Onze

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Je respire fort. Trop fort. Je n'arrive plus à me calmer. Je dois faire une crise d'angoisse. Mais pourquoi ?
Je suffoque. Mes mains aggripent violemment le drap de mon lit. Les battements irréguliers de mon coeur me font peur. Je pense que je n'aurai pas dû faire ça. Pas du tout. Mais merde à la fin, je ne peux plus vivre ou quoi ?
Je me lève difficilement, il faut que je reprenne mes esprits, c'est indispensable. Et si je déclenchais des contractions ?
Je me dépêche d'aller jusqu'à la salle de bain et allume l'eau. Je règle la température sur le froid, enlève mes chaussures et me glisse dans la baignoire. Le jet d'eau sur mon visage me surprend tellement il est glacial mais il m'aide à retrouver le calme pendant quelques minutes.
J'ai du bien rester dans l'eau au moins une bonne demi-heure, à asperger mon corps et ma tête régulièrement.

***

Je me suis changée, mes vêtements étant trempés, et me suis glissée dans mon lit. Depuis que je me suis enfuie de la chambre de Julien, mon portable n'arrête pas de sonner. Il veut comprendre ce qu'il se passe.
Mais même moi, je ne sais pas.
J'attrape mon téléphone tombé sur le sol dans la précipitation et le mets en silencieux. Une bonne chose de faite !
Ferme, ferme tes yeux.
Oublie ces choses.
Je n'arrête pas de me retourner dans mon lit, le sommeil ne veut pas venir. Pourtant j'en ai besoin. Morphée, pourquoi est-ce que tu ne viens pas me chercher ?
La scène se répète sans arrêts dans ma tête. Comme un film. Ce baiser. Son toucher.
Et au plus profond de moi, je sais que ma fuite était à contrecoeur. Parce que je pense que je voudrai m'abandonner à lui et à son corps.
Comme un désir incontrôlable.
Ai-je envie seulement de baisers ? Ai-je envie de son amour ? Cette envie est-elle due au fait que je sois tombée amoureuse de lui ou à tout autre chose ? Je suis perdue.
Dois-je me lancer dans une relation avec cet homme ? Pour quelles raisons ?

3h26.
Je reste bête quand je m'aperçois de l'heure tardive. Je n'ai toujours pas dormi une seule minute.
Pour la deuxième fois de la soirée, je craque et allume mon portable. Je dois lui répondre, je ne peux pas le laisser comme ça. C'est trop cruel. Il doit être tellement mal.
Je fais défiler tous ses messages. Julien m'en a laissé huit ! Mes yeux lisent tout ce qu'il y a d'écrit.
Il se confond en excuse, m'explique qu'il s'en veut d'avoir fait ça, qu'il ferai tout pour se faire pardonner.
Ses mots me font monter les larmes aux coins de mes yeux.
C'est moi qui suis la cause de tout ce bordel.
Je lui réponds donc que c'est moi qui m'excuse, que tout est de ma faute et que je ne lui en veux pas.
Une fois envoyé ce message, j'ai le sentiment qu'il manque quelque chose.
Mes doigts commencent donc à taper un nouveau sms. Tous seuls. Je ne me rends pas compte de ce que j'écris et m'endors sur mon téléphone.

LUCAS

Attendre qu'Aglae accepte de me reparler est une torture. Je me demande comment elle va. Je veux de ses nouvelles. J'ai enfin compris mes réactions. Ça crève les yeux depuis trop longtemps maintenant. Impossible à cacher désormais.
Je suis amoureux d'elle. De ma meilleure amie. Je pensais avoir tourné la page mais depuis qu'elle est revenue dans ma vie par surprise, elle a foutu en l'air mon équilibre.
Mais jamais ça ne sera possible entre nous. Je ne suis pas fait pour elle. J'ai trop peur de la blesser. De briser son coeur.
C'est un poid trop lourd à porter, même si je suis sur que cet amour ne sera pas réciproque, il est indispensable que je lui dise la vérité.
Pour ne rien lui cacher et me soulager.
Encore faut-il qu'elle se décide à me reparler.
Je tape un petit message pour voir si je peux tenter de la voir. Il faut que je lui dise. Absolument tout depuis le début.

AGLAE

La lumière sur mon visage me réveille en douceur.
La vache il est 13 heures, heureusement qu'on est dimanche ! Je m'adosse comme j'en ai l'habitude sur le mur de ma chambre, encore assise sur mon lit et constate que j'ai de nombreux messages, dont un de Lucas. Tiens, il refait signe de vie celui-là. En même temps, c'est un peu moi qui l'ai laissé mais bon.
Je lirais tout ça plus tard. Pour le moment j'ai faim.

***

Je n'ai pas croisé Julien ce matin. Tant mieux, j'aurai été beaucoup trop mal à l'aise.
Confortablement installée dans un fauteuil de la bibliothèque, je m'apprête à lire mes sms. Enfin !
Je représente bien la nouvelle génération et cette pensée me fait sourire : je suis dans un endroit destiné à la lecture de livre alors que moi je suis en train de lire sur un engin technologique.
Tant pis. Je commence par Julien.
Mon coeur rate un battement. Je viens de me rendre compte de ce que je lui ai répondu malgré moi la veille.
"Finalement, cette soirée était plutôt plaisante, tu me manques" voilà ce que j'ai marqué. Mais pourquoi est-ce que j'ai fait ça encore ?
Le pire c'est la réponse de l'intérressé. "Ah bon ? Tant mieux alors... À refaire". Ce gars me rend dingue. Il réveille en moi un désir fou qui ne fait qu'accroître de jours en jours.
A refaire.
Mais il n'y a aucun soucis Julien...
Je lui réponds que j'aimerai le voir ce soir. Je ne sais pas encore ce que j'ai l'intention de faire. Mais sûrement pas des choses raisonnables.
Lucas maintenant.
Il me dit qu'il a besoin de me voir et que c'est important. Il n'a pas l'air bien. Je ne vais pas le laisser comme ça. Et puis j'ai envie de le voir. Il me manque en fait. Je crois. Est-ce que moi je lui manque ?
Je me demande bien ce qu'il veut me dire, je pense que ça le préocuppe. Je lui propose donc de se voir demain et en attendant une réponse range mon portable.

***

J'ai mangé avec Julien ce soir, comme d'habitude. Il m'a ramené mes photos que j'avais laissées dans sa chambre hier et m'a rejoint dans la mienne.
Nous discutons, longuement.
Cet instant de gêne que nous avons vécu quand nous nous sommes revus après cette soirée osée n'a pas duré. Nous avons vite retrouvé nos marques ensembles, riant pour tout et pour rien.
J'ai encore envie que nos corps se touchent. Je me rapproche timidement de lui. Il passe sa main autour de mes épaules et me souris.
Qu'il est beau. On en mangerai.
À cet instant, la chaleur de son souffle sur mes joues me rassure. Je suis bien auprès de lui.
Mais cette fois, c'est lui qui se laisse aller.
Julien vient tout à coup d'écraser ses lèvres brûlantes sur les miennes. Surprise, je tente de garder le contrôle de moi-même. J'intensifie notre baiser, l'attente fut bien trop longue. Ses mains prennent mon visage en coupe et les miennes viennent autour de sa nuque.
La boule de désir à l'intérieur de moi est sur le point d'exploser. Et aujourd'hui elle ne se transformera pas en crise d'angoisse, c'est terminé.
Pour lui signifier que je ne vais pas réitérer mes actes de la veille, je détache mes mains de son cou pour venir soulever sa fine chemise blanche, que j'enlève. Il reprend confiance et me retire à son tour mon haut. Nos lèvres se chahutent de plus en plus et je décide de laisser entrer sa langue dans ma bouche.
J'ai trop envie de lui. Je n'en peux plus, je suis en sueur. Il m'embrasse tout le corps de ses lèvres douces, ce qui me provoque un grognement car il laisse en suspens notre baiser. C'est frustrant. Je me lève pour lui montrer que je ne suis pas satisfaite et il m'attrape pour m'installer sur le lit. Nous continuons de nous déshabiller, sûrs de notre envie l'un pour l'autre.
Après nos ébats dans ma propre chambre, je suis fatiguée. Julien commence à se rhabiller tout en me souriant. Nous n'avons pas échangé un mot depuis qu'il a goûté pour la deuxième fois à mes lèvres. Je me mets à bouder, je ne veux pas dormir seule aprés cette soirée ma foi plutôt plaisante. Il comprend ce que je veux et se rallonge donc avec moi.
Son souffle chaud contre ma nuque, ses bras autour de moi, son corps collé au mien. J'ai enfin pû réaliser ce qui me hantait depuis des jours. Je suis bien.
Julien : "Je t'aime."
Quoi ? Je ne m'y attendais pas. Je me mors la langue pour ne pas montrer mon étonnement. Il m'aime ? Vraiment ? Mais je ne suis pas sûre d'être amoureuse de lui, moi !
Je ne veux pas gâcher cette merveilleuse soirée, pas comme hier. Ne sachant pas ce que je fais, je lui réponds donc.
Moi : "M...Moi aussi."
Ai-je encore fait une connerie ? Je n'en sais rien.
Je m'endors paisiblement, la présence de cet homme à mes côtés me rassurant.
Amour ?

Juste un peu d'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant