée paire de fesses... Et enfin, elle est brune et moi je préfère les blondes ! En plus, Paulo m'a toujours dit qu'au lit, les blondes avaient ce truc en plus... Après tout, c'est peut-être l'occasion de comprendre.

Une fois le repas terminé, Jenny me propose de nous baigner. En approchant de la piscine, je découvre, derrière une rangée de lavandes, un jacuzzi. Nous nous installons sur deux transats et nous nous mettons en maillot en continuant de discuter.

— Tu ne pars pas en vacances ?

— Si, mais jamais en juillet / août, à cause du restaurant de mes parents ! m'explique-t-elle.

— Ah ouais, pas cool ! Et t'as pas des frères et sœurs ?

— Une sœur de douze ans mais elle est chez mes grands-parents !

— On se baigne ?

Nous nous mettons à l'eau doucement, enfin surtout Jenny, car la délicatesse et moi, ça fait deux ! Bien évidemment, je l'éclabousse immédiatement !

— Speed, arrête, bordel !

Plus elle me réprime, plus j'ai envie de l'emmerder...

— T'as pas dit s'il te plaît !

— Ta gueule, je suis chez moi ! Je vais te couler !

— Je te préviens, si tu me coules, je te noie !

— Ouais et bien, ça m'étonnerait !

SPEED (Terminé) Tome 1Όπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα