Chapitre 40 : Raphaëlle

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La tension dans les muscles, le souffle court, les mains tremblantes, la vue troublée. Les sons vagues et la poitrine brûlante. C'est là que je me sens vivante, à ma place. Quand mon corps est au bord de la rupture, qu'il est ivre de fatigue. Il est encore tôt, mais retrouver le rythme des entraînement me fait du bien. J'aime la régularité des courbatures dans mes épaules et mes jambes. Je vide une bouteille d'eau et avale deux barres hyper-protéinées avant de ranger la salle de sport et de rejoindre celle d'entraînement.

Quand j'arrive, six autres personnes sont déjà là. Je reconnais celui avec le cou tatoué, mais le col montant de son pull m'empêche de bien voir ce qu'il représente. Une fille arrive, la vingtaine, les cheveux tirés en arrière. Deux mèches blondes encadrent son visage pâle. Elle a l'air concentrée et passe devant le groupe d'hommes sans leur donner beaucoup d'importance. Elle traverse la salle jusqu'à la BOX. Cette salle dont je ne dois absolument rien savoir. J'entends les hommes échanger quelques mots. Ils ont l'air de s'étonner de ce qu'elle fait.

- Elle va vraiment le faire ?

- On dirait, ouais.

- Mais la dernière fois..

- C'est de la faute du gars, tu sais bien comment ça se passe.

- Quand même, c'était il y a deux jours. C'est encore tôt pour y retourner je trouve.

- Qu'est-ce qu'il c'est passé ? Je leur demande.

Ils se taisent et se regardent les uns les autres. La seule réponse que j'obtiens est que je ne peux pas être au courant avant d'avoir été à l'intérieur de la BOX.

- Et qui c'est, elle ?

- Eris.

Je me souviens d'elle, six ans plus tôt. Durant les présélections pour Noham. Elle n'était pas loin de moi dans la liste des enfants volontaires. Elle était déjà douée à l'époque. Elle était même meilleure que moi. Mais pour des raisons inconnues, elle n'a jamais atteint le stade final des sélections. Elle a disparu du jour au lendemain, ce qui ne m'avait pas dérangé. L'idée qu'elle ait été transférée en prison aussi tôt me paraît peu probable. Surtout que ça ne colle pas au souvenir que j'ai d'elle. Elle était une gamine au visage de poupée, modèle, douée et appliquée. Elle aurait sans aucun doute été une excellente leader, alors je me pose la question maintenant. Qu'est-ce qu'elle fait ici ?

Les autres arrivent dans les minutes qui suivent. Il n'y a aucun retardataire, et tous jettent des regards à Eris qui ne se mêle toujours pas à nous. Elle a l'air complètement coupée du monde, dans une autre dimension sans personne autour d'elle.

- Même pour elle, ils sont durs de faire ça.

- Il faudra bien y retourner un jour. Moins on attendra mieux ce sera.

La porte de la salle aux vitres noires coulisse sans que personne n'ait fait quoi que ce soit. Eris entre calmement, les bras légèrement raidis le long du corps. La salle se referme derrière elle, on ne voit rien de ce qui se passe à l'intérieur. On ne peut rien entendre non plus. Tout le monde retient son souffle.

Plus personne n'ose rien dire. Le temps reste suspendu même lorsqu'un premier instructeur fait son apparition. Sans rien dire, il s'approche de la salle, le visage grave. J'entends quelqu'un murmurer "encore ?". Mais il ne se passe rien. L'instructeur reste posté devant la salle noire sans bouger. Un autre arrive, cette fois il nous ordonne de commencer l'échauffement. Il essaie de détourner l'attention de ce qui se passe dans cette salle hermétique. J'ai un pressentiment amer. Ce n'est qu'un simulateur, les premières fois marquent c'est vrai, mais c'est une habitude que l'on prend rapidement en général.

The Breach II : Civil War (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant