Chapitre 23 : Viktoria

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Je me redresse et m'étire dans mon lit, un sourire aux lèvres. À côté de moi, Kayne, encore à moitié endormi, me reprend dans ses bras.

-Toi, tu restes là, grogne-t-il gentiment.

Je caresse ses cheveux, l'impression d'être sur un petit nuage. J'ai attendu cette nuit pendant si longtemps...

Hier soir, nous avons longuement parlé de nos sorties respectives. Il m'a raconté à quel point il a avait eu mal de devoir faire ce qu'il a fait. "Je ne me pardonnerais sûrement jamais", a-t-il conclu.

Pour chasser ses idées noires, j'ai fait dévier la conversation sur ses goûts musicaux, sur l'art, sur ses souvenirs d'enfance, quand tout allait encore bien. Il a fini par esquisser un sourire, puis deux, puis à rire franchement. À partir de là, j'avais gagné la bataille contre les idées noires.

Nous avons dîné avec mes parents, qui ont été ravis de le connaître un peu mieux. Pour eux aussi, les temps sont difficiles. Mon père, qui travaille désormais pour la résistance à plein temps, a récupéré des plans de personnes qui prévoient de faire une marche contre le gouvernement.

- Et leurs arguments ne sont pas dénués de sens, c'est ça le pire, avait expliqué mon père. Un cinquième des habitants de ce vaisseau a été formé dès l'adolescence pour se battre, ils ne comprennent pas pourquoi les gris ne sont pas en mesure de les protéger, c'est normal, ils ne savent pas ce qu'il y a dehors. Ils veulent plus d'informations, et par dessus tout, ils veulent sortir. J'ai vraiment peur que tout ceci dégénère.

Ma mère a elle aussi expliqué que l'hôpital ne désemplissait pas.

- Des qu'il y a un désaccord, ça dégénère. Ce n'est jamais grand chose mais au final, ça fait beaucoup de blessés.

Après ce repas aux conversations plutôt alarmantes, nous nous sommes éclipsés dans ma chambre, pour tout oublier. Et pour une fois, rien ne nous a arrêtés. Ni les sirènes d'alarmes, ni les appels des généraux, rien n'est venu troubler notre nuit. Je crois que rien n'aurait pu, d'ailleurs.

Je me suis perdue dans la douceur. L'odeur de sa peau, la délicatesse de ses caresses, la douce musique du bruissement des draps... Chacun de mes sens a été décuplé, l'espace de quelques heures. Tout a commencé par un baiser, délicat au début, puis passionné. Et puis, une bretelle qui glisse sur mon épaule, et une seconde après son torse nu contre ma peau. Sans vraiment savoir pourquoi, ou comment, et n'en ayant d'ailleurs rien à faire, nous étions dans mon lit, osant chaque minute des caresses de plus en plus osées, jusqu'à ce que nos souffles deviennent plus courts, et que des tonalités délicieusement sensuelles franchissent la barrière de mes lèvres sans que je m'en rende réellement compte.

Une fois l'agilité de ses doigts prouvée, ses mains ont trouvé le chemin de mes hanches pour me basculer sur lui. Les yeux à demi clos, la sensuelle danse des corps a commencé son œuvre. Lentement, puis sûrement, nous nous sommes aimés. Ne sachant plus tellement où mon corps s'arrêtait et où commençait le sien, je me suis laissée emportée par la fascinante alchimie qui régnait à ce moment précis. Exerçant sur lui une maîtrise totale parfaitement incontrôlée, nous avons trouvé ensemble la clé de la volupté.

Et puis, nos corps apaisés ont naturellement trouvé la position parfaite pour s'endormir ensemble. À ce moment j'ai su qu'il était l'homme que je voulais aimer chaque jour de ma vie.

Il se redresse sur un coude et laisse courir ses doigts sur mon ventre, puis sur mes cuisses.

- Viktoria... murmure-t-il.

The Breach II : Civil War (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant