—  Ils sont trop abîmés, il faut que j'aille chez le coiffeur cette semaine.

—  Je t'accompagnerai, rajouta-t-elle.

Je lui fis un petit clin et elle continua son observation, souriante.

—  Ta frange te va encore mieux que quand tu es partie, me dit-elle.

J'étais d'accord avec elle. À présent j'adorais ma frange et je ne me voyais pas sans elle.

Paola continuant son observation, ses yeux divaguant sur mon maillot de bain, puis ils s'arrêtèrent nets et ses sourcils se froncèrent. Elle pointa mon flanc du doigt et releva la tête vers moi.

—  C'est nouveau ça !

Je ne pus m'empêcher de sourire. Oui, c'était bel et bien nouveau. J'hochai vivement la tête. Elle se pencha pour mieux voir mon tatouage.

—  Il est super beau, et je crois que je sais à qui cette phrase est destinée, me lança-t-elle avec un sourire en coin.

Elle me connaissait par cœur et savait très bien à qui j'adressai cette phrase. Je dégageai ma nuque et me retournai pour lui montrer mon second tatouage.

—  Oh ! Il est magnifique !

Je fis volte face pour lui faire un petit clin d'œil.

—  Pao, l'appelais-je.

—  Oui ?

—  Ça te dirait qu'on se fasse tatouer une petite lune sur le poignet ?

Son visage s'illumina et elle acquiesça. La lune a toujours été notre symbole, ou plutôt celui de notre amitié. On adorait toutes les deux, les astres mais la lune reste quelque chose que nous adorons toutes les deux.

—  J'adorerai April.

*

Cela faisait une heure que je discutai avec Paola, de tout et de rien. On s'était racontée notre année, passée loin l'une de l'autre. Je lui avais parlé, d'Ethel et de Matteo, de la surprise qui m'attendait à Paris : la découverte de la double vie de mon père, je lui ai également parlé de mes demis-frères, et de ma relation atypique avec Antoine.

Paola n'avait pu s'empêcher de me demander comment s'était passée mon année avec mon père. Quand je lui avais annoncé que je partais, j'avais vidé mon sac à propos de mon père. Elle s'en était voulue de ne rien avoir remarqué. Pourtant elle ne devait pas, elle devait être fière car c'est en partie grâce à elle que je gardais la tête haute.

Elle m'avait ensuite parlé d'elle, de son année qu'elle a qualifié de merdique. Elle m'avait aussi dit que mon départ avait chamboulé Luc, et beaucoup plus que je ne le croyais. Il s'était beaucoup éloignée d'elle et de Brad et elle n'avait plus de nouvelles de lui. Puis elle m'a parlé de la petite amie de mon frère, qu'elle a déjà rencontré et qui, d'après elle, est superbe.

— Oh mon dieu ! J'ai oublié d'appeler Ethel ! Elle va me tuer !

Paola explosa de rire et me regarda l'air de dire "tu es dans la merde, chérie". Brad nous rejoint et déposa ses bières vides sur le comptoir.

Feels with meWhere stories live. Discover now