Chapitre 6 : jeunesse déçue

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- Pour quoi faire ?

- Une famille est dans son bureau. Je crois qu'ils veulent t'adopter.

Christophe perdit à son tour son air enjoué. Il avait conscience de sa chance. Intégrer une nouvelle famille, avoir une nouvelle chance, c'était tout ce dont peut rêver un orphelin. Pourtant, depuis la disparition des sœurs, il ne voulait pas que cela se produise. Pas avant de les avoir revues, une dernière fois. Il ignorait où la famille aller l'emmener. Peut-être loin de la capitale, loin de ses rues familières, loin d'elles. L'enfant rejoint la surveillante en traînant les pieds. Peter lui adressa un timide sourire et une tape amicale sur l'épaule. Il connaissait les doutes de son ami. Il le laissa devant la porte en bois où l'écriteau indiquait le nom de son occupante. Il soupira à nouveau avant d'enclencher la poignée.

Deux pairs d'yeux inconnus se tournèrent vers lui. Le couple se leva, suivit par Yvonne. La surveillante affichait un sourire heureux de pouvoir accorder une famille à l'une de ses protégées. Mais ce dernier sembla réticent et voulut garder ses distances. Madame Ursule fronça les sourcils, prêts à le réprimander pour son mauvais comportement. Toutefois, elle fut prise de court par la jeune femme. Elle s'accroupit pour se mettre à sa hauteur. Ses prunelles s'émerveillaient, déjà toucher par l'insouciance de cet enfant.

- Ne crains rien. On ne te veut pas de mal.

- C'est vous qui voulez m'adopter ? demanda-t-il, naïvement.

- Oui, c'est ça. Je me nomme Bulda. Et voici mon mari, Cliff.

- Nous sommes ravis de faire ta connaissance Christophe. Intervint le mari.

- Vous êtes toujours sûr de votre choix ? intervint la surveillante, impatiente.

- Certains.

- Alors, je vous invite à venir signer les papiers. Christophe, va rassembler tes affaires. Tu pars dans une heure.

Il acquiesça avant de sortir du bureau pour rejoindre le dortoir où il a vécu les 12 premières années de sa vie. Il sortit sa petite valise de sous son lit, la remplissant du peu d'effet qu'il avait en sa possession. Quelques vêtements, des livres de classe et un vieil ourson en peluche qu'il avait toujours depuis son plus jeune âge. Il ajouta aussi l'unique photo qu'il avait pu avoir de ses parents décédés. Puis, il se rassura en tâtant sa poche. Le médaillon s'y trouvait toujours.

Il rejoignit le hall d'entrée, valise en main. Le couple l'attendait. En les voyant, debout, il put remarquer leur style bohème. L'homme portait un collier en pierre bleue et la femme en pierre rose. Leurs bijoux l'intriguaient. Il se tourna rapidement vers ses amis. Il avait du mal à leur dire au revoir. Christophe n'aimait pas cela. Il voulait continuellement garder l'espérance qu'il les reverra, un jour ou l'autre. Il effectua une dernière accolade à Peter, puis il franchit la porte de sortie, entouré par ses nouveaux parents. Ces derniers remarquèrent son regard triste qui n'ose pas croiser le leur. Le silence régna entre eux jusqu'à ce que la jeune femme prenne l'initiative de le briser.

- Écoute, Christophe. Je voulais t'expliquer que tu intègres une grande famille.

- Comment ça ?

- On vit en communauté, sur les routes de France en tirant nos roulottes. Nous sommes bien une bonne vingtaine.

- Comme le cirque ?

- C'est un peu ça.

L'enfant se stoppa face à l'arrêt du couple. Une plaine apparaît sous ses yeux malgré qu'il ne soit pas totalement sorti de la capitale. De la vie grouillée autour des maisons sur roue. Certains nourrissaient et entretenaient les chevaux, des femmes essoraient le linge. Des enfants leur courraient autour. Un vieil homme, sûrement le patriarche, racontait des histoires aux plus petits. Christophe remarqua que chacun portait le même collier en pierre que ses parents d'adoption. Bleu pour les hommes et rose pour les femmes. Son nouveau paternel posa une main dans le dos de l'enfant pour le rassurer.

La Force de t'aimerWhere stories live. Discover now