- C'était quoi la question de base, demande doucement Marina.

- Qui pourrait avoir deux meufs en même temps.

- Aïe...

- Tu l'as dit.

- Je veux pas te faire peur, mais si j'ai bien compris, Ken est plus un coureur de jupons qu'un mec qui se pose. Je sais pas ce que tu cherches, ce que tu attends de lui, mais si au bout de quatre jours, tu en es déjà à te demander si t'es la seule, la suite risque d'être pas terrible.

- Ouais, c'est clair. Je sais pas vraiment ce que j'ai envie avec lui, parce que je sais pas du tout ce qu'il a m'offrir. Moi, non plus en vérité.

- Parle-en avec lui, c'est ce qu'il y a de mieux...

Et de plus difficile, crois-moi. On écrase à l'unisson nos clopes avant de retourner au salon avec les autres qui ont enfin stoppé leur partie de « qui pourrait » débile. Je cherche des yeux Ken, mais pas de casquette à l'envers relevée sur le crâne, ni de sourire, ni de lunettes masquant un coquard.

Je m'assieds à côté de Flav, qui papote musique avec Louis, pendant que Mekra me fixe de ses yeux noirs et presque mesquins. Il se lève, passe derrière moi et me glisse à l'oreille :

- Je t'avais prévenue l'Ambrée. Mon reuf s'est barré à cause de toi. Comme un dingue. J'aime pas ça. Mets les choses au clair avec lui, avant que je m'en charge moi-même.

Je soupire en laissant gonfler mes joues avant de les libérer de l'air contenu en elles. Tout le monde m'embrouille. Avec leur conseil, leur menace, leur question crétine dont je m'en serais bien passée. Si j'étais pas la seule, finalement, la maintenant de suite, qu'est-ce que je dois faire ?

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Point de vue Ken

Cette meuf est vraiment en train de me rendre barje. Depuis quand je laisse en plan mes frères pour une go à une soirée ? Putain, je pars vraiment en couilles là. Pour une meuf qui fait bien plus qu'occuper simplement mon pieu le temps d'une nuit.

C'est là le problème. Après Suga, je m'étais promis de ne plus jamais me faire avoir par toute cette merde de sentiments dégoulinants que je laisse aux autres. Mais non, il a fallu que je m'accroche à elle comme une putain de sangsue.

C'était cool, depuis qu'on s'était retrouvés après ses trois mois de silence pourri. J'avais même réussi à la convaincre de dormir avec moi. Et son Bob a cané. Son espèce d'héros qu'elle chérissait tant et dont sa foutue mort lui a fait péter ses derniers boulons. Comme si elle n'avait pas eu assez à faire avec la mort de l'autre connard de camé.

Ambre est fragile, mais à fond, et sa mort à l'autre gros me l'a fragilisé encore plus. Mais je dois toujours autant la sous-estimer. Hier soir, quand j'ai compris que j'arriverais enfin à mes fins avec elle, je n'y croyais pas. Pourtant son cœur palpitait, son souffle trahissait son excitation et ses mains baladeuses m'ont mises la puce à l'oreille. Je n'avais plus qu'à, et l'affaire était dans le sac. La prendre sur ce bureau m'a mis littéralement en orbite, jamais je ne m'étais senti aussi bien juste après avoir baisé. Elle s'est débarrassé de moi, devant chez elle, et c'est parti en couilles. Je suis devenu dingue.

Même la marche dans Paname et le long des Quais n'a pas eu l'effet habituel sur moi et mes nerfs en vrac. Je me suis retrouvé dans un bar à me siffler des bières, comme un vieil alcoolo, à me demander pourquoi je réagissais de cette manière. Baiser me donnait habituellement le smile et l'envie de terminer la nuit par un gros pétard. Mais pour une fois, je n'ai pas réussi à sentir cette euphorie en moi, juste une sorte de vide profond bouffant mes entrailles.

De Rock et de FeuWhere stories live. Discover now