Douze

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Des frissons parcourant mon corps me réveillent. Julien est en train de passer sa main délicatement dans mes cheveux alors que je dormais encore. Je me rends compte soudain en ouvrant les yeux et en apercevant les vêtements éparpillés au sol de la situation dans laquelle je me trouve. Les événements de la veille me reviennent en pleine figure.
Julien : "Tu as bien dormi ?"
Je lui réponds d'un signe de tête léger, encore sous l'anesthésie de mes souvenirs. Je ne sais même plus si j'ai fais une connerie. Je verrai ça plus tard, c'est fait c'est fait, on a qu'une vie. Je me lève assez difficilement. Mon ventre devient de plus en plus lourd à supporter.
Julien me propose un petit déjeuner au lit tandis que je m'habille de mon haut froissé sur lequel il y a écrit "youth" et mon jean. Je refuse son offre. Je pretexte une migraine pour pouvoir m'en aller d'ici et réfléchir. Je ne peux pas me lancer dans une relation comme ça, du jour au lendemain à cause d'un "je t'aime"...
Je lui promets donc de lui donner de mes nouvelles et juste avant de partir je ne peux m'empêcher de joindre une dernière fois mes lèvres aux siennes, ce qui a pour effet de le laisser complètement abasourdi.
Dans le couloir menant à ma chambre un grand sourire orne mon visage mais je ne sais pas si c'est dû à ma peut-être future relation avec Julien ou simplement le fait de l'avoir surpris. Je n'en sais rien mais cette sensation apporte à ma vie beaucoup plus de sens qu'avant.

***

Quelques heures sont passées.
Je me suis reposée de ma fausse migraine, buvant une tisane et étant affalée sur mon lit peu confortable.
Est-ce que je dois vraiment répondre au sms de Lucas ? Car oui, il m'a envoyé un message pour prendre de mes nouvelles. Je brûle d'envie de lui répondre. Rien ne me retiens et après tout c'est mon meilleur ami. J'attrape mon téléphone posé sur la table de nuit d'un geste vif. Je lui ai répondu que j'allais bien et que j'avais envie de le revoir. Je n'ai pas pû m'en empêcher... Oups.
Pour ce qui est de Julien, je m'interroge encore. Je pense que je tiens beaucoup à lui maintenant, il m'a aidé à remonter la pente, mais je ne crois pas à de l'amour. Mais j'ai fais une belle bêtise à lui faire espérer... Mon Dieu que je regrette... Ce n'était qu'une attirance physique mêlée d'un bon feeling et de désespérance. Je ne sais pas comment je vais m'en sortir maintenant. Bravo Aglae, bravo.
Mon portable se met à vibrer dans mes mains, ce qui me ramène vite à la réalité. Quoi ? C'est Lucas qui m'appelle ? Mais je ne suis pas prête !
Presque automatiquement mais au bout de quelques sonneries, je décroche.
Moi : "A-allo ?"
Lucas : "Coucou comment tu vas ? Ça te dirait qu'on se voit en fin d'après-midi pour boire un verre ?"
Moi : "Je vais bien et toi ? Hm, oui pourquoi pas, cela fait un moment que l'on ne s'est pas vus. Vers quelle heure ?"
Lucas : "17 heures te conviendrais ? Devant le parc en centre ville ? On ira à pied ensemble."
Moi : "Ça marche on fait comme ça."
Lucas : "Super ! Alors à toute."
Moi : "Oui à toute."
Il raccroche. Cette fois-ci, contrairement à ce matin, je connais la raison de mon sourire. C'est bel et bien Lucas. J'ai vraiment hâte de le voir !

***

16h23.
Les heures sont passées mais finalement, je me sens nauséeuse depuis une demi-heure. Ça promet d'être sympathique ce rendez-vous. Je crois qu'avoir prétexté une migraine n'était pas une bonne idée, la vie a voulu me punir et voilà que je  me sens vraiment mal.
Où sont passés mes médocs ? Je fouille mon sac, ma table de nuit, mon armoire, toute ma chambre, les pilules restent introuvables. Génial, décidement c'est la chance qui m'envahit en ce moment. Tant pis, je vais passer à la pharmacie avant de voir Lucas, en espérant que cela ira mieux.
Arrivée dans la rue, ne me sentant toujours pas bien, je décide de marcher, de peur que le trajet en bus me fasse vomir. La route n'est pas très longue et ne fait pas trop froid, c'est la meilleure solution. J'attrape mes écouteurs au fond de la poche de mon manteau et enclenche la musique. I need motivation.
Au fil de mes pas et du rythme de la chanson j'atteins presque mon but et me retrouve dans la rue face à la pharmacie principale de Lyon. Je me mets tranquillement à traverser, sûre de moi sur le passage piéton quand j'aperçois à ma droite une voiture arriver tout droit sur moi. Je n'ai pas le temps de réagir et d'entendre le klaxon retentir que la masse sombre me percute violemment. Mon corps s'écrase sur le sol, j'entends les cris étouffés des passants quand je me sens partir, inconsciente.

LUCAS

J'étais parti en avance pour ce rendez-vous avec Aglae, qui me manquait terriblement, afin de m'aérer l'esprit et de me détendre.
Quand par hasard j'ai vu sa silhouette au loin se diriger vers la pharmacie, mon coeur a bondit. J'étais surpris et en même temps impatient. Je l'observais au loin, un sourire timide ornant mes lèvres.
Et là le choc. Je n'ai pas eu le temps de réagir qu'une voiture est arrivée très vite sur la route, Aglae étant en train de traverser. Elle ne semblait ni l'avoir vue, ni entendue. Je ne pouvais rien faire pour arrêter le destin. J'étais trop loin. Lorsque la voiture a renversé son corps fragile, mon coeur s'est brisé. Un sentiment d'impuissance m'a envahit et je me suis précipité en courant jusqu'à elle. Inconsciente. Un flot de larmes brouillait ma vue. L'ambulance était déjà en train d'arriver.

Juste un peu d'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant