Chapitre 11

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April.

Je me regardai une nouvelle fois dans le grand miroir de mon entrée et vérifiai que je n'avais aucune trace de rouge à lèvre sur les dents.

Je me souvenais, une fois, au collège, j'avais secrètement piqué un des bâtonnets de couleur de ma mère pour m'en appliquer soigneusement sur les lèvres. J'étais arrivée en cours et un garçon de la classe m'avait dévisagé avant de me demander ce qu'était la marque rouge sur mes dents. Cela m'avait marqué. Depuis, je vérifiai systématiquement.

Paola et Benjamin m'avaient obligé à me vêtir d'une belle robe pour aller au concert auquel m'avait convié Luc. J'hésitais toujours à m'inventer un mal de ventre pour ne pas y aller. Je doutais que cela soit une bonne idée. Mais après tout, ce n'était qu'une sortie de rien du tout. Il ne pouvait pas se passer grand chose, ou du moins, je l'espérais.

La sonnette retentit et je m'empressai d'ouvrir la porte. Luc se tenait devant moi, une rose à la main, vêtu de sa plus jolie chemise, d'une blancheur impeccable.

J'esquissai un petit sourire, contente, lorsqu'il me tendit la rose. Je la pris et instinctivement, je plongeai mon nez dans la fleur. J'adorais l'odeur des roses et Luc le savait très bien.

—  Elle est super jolie, lui dis-je.

Un sourire vint fendre ses lèvres pulpeuses. Je m'empressai d'aller mettre la rose dans un vase, pour décorer la table de la cuisine et retournai sur le perron de ma maison. Je refermai la porte à double tour, derrière moi et suivis Luc, qui n'avait toujours rien dit, jusqu'à sa voiture. Je m'installai à ses côtés et il alluma le moteur.

—  Tu es magnifique, me complimenta-t-il.

Je rougis et triturai nerveusement un volant de ma robe. Lui aussi, il était très beau. Mais je me retenais de le lui dire.

—  On y va ? me proposa-t-il.

J'hochai vivement la tête et il démarra. Le paysage de nuit de Greenville défilait sous mes yeux, et je me rendis compte que je tombais de plus en plus amoureuse de cette ville. C'était vrai, elle était tout bonnement magnifique.

—  Les français écoutent Mediano ? me demanda-t-il, me sortant de mes pensées, le regard fixé sur l'autoroute.

Je secouai la tête avant de me rappeler qu'il ne pouvait pas me voir.

— Non, ils ne sont pas connu en France.

— C'est dommage.

Il avait raison raison. C'était dommage. Mediano était un super groupe de musique et je suis sûre qu'il plairait a un certain nombre de français. De plus, les musiciens étaient vraiment incroyablement beaux, de quoi faire craquer les petites françaises.

— C'est comment Paris ? m'interrogea-t-il

Je fronçai les sourcils, surprise par sa question. Je lui avais pourtant déjà expliqué un nombre incalculable de fois.

— C'est une ville très jolie, il y a un fleuve qui traverse Paris, c'est la seine. Il y a de grands immeubles, avec des balcons ou des terrasses...

— Non. Je voulais dire, comment as-tu trouvé Paris, toi, cette année ?

Je baissai la tête. Je ne savais même pas quoi répondre à cette question. Il y avait tellement de choses à dire sur ce sujet. Commençant par la découverte de ma "nouvelle" famille, puis de mon connard de père, de mes retrouvailles avec Benjamin, de ma rencontre avec Ethel, de ma chute à mon match de volley et puis pour finir ma journée d'anniversaire avec Antoine.

Feels with meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant