Chapitre 1 : La disparition

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Kayna versait distraitement des croquettes dans la gamelle de Wekky, son chat, lorsque son smartphone se mit à vibrer plusieurs fois. Et voilà, c'est parti ! La journée démarre à peine et je n'ai pas le temps de souffler... Elle se servit du café et déverrouilla l'écran du téléphone. Une notification signalait la réception de deux messages.

Le premier venait de sa mère, la jeune fille grimaça en le lisant. Il disait :

Bonjour Kayna, nous irons au restaurant ce soir, je dois te présenter quelqu'un, c'est important. Bien sûr, Thomas sera avec nous. A ce soir, 20h.

Kayna sourit ironiquement, sa mère se montrerait sûrement plus agréable en présence d'un étranger. Néanmoins, son sourire se fit plus doux à la perspective de revoir Thomas, son petit frère. Elle but son café tout en caressant le chat noir, posé à présent sur ses genoux. Wekky était si câlin maintenant, contrairement à l'époque où elle l'avait récupéré de cette affreuse association. Comment une telle structure pouvait encore exister alors qu'elle entassait les chats dans des appartements trop petits et dont l'hygiène laissait à désirer. Wekky avait, par ailleurs, eu besoin de soins d'urgence dès sa première visite chez le vétérinaire... La jeune femme se recouvrit les épaules d'un gilet en laine et se dirigea promptement vers la salle de bain. Devant le miroir, elle entreprit de se nettoyer le visage pour effacer les dernières traces de sommeil et de dénouer ses cheveux. Cette toilette se voulait sans chichi, ce qui la représentait plutôt bien, simple mais un peu négligée.

Elle alla dans sa garde de robe décintrer une chemise blanche et une jupe tailleur. Elle ne prit connaissance du second message qu'au moment d'enfiler sa paire de chaussures Richelieu. Elle blêmit à sa lecture, celui-ci venait de sa responsable qui s'inquiétait du retard de Yann, son collègue. Il devait venir plus tôt pour faire un dernier point avant une présentation capitale pour l'entreprise. Il s'agissait d'un plan marketing pour le dernier produit phare d'une marque connue. Le retard de son collègue était inhabituel d'autant plus que ledit rendez-vous était crucial pour sa carrière, pour les primes, pour l'entreprise et pour pleins d'autres bonnes raisons... Ils avaient travaillé dur, il était donc hors de question que Yann ait raté son réveil. Elle se résigna à passer chez lui avant de se rendre au bureau. Clés en main, prête à sortir, elle répondit à sa mère par l'affirmative d'une part et appela Natasha, sa supérieure hiérarchique d'autre part. Dès la première sonnerie, la voix éraillée de Natasha résonna à travers ses écouteurs :

- Bonjour Kayna, tu as des nouvelles de Yann ? demanda Natasha

- Salut Natasha. Non je n'ai pas cherché à l'appeler, je prends la voiture et je vais passer chez lui, répondit-elle. La voix tendue de la chef ne lui échappa pas, celle-ci était aux abois. Yann avait intérêt à avoir une bonne raison s'il ne voulait pas sérieusement perdre son travail.

- D'accord, tiens-moi au courant. Rien n'est plus urgent que cette présentation, soupira la chef d'un air excédé.  

- Je sais, à toute', dit Kayna pour mettre fin à la conversation.

La jeune femme maudit son collègue et son manque de professionnalisme. Pourtant, ils travaillaient ensemble depuis des années et formaient une bonne équipe. Le jeune homme était doué et passionné mais il avait le goût du risque et du danger. Ces derniers étaient des atouts dans le métier, elle le reconnaissait volontiers, mais à petites doses. Elle espérait qu'il allait bien mais ne put s'empêcher d'avoir un mauvais pressentiment...

Elle se gara près de sa moto. Il semblait ne pas être encore sorti de chez lui. Il habitait dans un petit appartement au rez-de-chaussée. Les lieux ne lui étaient pas inconnus, ils y avaient déjà fêté la signature d'un gros contrat. Lorsqu'elle frappa à la porte, personne ne répondit.

- Yann, tu es là ? Sérieux, ce n'est pas le moment de dormir ! cria-t-elle à travers la porte d'entrée.

Agacée mais néanmoins déterminée, elle s'enquit d'ouvrir la porte en secouant la poignée qui resta, bien entendu, résolument immobile. Elle n'arriverait à rien en s'y prenant de cette manière. Elle fit le tour de l'appartement, il avait la chance d'avoir un jardin privatif à l'arrière. Par chance, une fenêtre était à moitié ouverte.

- Yann, tu me le revaudras... souffla-t-elle, abasourdie par ce qu'elle s'apprêter à faire.

Tant bien que mal, elle s'introduisit à l'intérieur en se contorsionnant. Heureusement que celle-ci était un peu agile. Alors qu'elle aller crier encore une fois son nom... aucun son ne sortit de ses lèvres. Le spectacle sous ses yeux la laissa horrifiée et muette. On aurait dit qu'une tornade était passée dans le salon, tout était sens dessus dessous. Mon Dieu, que s'est-il passé ici... ?

Kayna s'avança plus en avant dans le salon, les jambes tremblantes. Elle s'empara du premier objet qui pourrait lui servir d'arme ; un vase japonais qui devait être assez onéreux. Le salon était vide ainsi que la chambre qui avait subi le même sort. En s'approchant du lit, elle découvrit avec des haut-le-cœur, des traces de sang sur le bord de la table de chevet. Blême, la jeune femme sentant le malaise arriver, se dirigea vers la porte...Soudain, un son aigu brisa le silence de la chambre. Encore sous le choc, elle reconnut néanmoins la sonnerie d'un téléphone. Comme un automate, elle trouva l'appareil sous le lit. Au moment où elle s'en empara, celui-ci se tut. Le téléphone appartenait à Yann, elle reconnaissait sa coque bleu marine. Il avait été témoin, sans aucun doute, d'une lutte acharnée dans cette pièce, comme le suggèrent les tracent de sang et les meubles retournés. Hagarde et de plus en plus terrifiée pour son collègue, Kayna ne savait plus quoi faire...

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