— C'est clair ! Il lui lèche les pieds !

— Pas que ! J'ai vu passer des trucs ! je l'informe avec malice.

— Avec toutes tes conneries, on a loupé un chapitre de leur vie sexuelle.

— C'est pas une histoire sexuelle, c'est une histoire d'amour, donc ça m'intéresse plus !

Un pigeon vient se poser à proximité de moi. Je tape du pied pour lui faire peur. Il s'envole aussitôt. Marion fait une grimace et je ne sais pas si c'est en lien avec ce que je lui raconte ou si c'est à cause du volatile. Je récupère mon sac et je bondis sur mes jambes.

— Je sais ! Tu vas où ? me questionne Marion qui vient de se rendre compte que je ne prenais pas la direction de l'arrêt de bus.

— Il faut que tu m'accompagnes à l'infirmerie !

— Tu te sens pas bien ?

— Non !

Comme chaque jeudi soir, j'ai pris l'habitude de rentrer dans la pièce sans frapper. Marion me suit. Elle ne saisit pas très bien ce que je fais. J'imagine la tête qu'elle va faire au moment où elle va le découvrir et cela me fait rire intérieurement.

— Bonjour Tonio !

— Bonjour Mylène, je réponds en faisant la bise à la jeune femme en blouse blanche.

— Tiens, c'est prêt, sourit Mylène en me tendant une poche.

Son clin d'œil surprend Marion qui ne comprend toujours rien.

Notre infirmière est super sexy. Elle vient de terminer son école, et depuis le mois de septembre, je passe régulièrement lui rendre visite. Marion me regarde toujours avec ses yeux écarquillés.

— Merci, j'espère que t'en as mis assez parce que c'est moi qui fournis mes frères, ils n'osent pas venir te demander ! je lui rétorque avec familiarité.

— Tu dois fournir le lycée, car personne ne m'en demande à part toi, réplique Mylène en explosant de rire.

Marion est rouge écarlate en comprenant de quoi il s'agit, elle s'écarte de moi et me fusille du regard.

— Merci Mylène, à jeudi prochain...

— Amusez-vous bien ! nous lance Mylène quand je referme la porte.

— Espèce d'enfoiré !

Marion me frappe violemment dans l'épaule alors que je suis hilare. Elle a si peu de force que je ne me protège même pas.

— Tu te doutais bien que je les récupérais quelque part !

— Je pensais que tu avais braqué une pharmacie ! m'engueule-t-elle.

— J'ai besoin de provisions pour la soirée de samedi ! C'est l'anniversaire de Jimmy !

— Quel mytho ! s'indigne Marion en éclatant de rire. Avec ton mot pour Mégane, tu t'es grillé dans tout le lycée et t'es pas prêt de pécho !

— Je vais être obligé de me rabattre sur toi, alors !

— Va te faire voir.

Samedi soir, nous préparons une énorme fête pour les seize ans de Jimmy. Son père a loué le foyer rural du village, être maire, lui donne quelques avantages.

Tous les lycéens sont réunis. La musique est à fond et Marion est sur la piste avec toutes ses copines de son club de danse. Elle a l'air de passer un bon moment et je ne veux pas la déranger. De mon côté, je suis occupé à autre chose, planqué dans les jardinières de la commune. Accompagné de Dylan, je suis en train de fumer quand une fille s'avance vers nous. Ne sachant de qui il s'agit, Dylan planque son pétard et tend le cou pour l'observer. Nous sommes tous les deux subjugués par l'adolescente qui marche dans notre direction d'un pas décidé.

Elle est carrément canon dans sa petite robe noire près du corps. Ses cheveux blonds relevés en chignon soulignent ses yeux bleus très maquillés.

— Salut Dylan, salut Tonio ! nous lance-t-elle. Jimmy vous cherche !

— Dakota ? je balbutie, surpris de découvrir la demi-sœur de Jimmy métamorphosée depuis l'été dernier.

— Ouais ! me répond-t-elle.

Elle n'a plus ses bagues, ses boutons ont disparu par la même occasion et il semblerait qu'elle n'ait pas de problème pour respirer vu la paire de poumons qu'elle exhibe.

— Putain, t'as changé ! je m'esclaffe en m'étouffant à cause de la fumée que je viens d'inspirer.

— Toi aussi, t'as plus ta tête de sale gosse ! Vous venez ?

— On arrive, réplique Dylan pendant que je dévisage la bombe de quinze ans qui me sourit.

En entrant dans la cuisine, je trouve Jimmy devant le comptoir recouvert de bouteilles d'alcool. Il est en train d'enchaîner les cul-secs avec Ashton, Enzo et Max.

— Dylan, Speed ! Un verre avec nous ! gueule-t-il complètement saoul.

— Si tu veux, rétorque Dylan en attrapant deux gobelets en plastique sur le comptoir.

Il les dispose devant lui, les remplit de vodka Redbull et me tend un verre que Paulo, sorti de je ne sais où m'arrache des mains.

— T'es con ou quoi ! Tu bois pas ça, merdeux !

Je n'ai pas toujours eu la liberté de sortir et d'agir comme je l'entends. C'est assez nouveau pour moi. Mon père a baissé les bras quand ma mère nous a quittés. Alors depuis, Paulo essaie de contrôler mes faits et gestes. Il prend ses fonctions de grand frère à cœur, surtout avec moi. Lui et Max me surveillent à tour de rôle. Ils sont très complices et je me sens souvent mis à l'écart. J'ai le sentiment d'être l'éternel petit dernier... Étant dans la même classe que Max, je trouve ça injuste ! Quand je les suis en soirée, ils sont toujours après moi. Mais je suis plus malin qu'eux, je sais comment les éviter.

— Occupe-toi de Sophie, et fais pas chier ! je rage en sortant de la cuisine pour retrouver Marion, contrarié d'avoir mon frère sur le dos pour la nuit.

C'est ce moment que choisit Mégane pour me rentrer dedans et se pendre à mon cou.

— Tu couches, connard ! me murmure-t-elle.

Puis, elle s'en va en éclatant de rire. Je sens que ça va être une soirée pourrie.

SPEED (Terminé) Tome 1Where stories live. Discover now