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Ça va trop loin, je crois. Notre relation prend une dimension complètement folle. Il avait voulu de moi pour que je l'aide à l'éteindre. Pas pour qu'il me serve de garde-malade, de psy ou encore d'assistante sociale. Il a bientôt 21 ans, il se construit un nom dans son monde à lui, je vais pas venir tout foutre en l'air parce que mon passé me poursuit jusque dans l'écran de ma télé.

Putain de soirée Tarantino. Arte n'aurait pas pu diffuser d'abord Kill Bill ?

Mon père nous informe qu'il sort prendre l'air, rejoindre les filles pour embrancher sur la séance de 22h30. Ken et moi restons fixes, l'un à côté de l'autre. Il ne me quitte pas des yeux. Enfin de celui qui n'est pas coqué. Les miens me brûlent.

Comme tout le reste de mon corps. Les cendres qui s'éparpillent dans mon cerveau m'empêchent de réfléchir posément. Tellement peu que je lui dis, en fixant un point sur la façade de l'immeuble en face :

- Ken, va-t-en.

- Putain, Ambre, tu me tèj encore ? Alors que t'as besoin de moi.

- Oui je te tèj. Parce que tu n'as pas besoin de tout ça. Je ne suis pas encore prête...

- Prête à quoi ?

Il passe une main dans sa tignasse en soupirant et ôte sa casquette, qu'il vient poser sur le rebord de la fenêtre.

- A tout ça.

- A tout ça quoi, s'impatiente Ken.

- Toi et moi. Ça peut pas marcher. J'ai trop de plombs qui ont pété dans ma putain de tête ravagée par lui. Un jour ou l'autre, ils te péteront à la gueule.

Il se tait, je continue alors :

- Et je tiens trop à toi pour te faire souffrir à cause de moi. Et ça arrangerait bien Mekra de toute façon, que je te foute la paix. Toute la team, d'ailleurs.

- Dis pas de connerie s'il te plaît. Je sais que parfois je suis con, je traîne derrière moi une réputation de petit mec qui se la raconte et qui serre toutes les meufs. Mais je sais que pour toi, ton cul, ton sourire, tes yeux, je peux me poser. Pour de vrai, j'veux dire.

A l'entente de cette mini-déclaration, je me tais, interdite. Au fond, je ne sais toujours pas qui est vraiment Ken. Un jour, tchatcheur, l'autre loveur. Mais le vrai, sincère. Enfin, je crois. Il m'a eue dans son lit, ou peu importe l'endroit, et il est toujours là. Il m'a rappelée. Et en redemande. Et a l'air suffisamment timbré pour vouloir encore de moi, après tout ce que je lui ai déjà fait subir.

Et moi ? OUI, j'ai besoin de lui, j'ai envie de lui, rien que pour moi. Avec son rap, ses failles, ses flammes, ses gars, Mekra, et ses lèvres. Ses foutues lèvres venues se sceller aux miennes, et qui ne leur donnent pas le choix, autre que celui de se laisser faire.

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Point de vue Ken

Prendre soin d'Ambre ? Moi ? Mais il m'a vu ? Je ne suis même pas capable de prendre soin de moi. Qu'est-ce qu'il croit que je vais arriver avec elle. Surtout que la tâche risque d'être ardue, vu la fracture mentale qu'elle traîne derrière elle.

Uma Thurmann qui tire un rail de coke, et la voilà partie en couilles. Faut pas trop que je la ramène à certaines de mes soirées, elle me buterait.

J'ai flippé sa mère quand je l'ai vu se lever, ouvrir grand la fenêtre. Son père à côté n'a pas bougé d'un iota, comme s'il savait qu'elle ne ferait rien, qu'elle avait souvent ce genre de comportement en sa présence. Putain, mais pourquoi cet enculé a préféré caner ? Comme un putain de lâche. Il a préféré la laisser derrière lui, paumée, défoncée, apeurée. Au point qu'elle a peur de moi. Si elle s'imagine que je serais assez dingue pour lui écraser mon pilon sur sa peau, c'est qu'elle est vraiment atteinte.

De Rock et de FeuWhere stories live. Discover now