La nuit s'est vite écoulée, même si j'ai réussi à faire sortir peu d'énergie, cela m'a quand même épuisée. J'ai dormi de suite, juste après le dîner.

Aujourd'hui, Flame, Pan, Alaska et moi, allons un peu plus loin de notre abri en pleine jungle. Nous nous arrêtons près d'un arbre géant.

― Regarde, dit Pan en posant sa main sur l'arbre. Toutes les espèces vivantes ont leur propre énergie, même si nous ne les voyons pas bouger. Je vais absorber toute l'énergie de cet arbre.

Pan regarde l'arbre, ces iris deviennent verts, c'est la première fois que les voit ainsi. L'arbre perd de sa couleur, les branches pourrissent et les feuilles tombent. L'arbre disparaît laissant des cendres s'envoler dans l'air. Pan se retourne, cette fois, même le blanc de ses yeux brille comme des émeraudes !

― Et voilà comment nous faisons, dit-il.

Il a l'air différent, un regard fier qu'il ne montre jamais. D'habitude il est plutôt introverti. Même Alaska en reste bouche bée, lui demandant s'il va bien.

― On dirait quelqu'un qui a bu de l'alcool, plaisante-t-elle.

Flame rit.

― C'est parce qu'il a absorbé beaucoup d'énergie, il se sent plus fort, plus sûr de lui. Ça entraîne des effets secondaires.

― Oh, on se calme, s'exclame Pan, je ne suis pas saoul ! Je suis plus fort ! Tu veux faire la course Flame ? Tu verras, je vais te battre !

Il disparaît tout d'un coup, nous ne voyons qu'un flou vert avancer puis revenir jusqu'à nous ! Pan réapparaît brusquement et rit.

― Ah, ah, tu vois ? Tu n'as même pas eu le temps de comprendre que la course avait commencé !

― Oui, mon pote, je sais que t'es plus fort que moi, à la course dans cet état ! Mais vaudrait mieux la faire sortir maintenant.

Pan arque un sourcil. Puis il tend sa main, paume ouverte, il fait apparaître une énorme boule verte transparente, puis la plante dans les racines de l'arbre mort. L'arbre repousse encore plus magnifique qu'avant.

― Maintenant à toi ! Tu dois absorber l'énergie de cet arbre. Tu dois te concentrer pour ressentir ces cellules. Toi aussi Alaska.

― Comment ça, moi aussi ?

― Tous les Mastermind sont capables de ressentir l'énergie qui les entoure. Tu ne pourras pas l'absorber mais ça permettra de développer ta force psychologique.

― Sérieux ? rigole Alaska.

― Oui.

Alaska me regarde surprise.

― Faut essayer, lui lancé-je.

Je me place en face d'un arbre et tends ma main. Ça devrait être la même chose que lorsque je pénètre le cerveau d'un animal. Je ferme les yeux et je cherche son fluide de vie. Je sens toutes les particules vertes qui se déplacent le long des racines. Je les absorbe dans ma main, je sens une vague de force envahir mon corps, je me sens bien, invulnérable. Je me tourne vers Flame et les autres et je ris.

― Ça va ? demande Flame.

― Oui, je me sens radieuse.

Il arque un sourcil. J'entends le cri des bêtes.

― T'es sûr ?

― Chut ! dis-je en mettant mon index sur la bouche.

Je m'avance vers la droite. Puis je m'accroupis pour marcher à quatre pattes à travers les plantes aux grosses feuilles vertes et aux bourgeons bleus. Je vois ses yeux jaunes pigmentés d'argent briller au loin, il m'a repéré lui aussi. Je le fixe, même s'il se trouve à quelques mètres de moi, j'arrive à pénétrer son cerveau pour contrôler son esprit.

Je suis face à lui, il est en position d'attaque et rugit, mais je le contrôle, bientôt il s'assied puis s'allonge. Je caresse l'énorme félin. Je me concentre pour lui absorber son énergie. Flame, Pan et Alaska arrivent. Je me retourne vers eux.

― J'ai un nouvel ami.

― Nous voyons ça ! rit Alaska.

Epuisée, la bête s'allonge et s'endort.

― Il faudrait peut-être que tu relâches toute cette énergie, maintenant, suggère Flame.

― J'ai envie de tester quelque chose, dis-je.

― Essayer quoi ? demande Alaska.

― De tuer ces oiseaux, ils sont agaçants.

Je prends mon envol malgré l'interdiction de Flame. Mais c'est trop aigu. Des centaines d'oiseaux carnivores à la queue de scorpions. Là, à plusieurs mètres dans le ciel, près des nuages. Dès que je suis proche d'eux, je me concentre et fais sortir toute l'énergie que j'ai récupérée. Subitement, tout ralentit autour de moi, le bruit fracassant d'une bombe résonne, les oiseaux s'écrasent au sol à cause du déferlement d'énergie qui les touche. Mais moi aussi je m'effondre, encore toute conscience. Oh ciel, je crois juste que je ne peux pas encore bien maîtriser ce pouvoir.

Le ciel s'éloigne de moi à grande vitesse, je sens le vent traverser mon corps. Bientôt je commence à voir les arbres, je me retourne et me cogne contre plusieurs branches avant de tomber au sol. Tout autour de moi, des centaines d'oiseaux inconscients. J'ai mal aux côtes, aux bras, aux fesses, de partout, mais je suis contente. Utiliser ce pouvoir m'a comme libéré d'une cage... une cage dans laquelle j'étais toujours enfermée. Je me sens libre.

― Améthys ? crie Flame.

Je tourne légèrement ma tête vers la gauche. Il se précipite vers moi. Pan et Alaska sont derrière lui, et regardent surpris les volatiles éparpillés.

― Ça va ? demande Flame.

― Oui, je suis juste... je me sens planer. Je ris et je m'assieds.

― Vous savez, il vaudrait mieux ne plus lui faire absorber l'énergie des arbres. Ça a vraiment un effet secondaire, proclame Alaska.

― En tout cas, on aura de quoi faire des appâts pour pêcher les poissons, annonce Pan. Tu les as tous exterminés ! C'était le déluge ! Y'en a même qui sont tombés sur nos têtes !

Flame me prend le bras et m'aide à me relever.

― C'est quoi la suite maintenant ?

Il me regarde et rit.

― T'as vraiment expulsé toute l'énergie que t'a absorbée ?

― Je ne sais pas, je me sens... vidée mais à la fois puissante !

Le fardeau_ Améthys II (TERMINE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant