Chapitre v ... qui n'en est pas vraiment un

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Je n'arrivai pas avec les cinq minutes d'avances conseillées, mais je ne fus pas en retard.

Inès m'ouvrit en m'accueillant de son charmant sourire. En entrant dans le hall, je tombai directement sur ma cavalière et son père. Mon amie était vraiment très belle, le violet lui allait à ravir. Elle avait dégagé ses tempes et avait couvert son visage avec des paillettes, lui donnant l'air d'une princesse.

Son père portait une tenue, qui au premier abord pouvait semblait assez détonante : Son bliaud était à carreau et vert émeraude, et sa chlamyde blanche. Le tout donnait un étrange effet. Mais en y regardant de plus près, cela lui allait assez bien, et s'accompagnait très bien avec sa chevelure argentée. En tout cas, sa tenue faisait un meilleur effet que la mienne.

Je tendis timidement le bouquet à Kaïa. La présence de son père, juste à côté de nous, m'intimidait. Je lui soufflai tous de même qu'elle était ravissante.

- N'est-ce pas ? m'interrogea-t-elle. J'ai toujours pensé que le violet allait très bien avec mes cheveux. Mais je constate qu'il s'accommode aussi très bien avec mon teint. Tu ne trouves pas ?

Je ne pus qu'acquiescer. Je m'attendais à un remerciement, pas à une question de mode ?

- Bon Solveig ! appela Nils. Le petit ami de ta fille est arrivé ! Il ne manque plus que toi.

Mon amie éclata d'un rire qui me surprit et déclara que je n'étais pas son petit ami. Elle semblait trouver cette idée absurde. Je me renfrognai.

- Des tas de filles adoreraient m'avoir comme petit ami !

La jolie vampire me regarda, calmée, mais sans comprendre.

- Ma poucinette, les humains sont très susceptibles ! lui expliqua son père.

- Pas du tout ! m'emportais-je.

Ce qui nous fit nous esclaffer. C'est alors que Madame arriva dans le hall, vêtue d'une longue robe noire à paillette, au gros pli.

- Tout ce temps pour ça ! s'exclama son mari en plaisantant.

Solveig le fusilla du regard. Il la prit par les hanches et l'embrassa pour se faire pardonner. Ce qui plongea mon amie dans une gêne incroyable.

Nils noua alors d'une magnifique broche verte la fente de l'encolure de sa femme, juste au ras de son cou, puis la complimenta pendant qu'Inès l'aidait à mettre son voile en mollequin, sa guimpe et son tressoir :

- Tu es magnifique, il va falloir que je fasse attention ce soir, lui dit-il.

- Bon on y va ! protesta la plus jeune des Blanktest.

En arrivant à la réception, il y avait déjà du monde, mais pas les Cadowell. Les Blanktest allèrent féliciter la princesse Justine. Celle-ci était une grande fille maigre, au teint blanchâtre, aux cheveux ternes d'une couleur entre le blond et le châtain et aux paupières lourdes cachant deux petites émeraudes. Elle était, elle aussi, très élégante dans une lourde robe bleu et dorée, qui marquait très bien sa taille. Kaïa n'avait pas beaucoup d'affection pour elle. Je le savais, elle m'en avait déjà parlé. Mon amie la trouvait insipide. Et moi-même je la trouvais assez fade, d'une apparence quelconque et déprimante avec son air grave. Alors qu'en réalité, Justine n'était pas du tout comme cela. Mais cela, c'était une autre histoire, qui viendra au moment voulut.

Après qu'on eut fait un tour des invités, se soit servi en hypocras et grignotines, écouté les troubadours et observé quelques acrobates, je vis les Cadowell apparaître.

La majorité des regards se tournèrent vers eux. Nina et Christophe étaient impeccables, comme toujours. Madame la Maire était très en beauté ce jour-là, avec une robe à rose pâle et ses cheveux blonds coiffé en deux tresses cordées par des rubans, sous un voile et un tressoir. Mon voisin, son mari, avait lui aussi une belle allure, dans sa tenue dorée. Mais, ce qui attirait l'attention de tous, c'était le couple derrière eux : Nicolas et Camille.

La pierre des mersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant