Chapitre X - ... complètement folle et malheureusement pas de moi

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Ce matin-là, on quitta l'auberge de jeunesse pour passer deux nuits dans la forêt.

Avant l'exil définitif des fées, elles vivaient nombreuses parmi les humains, mais en cachant leur nature.

La forêt de Brocéliande était un de leur territoire et cet endroit en a gardé des traces, que se soit dans l'air chargé de magie féerique, ou dans des passages vers leurs mondes. Même un humain normal, s'il savait où voir, pourrait les remarquer.

Nous on n'avait pas besoin de chercher, on avait des professeurs pour nous guider. Bien sur, un sort d'isolement nous entourait, pour que les humains ne nous remarquent pas.

Ce soir-là, on joua à dresser des tentes et manger autour d'un feu de camp.

On devait faire des groupes de cinq au maximum et on pouvait être mixte cette fois pour dormir. Je pensais donc passer la nuit avec mes amis et Camille. Mais encore une fois, mon amie vampire ne nous laissa pas dormir.

On avait commencé par se réunir dans le noir à se raconter des histoires terrifiantes, ce que détestait Nicolas. Mais je dois avouer, qu'après toutes ces histoires de revenants et Dame blanche, je ne fus pas non plus très rassuré par la quiétude de la forêt. Il y régnait un silence pas si silencieux, puisqu'on percevait le bruit d'animaux autour de nous.

Je n'arrivais donc pas à dormir, chaque bruit me faisant sursauter. Et la présence de Kaïa me dérangeait. Et si je ronflais aussi fort que Camille, ou lui avouait mon amour dans une crise de somnambulisme ? Pas que je le sois, en tout cas si c'était le cas, je l'ignorais.

Je fus donc soulagé quand elle nous houspilla d'un « pst » assez discret.

- Quoi encore ! râla Nicolas.

- Si on sortait.

Avant que l'un de nous puisse protester elle précisa :

- Non attendez ! Si on sortait dans le monde extérieur.

Il n'y eut alors plus aucune protestation tant la proposition était alléchante.

Le monde extérieur était pour nous un monde mystérieux, attirant, qui nous faisait rêver. On le connaissait si peu, alors qu'on ne voyait que lui dans les médias. C'était l'endroit dont on venait, mais dont on avait tout oublié. Ou plutôt, le souvenir qu'on en avait gardé était totalement désuet.

On accepta tous, mais pas question d'y aller en pyjamas. On s'habilla, avec la magie, pour éviter de se déshabiller devant les autres. Et quand on eut tous remonté les fermetures éclaires de nos vestes, on sortit. Mais Nicolas se mit à luire dès qu'il franchit un pied hors de la tente.

- Désolé, s'excusa-t-il.

Il n'y pouvait rien le pauvre. Surtout qu'ici, la magie des fées était très forte. Mais on risquait d'être vu par nos professeurs. Kaïa nous transporta alors en plein cœur de la forêt. Là où Nicolas pouvait scintiller sans être aperçu.

- Par où on va ? interrogea Camille excitée.

La vampire nous guida avec son « instinct ». C'est en tout cas ce qu'elle prétendait. Surtout qu'elle nous confia qu'il était assez défaillant. Et puis qu'est-ce qu'elle voulait dire par instinct ?

- Une fois, j'ai tenté de sortir de Maris avec deux amis de là-bas. Évidemment on s'est fait arrêter par les gardes-frontières et j'ai été bannie de la cité. Mon père était furieux et ma tante aussi.

- Sérieux ? interrogea Nicolas.

- Oui.

- Et tes deux amis ? questionna Camille.

- Ils ont justes étaient renvoyés comme ils étaient Marisiens et mineurs.

Je me sentis légèrement soulagé. Si on nous trouvait, je ne pourrais pas être banni de Firento, grâce à ma nationalité Firentaise. Mais Xavier nous le ferait payer, par une dispute mémorable et une punition dont lui seul avait le secret. Ou bien, je pouvais tout à fait être banni. J'étais majeur et né hors mariage. Ce qui chez nous était la pire chose qui puisse arriver à un enfant. Mais comme ma famille avait de l'argent, je n'en ressentais pas les préjudices. Cependant je suppose qu'on me passerait moins facilement mes erreurs. Mon meilleur ami, qui n'avait pas ce problème, n'était pas très rassuré par tout cela non plus. Après tout, ses deux parents étaient des personnalités influentes à Firento. S'il faisait une bêtise, il jetait le discrédit sur eux, et cela pouvait avoir des répercussions politiques majeures. La magnifique princesse aux cheveux violets était un peu dans le même cas, mais son père, lui, avait l'habitude de tout cela. Et il n'est pas aussi respectable que ne le sont les Cadowell, malgré son rang.

Nous étions proche de la ville quand cela arriva. Je ne me sentais pas très à l'aise à cause des histoires que j'avais entendues sous la tente. Un rayon magique blanc surgit alors devant nous, me faisant sursauter et croire à une attaque extraterrestre. Mais ce n'était pas cela. Nous ne pouvions pas avancer plus loin, une barrière magique se dressait devant nous.

Nous nous retournâmes et fûmes glacés d'horreur. Devant nous il y avait Clément, Christine et Korrigan. Mon ancien ami, m'avait vendu. Je me tournai vers Nicolas cherchant son soutien, mais ce fut plus lui qui en avait besoin.



Nous fûmes ramenés par le professeur au camp.

Il alla chercher la directrice, à qui il expliqua que Clément était allé le trouver, pour lui raconter notre escapade et envoyer sa sœur à notre poursuite. Ils avaient alors rattrapés la pauvre Christine et nous avaient retrouvés.

Pendant tout ce temps, Clément nous faisait un sourire goguenard, qui me donnait envie de meurtre.

- J'hallucine de voir autant d'enfant hors du lit et si loin de nous ! Vous méritez d'être renvoyés. À notre retour, je vous promets de trouver une punition adéquate. En attendant, vous seraient tous privée d'activités. Demain matin sera votre dernière sortie avec nous. L'après-midi, vous rangerez le camp et rendrez à cet endroit son aspect d'origine. Et le reste de la semaine, vous resterez dans vos chambres. C'est clair ?

On ne pouvait pas vraiment répondre non. Alors on acquiesça.

- Quand on sera à Firento, vous ne rentrerez pas tout de suite, expliqua Korrigan, déjà pour que la directrice puisse fixer votre punition avec vous, et pour que je convoque vos parents à tous les six.

Je fronçai les sourcils. Tous les six ?

Puis je vis Christine et Clément. Avec eux ça faisait six.

J'ai alors pensé à Harry Potter, que m'a sœur m'avait poussé à aller voir. Son rival l'avait dénoncé et il avait été puni également. Est-ce que mon ancien professeur l'avait lu également ? Parce que sinon, c'était vraiment une étrange coïncidence.

- Alphonse, intervint la directrice, les Thibert n'ont fait que nous renseignés.

- Et comment auraient-ils pu savoir sans être dehors eux-mêmes ? Ils seront donc aussi punis.

Ils perdirent leur couleur.

Je pensai à Monsieur Thibert, que j'avais connu il y a longtemps, à l'époque où l'on était ami. Il n'était pas très tendre avec ses enfants. Il voulait qu'ils soient au sommet pour rattraper le fait qu'ils ne venaient pas d'une famille aisée, contrairement aux autres élèves. Cela ne me ravit quand même pas de les avoir avec nous. Pas que j'eus de la pitié pour eux, ils nous avaient dénoncés. Mais sans eux, j'aurais peut-être pu trouver ma punition agréable, en compagnie de mes amis et en ignorant ma sœur. Mais avec eux, impossible

La pierre des mersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant