Chapitre III : Celui où je fais connaissance...

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Pendant que ma sœur et moi entrions en riant dans nos chambres respectives, mon oncle, toujours dans son fauteuil, entendit la sonnerie retentir. Il fut surpris, je suppose. On recevait rarement de visite, et si c'était Nina, elle se contentait de frapper. Il se leva, intrigué, marcha vers l'entrée d'un pas traînant et ouvrit la porte.

Quelle ne fut pas sa surprise en voyant sur le pas de la porte une fée. Et pas n'importe laquelle, puisqu'il s'agissait de Kamélia, la représentante du conseil des fées dans notre monde. Cela lui conférait plus ou moins le rôle d'autorité suprême sur le monde magique. Personne, pas même la Grande Reine de Barcelia, ne discutait ses ordres.

Elle était petite par rapports aux humains, mais ce n'était pas une naine non plus, elle devait faire à peu près cinq pieds. Elle avait coiffé ses longs cheveux châtain en une queue haute, allongeant plus encore la pointe de son visage. Elle dévisagea mon oncle de son regard bleu orageux puis se redressa, rajusta sa robe orange qui épousait sa fine silhouette et volait au rythme du battement de ses grandes ailes et déclara alors avec un ton courtois, contrastant avec son apparence sévère :

- Bonjour Xavier !

- Kamélia ! C'est une visite pour le moins inattendue. Je vous en prie, entrez ! invita mon oncle

Elle le suivit à l'intérieur. Il devait être assez nerveux. Nous avions rarement des invités aussi prestigieux. Et si Kamélia venait en personne, ce ne pouvait être que pour quelque chose d'important.

- Qu'est-ce qui vous amène ici ? Interrogea Xavier.

- Je suis venue pour ton fils, affirma-t-elle.

- Mon neveu plutôt. Corrigea-t-il. Je n'ai pas de fils.

Mon oncle m'appela, et je descendis les escaliers en me demandant ce qu'il pouvait bien me vouloir, espérant qu'il ne soit pas au courant pour mon retard ou la suite.

Pendant ce temps, il avait invité la fée à s'asseoir dans le salon.

En découvrant la fée, je fus affreusement mal à l'aise. Je me doutais bien de ce qu'il l'amenait ici, mais qu'elle se soit déplacée elle-même, juste pour cela, était vraiment inquiétant. Je me tournai vers mon oncle avec préoccupation. Savait-il déjà ? Je n'en avais pas l'impression.

Je m'inclinai. J'avais reconnu Kamélia. C'était une des seules fées dans notre monde et elle était célèbre dans chaque citée, vue son rôle important. On la voyait souvent dans la presse, ses discours étaient retransmis dans tous les médias. Et puis, elle vivait à Firento. On la croisait souvent, aux audiences auxquels il nous arrivait d'assister avec l'école, ou dans les couloirs du palais. Alors, je la reconnaissais facilement, même si, elle, ne savait même pas que j'existais avant cet instant.

- Tu es bien Théophile Gironnant ? m'interrogea-t-elle.

- Oui.

J'étais intimidé. Elle semblait sévère, et sachant ce que j'avais fait, je ne m'attendais pas à des félicitations. De plus, j'ignorais l'attitude à avoir avec une fée. Comment devais-je l'appeler ? Comment me tenir ? Qu'avais-je le droit de dire ? Pourquoi est-ce qu'ils ne nous avaient pas encore enseigné la télépathie en classe ? Je suis certain que Nicolas saurait comment se tenir, ou au moins Nina et peut-être même mon oncle. Mais là, je ne pouvais compter que sur moi-même.

Elle m'examina avec curiosité, avant de se tourner vers mon oncle, qui nous fixait intrigué. Cependant, quand je me tournai vers lui en quête d'un soutien moral, j'obtins un regard de tueur. Il devait me maudire de lui avoir encore attiré des ennuis.

La pierre des mersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant