Chapitre 1 : Paris, 1932.

En başından başla
                                    

L'adolescente reprit sa respiration avant de pénétrer dans les coulisses de ce grand cabaret. Elle se rua dans les loges des danseuses. D'une main tremblante, elle ouvrit son casier en bois pour en sortir ses quelques affaires. Elle empoigna la tenue en jupon rose et violet qui est accroché sur l'un des cintres.

- Tu es en retard Raiponce !

La blondinette se retourna pour croiser la chef et chorégraphe. Sa popularité lui était due à sa particularité de danser avec des pantoufles de verre. Tout le monde connaissait son vrai nom, Cindy, mais chacun la nomme Cinderella, son nom de scène. Tout comme sa chef et les autres danseuses de la troupe, Alice portait un nom de scène par lequel tout le monde la nommait : Raiponce. Elle devait ce nom à sa longue chevelure. Alice aimait ça. Avoir une double identité avait un côté excitant.

- Excusez-moi... Dame Gothel donnait une réception qui s'est éternisée. S'expliqua-t-elle.

- Je ne veux pas le savoir. Cracha-t-elle, elle poursuit en s'approchant de sa protégée d'un regard ferme. Écoute Raip', je t'ai prise sous mon aile en connaissant ta situation. Tu es talentueuse comme danseuse, mais il faudrait que tu respectes l'unique chose que je te demande : être à l'heure.

- Je sais oui... Excusez-moi. Bafouilla-t-elle en baissant les yeux.

- Tu resteras plus longtemps que les autres pour faire des heures de service de table.

Alice acquiesçait, n'ayant pas le choix si elle voulait poursuivre son rêve. L'adolescente voulait devenir ballerine à l'Opéra de Paris. Passionnée de danse, elle a toujours voulu réaliser son unique ambition d'en faire son métier. Malheureusement, Gothel ne l'acceptait pas, ne voulant pas en entendre parler. Alors Alice s'était contentée de cette double identité, de ce secret qui l'obligeait à fuguer en secret chaque nuit. La blondinette soupira. Être danseuse de cabaret n'était pas réellement son but, mais elle se contentait de ce qu'elle avait.

Être ouvrier n'était pas non plus le but principal de la vie de Jakob Noelson

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Être ouvrier n'était pas non plus le but principal de la vie de Jakob Noelson. Il était un jeune adulte de 18 ans venant d'Islande. Comme beaucoup d'étrangers à cette époque, il était venu dans l'hexagone dans l'espoir d'y trouver un meilleur avenir. Le gouvernement acceptait l'arrivée de ses expatriés afin de pouvoir reconstruire le pays. Cependant, il fut déçu de constater que le seul travail qui lui était possible d'accéder, est d'être l'un des maillons des chaînes de construction dans les engins mécaniques du chemin de fer. Il était 5 h 32 du matin quand il sortit de son logis afin d'entamer sa première journée de travail. Il réajusta le col de sa blouse bleu marine qui met en valeur ses prunelles couleur glace. Il réajusta sa sacoche en cuir marron autour de sa taille. Il sursauta en sentant une main déposer une casquette de travailleur sur sa chevelure brune, aplatissant ses mèches rebelles.

- N'oublie pas le principal ! Ricane une voix masculine.

Le jeune expatrié se retourna vers son colocataire. Ses mèches brunes retombaient en bataille sur son front alors que ses prunelles chocolat rieur scrutaient le plus jeune. De deux ans, son aînée, Harold Haddock était comme un grand frère pour Jakob. Ce dernier était complètement perdu avant qu'il débarque dans sa vie. Il l'avait pris sous son aile, se liant d'amitié avec celui qui deviendra son colocataire et collègue de travail. Le jeune homme était maigrichon, les traits usés par la vie en usine où il y travaille depuis ses 14 ans. Une cigarette entre les lèvres, Harold réajuste à son tour sa casquette de travail avant de refermer la porte de leur logement. C'était une petite maison pleine pied située dans les quartiers moyennement sombres et pauvres.

L'isolement n'était pas impeccable, la vieille peinture jaunissait et craquelait sur les murs. Leurs pauvres meubles en bois dataient du siècle dernier. Pourtant, le feu de cheminée dans l'habitacle rendait une atmosphère chaleureuse. Les deux jeunes hommes se contentaient des 6 pièces que leurs maigres salaires leur permettent d'avoir, heureux d'avoir un toit solide sur la tête. Harold se retourna vers son acolyte en soupirant. Il se força à afficher un sourire jovial pour ne pas plomber ce début de semaine.

- Prêt pour 40 heures de travail ?

- Quand il faut y aller...

- Ne t'inquiète pas. Je te promets que la situation économique ne sera pas toujours comme ça. On va se battre !

Les paroles de son aînée étirèrent légèrement les lèvres gercées par le froid du jeune islandais. Harold était d'une nature optimiste. Il voulait que la classe ouvrière ait de meilleures conditions de travail, que justice leur soit rendue. C'était pour cette raison qu'il est souvent présent lors des manifestations et des grèves ouvrières. Jakob aimerait partager ses ambitions. Mais malheureusement, il avait déjà fait ce rêve de croire en un avenir meilleur, sans avoir de réelle satisfaction de voir ce rêve se réaliser.

Une part de la population française de cette époque pensait comme lui, ne voulant plus croire que la situation pouvait s'améliorer. Pourtant, une minorité de personnes croyaient encore en la possibilité que les choses évoluent favorablement. C'était le cas d'une petite fille de la rue. Du haut de ses 10 ans, elle était livrée à elle-même, ou presque. Ses paupières s'ouvrirent pour laisser entrevoir ses prunelles couleur émeraude. Ses doigts amaigris frottèrent son visage pour l'aider à s'éveiller. Comme la plupart de ses nuits, elle avait mal dormi, à même le sol dans un coin d'une ruelle. Elle ne se plaignait pas, préférant garder ses ressentiments au fond d'elle. L'enfant leva les yeux vers le ciel qui prit des couleurs orangées en ce début de matinée.

Brusquement, une porte en bois grinça, la faisant sursauter. Elle redressa son visage encadré par deux nattes rousses. Elle épousseta l'unique jupon vert pomme, partiellement arracher, qui couvrait péniblement son corps maigri. L'enfant eut un regard illuminé pour la première fois de la journée en croisant la silhouette qui vient de sortir de la maison. Une jeune fille réajustait péniblement son jupon noir et son corset violet. Elle rassembla ses cheveux blonds en une tresse sur le côté. Ses yeux bleus croisèrent finalement le regard verdoyant de la petite.

- Elsa !! Se rua l'enfant dans les bras de l'adolescente.

- Anne, je t'ai déjà dit de m'appeler Elizabeth.

- Non, pour moi, tu es Elsa. Marmonnait la plus jeune.

L'adolescente sourit au surnom qu'avait pris l'habitude de lui donner sa petite sœur. Les sœurs Darendelle avaient plus de nobles que leurs noms. Leurs parents les avaient laissés sans un sou à leur mort, déçus par la guerre. À 16 ans, Elizabeth tentait de subvenir aux besoins de la plus jeune, préférant mettre sa dignité de jeune fille de côté. Le chômage du pays et le manque d'expérience professionnel dû à sa précédente condition les laissaient sans source de revenus. Elle était donc obligée de se retourner vers un emploi dont elle était peu fière.

Elle aurait aimé ne pas avoir à en arriver là, mais donner son corps était actuellement son seul moyen de les maintenir en vie. Elizabeth s'habituait à devoir être rabaissée dans son écho, étant insulté et mal juger chaque jour de son existence. Le regard baissé, elle laissait couler. Elle ne prenait aucun plaisir à faire ce qu'elle faisait. Toutefois, elle ne pouvait faire autrement afin d'assurer la survie de sa sœur.

Anne Darendelle réalisait les efforts que faisait son aînée Elizabeth, Elsa pour les intimes. Elle était son unique repaire dans les bas-fonds des rues de Paris. Elle avait conscience de la nature du travail de sa sœur. Pourtant, afin de la protéger, Elizabeth préféra la laisser dormir à l'écart, le temps qu'elle doit remplir sa mission. La jeune enfant tenait la main de la plus âgée. Leurs bottines usagées laissaient des traces dans la neige, unique preuve de leur passage. L'adolescente avait donné son châle et ses mitaines en laine, aux motifs norvégiens que lui avait tricotés leur mère, pour les passer sur la peau frêle de la plus jeune afin qu'elle ne prenne pas froid.

Elizabeth était ainsi, avec un grand sens du devoir et du sacrifice. Elle était prête à se mettre de côté, voir même en danger, pour protéger Anne. La petite fratrie regagna leur logis aux alentours de 6 heures du matin. C'était un taudis. Un ancien corps de ferme abandonnée qui manquait cruellement de chaleur. Sur un vieux matelas à même le sol, Anne tenta de rattraper son sommeil en retard alors que l'aînée voulut allumer un feu pour y faire réchauffer quelques morceaux de viande et de pomme de terre, récupérer sur les étalages des marchés.

Elizabeth soupirait en fixant les pauvres flammes qui dansent devant ses yeux. Elle repensait à la crise qui touche le monde, la France. Espérant que le déséquilibre ne durera pas. Elle ferma brièvement ses paupières, essayant de se souvenir de l'insouciance de sa vie d'avant.

La Force de t'aimerHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin