Chapitre 70

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Pour être honnête, je n'ai pas vraiment de souvenirs de la suite de la soirée. Paulo nous a raconté que Max a vomi dans les escaliers de l'immeuble, que nous avons mis trois heures à monter les quatre étages, que j'ai eu le fou-rire toute la nuit parce que ma tante avait beaucoup gueulé...

Le matin au réveil, j'ai un mal de crâne hallucinant. Je pue l'alcool à trois kilomètres, j'ai une haleine de phoque et j'ai la chiasse. Forcément, quand on boit trop d'alcool, il faut l'évacuer, par en haut ou par en bas. J'ai fait les deux...

C'est le jour du grand départ. Après avoir dit au revoir à mes cousines que je ne reverrai probablement pas avant Noël, ma tante nous dépose à Orly pour prendre un avion pour Bordeaux.

Une fois largués tous les trois dans l'aéroport, l'excitation est à son comble ! Paulo a hâte de rentrer car demain, il part camper une semaine au pays Basque avec ses potes. Max veut rapidement retrouver Agathe alors que moi, je ne pense qu'à une chose : partir surfer !

Marion est en vacances en Corse, mon pote Jimmy en Bretagne, et mon autre compère Dylan, au pèlerinage gitan des Saintes-Maries-de-la-Mer. Seul mon surf m'attend impatiemment !

Nous passons le portail d'embarquement sans soucis. Mon mal de crâne ne me quitte pas. Nous nous précipitons pour acheter du Coca-Cola, rien de tel pour les lendemains de cuite, ça rince la tuyauterie ! Chacun muni de sa bouteille, nous faisons la queue pour régler quand Max me demande :

— Tonio, Action ou Vérité ?

— La partie n'est pas finie ?

Je ne suis même pas certain que ce soit son tour, mais j'ai déjà envie d'accepter le défi, ça m'occupera pendant le vol où je vais une fois de plus me trouver ceinturé.

— Elle se termine à Bordeaux ! précise Paulo.

— Ok, bah Action jusqu'au bout ! Soyons fous !

— Demande à la caissière si elle a des faux seins ! me défie Max en souriant.

— Oh putain, t'es con ! je lui réponds avant d'éclater de rire.

Je ne sais pas ce qu'a Max en ce moment, mais il est de moins en moins timide et effacé. Il y a beaucoup moins de rivalité entre nous. D'ailleurs, on se marre bien quand on est tous les deux.

— Il ne va pas le faire, me provoque Paulo en sortant un billet de dix euros pour régler nos boissons.

— Bonjour, six euros, s'il vous plaît, nous demande la caissière en uniforme blanc et rouge, concentrée sur son travail.

— Tenez !

— C'est des faux seins que vous avez ? je la questionne le plus innocemment possible.

Je montre du doigt son décolleté qui gonfle sa chemise dont les boutons sont prêts à céder. Max cache immédiatement son visage avec ses mains pour rire. Je le vois convulser devant moi et je ne peux m'empêcher de me marrer aussi. Paulo, qui se retient, me met un tape derrière la tête en s'excusant pour moi :

— Désolé madame, il est jeune et impoli ! Vous avez une très belle poitrine !

— Bon, sortez-vous de là, les gosses ! s'énerve-t-elle en voyant que l'on se fout tous les trois de sa gueule. Vous voyez bien qu'il y a du monde, non ?

Les haut-parleurs précisent que l'avion pour Bordeaux est à l'heure et que nous allons embarquer. Nous nous mettons dans la file de voyageurs.

— Paulo, Action ou Vérité ?

— C'est la fin du jeu ! me répond-il, stimulé par notre départ imminent. Action, merdeux !

— Dès que tu croises une hôtesse, tu lui demandes si elle suce !

— Bordel, il va se faire refouler ! m'informe Max en éclatant de rire.

— Ouais, il a raison, merdeux ! approuve Paulo qui cherche toujours une excuse pour refuser. Trouve autre chose !

— Dégonflé ! je le rabaisse. Moi, je l'aurais fait!

— Bon, ok, on s'en fout, après tout !

Nous avançons lentement, tous les trois côte à côte, en observant les hôtesses de l'air qui vérifient les billets d'embarquement et les papiers. Je passe le premier, suivi de Max. Nous attendons avec impatience le tour de Paulo. Alors qu'il tend son billet à la dame hyper maquillée et en uniforme, il lui murmure droit dans les yeux sans lâcher son billet :

— Tu suces, princesse ?

L'hôtesse force pour arracher le billet des mains de mon frère, puis elle vérifie qu'elle a bien entendu :

— Pardon, je n'ai pas compris !

— Non, rien ! refuse-t-il de répéter.

— T'as quel âge, mon grand ?

— Dix-sept ans !

— Alors je te conseille de monter rapidement dans l'avion, de t'asseoir, de mettre ta ceinture et de la boucler ! Tu vas être bien sage, ok ?

— Ok ! approuve mon frère en lui souriant bêtement pendant que Max et moi nous esclaffons de le voir si soumis.

Mais son Action est loin d'être finie car des hôtesses, il y en a partout dans l'avion...

À la porte d'entrée :

— Bonjour, bienvenue à bord ! nous accueille gentiment l'une d'entre elles.

Elle ne sait pas encore qu'elle est tombée sur trois adolescents dévergondés et intenables à l'idée de rentrer chez eux...

— Tu suces ? lui lance Paulo juste avant que nous soyons pris d'une rigolade ingérable. Max marche en se tenant le ventre, prêt à se rouler par terre, moi, je n'arrête pas de m'essuyer le visage tellement je pleure, et Paulo a des secousses semblables à une crise d'épilepsie, sauf que c'est une crise de rire...

Au milieu de l'avion, pour aider les voyageurs à trouver leur place, une nouvelle hôtesse regarde nos billets et nous indique :

— Vos sièges sont un peu plus loin !

— Tu suces ? s'esclaffe à nouveau Paulo en guise de réponse.

Bien entendu, nous finissons par nous faire rapidement repérer par l'équipage, et celui-ci nous oblige à clôturer notre partie sous la menace du chef de cabine de nous débarquer immédiatement.

SPEED (Terminé) Tome 1Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt