Chapitre 20

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La question me déroute complètement et je rougis sans trop savoir pourquoi – à cause des regards inquisiteurs de mes camarades, peut-être ?

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La question me déroute complètement et je rougis sans trop savoir pourquoi – à cause des regards inquisiteurs de mes camarades, peut-être ?

Je laisse mon regard dériver vers mon poignet. Mon croissant de lune semble briller un instant, subtile référence à ma brûlure d'il y a quelques jours. Une puissance d'abord répulsive, puis tellement enivrante que j'ai dû m'y abandonner, éprouvant même une certaine jouissance à cette douleur si violente, allusion concrète à une attirance mutuelle.

Je n'ai pas besoin de réfléchir plus longtemps avant de lui murmurer :

— La passion. Aussi ardente, aussi dévorante soit-elle, c'est grâce à elle que je me sens vivante.

L'iris de la féline scintille d'un éclat nouveau en entendant ma réponse. Elle se dirige avec assurance vers l'une des quatre oriflammes du couloir dans lequel nous venons de pénétrer. Pendant un instant, je crains qu'elle se prenne le mur en pleine face, mais le drapeau se consume à son passage, étalant un mince filet de cendres sur le sol.

Ce n'est pas cette combustion spontanée qui me déroute le plus. Derrière l'étoffe de velours se cache un long corridor entrecoupé d'immenses salons qui débouchent sur de nouveaux étendards. J'y suis la chatte et m'engage dans un escalier de marbre noir, incrusté de diamants.

Après une vingtaine de marches, nous atterrissons dans une chambre immense. Et encore, c'est un euphémisme ! Si on en juge le nombre de bannières à l'entrée, il en existe au moins une centaine comme celle-ci.

À l'extérieur, la vue est splendide. Le fameux lac d'Argent porte bien son nom : des reflets bleu-gris scintillent à sa surface, entrecoupés par les rayons du soleil qui percent encore à l'horizon.

Hormis la salle de bain assez simpliste, la pièce est meublée de mille et un détails qui la rendent unique, comme si un décorateur d'intérieur avait consacré toute sa carrière à l'ornementer.

Une autre fille ne tarde pas à me rejoindre, me demandant si elle peut occuper l'autre chambre du palier, celle qui donne sur le campus. Son visage poupin m'inspire immédiatement confiance et j'accepte, m'interrogeant sur la nature de ses cheveux : leur blond est-il naturel ou ma nouvelle colocataire est-elle une adepte du synthétique et des colorations ?

Non, Rubis. Ne cède pas à la facilité de l'a priori !

Après tout, jamais une peste n'est restée s'attarder sur moi auparavant – merci la banalité. Je ne vois pas pourquoi ce serait le cas aujourd'hui.

Alix – c'est son nom – se révèle être une pipelette invétérée. Je suis contente d'avoir trouvé une colocataire capable de combler le vide dans les conversations. À peine a-t-elle fini une phrase qu'elle en commence une autre, sans me laisser le temps d'ouvrir la bouche.

Le paradis, en somme.

Avec elle, j'apprends que chaque adulte qui a accompagné un élève jusqu'à l'infirmerie ou aux gradins sera son référent – un professeur principal différent en fonction des étudiants. Madame Jacolot, qui enseigne les Sciences Occultes, constitue donc mon seul lien avec mon groupe de travaux pratiques – TP pour les intimes –, Alix étant placée dans celui de Monsieur Rousseau, le barbu expert en Sortilèges. Je regrette sincèrement que nous ne puissions être camarades dans cette discipline. La journée de demain se serait présentée sous de bien meilleurs auspices...

Notre conversation découle naturellement sur le formulaire que nous devons remplir, à propos des matières qui nous intéressent. Nous en trouvons deux exemplaires sur la commode, accompagnés d'un plan général du campus de Talesia. 

Les questions, elles, sont plutôt classiques

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Les questions, elles, sont plutôt classiques.

Elles portent sur nos préférences concernant les horaires, nos goûts alimentaires... Tout un programme en soi ! En y répondant, j'avoue avoir du mal à en cerner l'objectif. À croire que les dirigeants de cette école aiment se compliquer la vie pour satisfaire celle de leurs élèves. Ils feraient mieux d'embaucher un nouvel illustrateur, oui !

Ce qui m'angoisse davantage, en revanche, c'est l'intégration.

Pas besoin d'être devin pour le savoir : ce sera le tournant décisif, la conséquence finale des récents événements. Soit je reviens à la case départ dans un nouveau lieu – aussi extraordinaire soit-il –, soit je parviens à me construire une vie sociale un tant soit peu acceptable pour une ado de mon âge.

Malheureusement, ce n'est pas à moi d'en décider.

Malheureusement, ce n'est pas à moi d'en décider

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Alix et Rubis arriveront-elles à s'entendre ? 

– 👍

– 👎

Et vous, vous aimeriez vivre en colocation ? 

– Absolument ! 😍

– Pas du tout... 🥵

Que pensez-vous du plan de Talesia ? Je suis archi nulle en illustration donc j'ai galéré à le faire, mais c'est l'intention qui compte, on va dire... 😅

ESMANTIUMWhere stories live. Discover now