Chapitre 1: Lorsque le froid prend place sous votre peau.

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Être un loup-garou pouvait vite s'avérer compliqué. Être solitaire rajouter encore plus de piment à cela. Quant à être une femme, on aurait pu dire que c'était la cerise sur le gâteau au niveau des difficultés. Mais disons que pour Tabitha, cela lui sauvait la mise sur un nombre de plans peu imaginable pour le commun des mortels. Ou immortels d'ailleurs.

Elle était aveugle depuis un siècle. Elle en avait vécu cinq. Et sont plus gros soucis actuellement, c'était que cela faisait environ trois semaines qu'elle sentait une odeur de loup garou flotter dans l'air sur cette terre qu'elle considérait comme chez elle. Et les loups avaient des lois particulières concernant les solitaires sur le territoire d'une meute.

Elle avait évité les problèmes suffisamment longtemps pour survivre et vivre en paix avec elle-même et la créature partageant son corps. Mais elle se souvenait encore de la dernière fois qu'elle avait fait parti d'une meute et la douleur vivace qui en avait résulté restait encore gravée dans son esprit. Enfin, elle n'avait pas pris l'apparence de l'animal en dehors des pleines lunes et ne comptait pas revenir sur cette décision. Mais si cette nouvelle meute la traquait, elle ne savait pas si elle serait capable d'y survivre.

Les loups garous malgré leur immortalité n'avaient pas une espérance de vie très longue. Beaucoup trop belliqueux et territoriaux pour cela. A trop montrer les crocs, on finissait par se les faire casser mais Tabitha l'avait compris des années plus tôt. Parce que leur soi-disante invulnérabilité était aussi fausse que l'espoir que certains d'entre eux entretenaient de ne plus être soumis à la malédiction par la prière.

Ils étaient condamnés à mourir et leur résistance ne rendait cela que plus douloureux.

Le fait d'être ainsi plongée dans ses pensées aurait pu distraire Tabitha. En vérité elle l'aurait été, mais en étant devenue aveugle, ses sens s'étaient affûtés au point qu'elle avait repéré le loup bien avant qu'il ne mette les pieds sur la place où elle était assise sur un banc.

Le soleil de Janvier lui frappait le visage, le chauffant et combattant une légère brise qui lui gerçait les lèvres. Même avant d'être un monstre, elle avait toujours aimé la saison cruelle qu'était l'hiver. Les chasses dans la neige n'avait été qu'un plus à ajouter à ce goût injustifié.

Écoutant les pas qui s'approchaient, elle s'amusa à dresser un portrait de son futur interlocuteur et potentiel assassin. Il était grand, bien plus qu'elle qui pourtant du haut de son mètre soixante et onze ne pouvait pas être considérée comme petite. Lorsqu'il s'assit sur le banc qui craqua sous son poids, elle devina qu'il faisait entre 80 et 90 kg de muscles. Parce que la graisse était une notion abstraite pour les loups.

Il sentait le déodorant que l'on trouve en grande surface, la fourrure, les chips qu'il venait de manger au paprika et enfin, il sentait surtout un mélange de curiosité et de crainte. Soit il était stupide et soumis, ce qui l'aurait étonnée au vue de l'assurance dont il avait fait preuve en s'asseyant à ses côtés, soit il la connaissait.

- Tabitha ?

- J'aimerais vous dire que vous vous trompez de personne mais allons, gagnons du temps, les immortels ne le sont jamais vraiment.»

Répondit-elle aimablement, couverte de sa doudoune, un bonnet enfoncé sur ses oreilles et ses lunettes de soleil d'un noir d'encre posées sur son nez. Elle se doutait que ne pas voir son expression rendait l'autre loup-garou mal à l'aise. Sauf que Tabitha n'avait jamais été dotée d'une nature très accommodante.

- Qu'est-ce qu'une meute vient faire ici ?

Son ton s'était voulu aimable au début, mais la froideur dont elle faisait preuve étouffait tout effort de sa part. Elle aurait pu en être désolée, elle aurait pu.

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