Break Me Free [feat. J.D.B.]

CHAPITRE 17 : GETAWAY

Il était plus de minuit passé et j'étais en train de conduire. Il restait encore bien cent kilomètres à parcourir mais je ne fatiguais pas trop, alors ça n'était pas dérangeant. Maureen en revanche s'était assoupie au bout de quelques minutes d'autoroute, visiblement exténuée. Je ne lui en voulais pas, au contraire, c'était signe qu'elle me faisait confiance alors même qu'elle ignorait tout de sa destination.

Il neigeait sur la route, rendant la conduite moins facile que prévue. J'étais clairement nerveux de retourner en ce lieu. Il allait falloir ressasser tous ces souvenirs, majoritairement mauvais et rouvrir une plaie à vif. Je faisais ça pour Maureen, car elle méritait la vérité et que je valais mieux que Jake qui ne lui avait rien dit sur cinq ans de relation. Mais je le faisais aussi pour moi car il était temps que je me replonge là-dedans, surtout après le décès de mon père.

Je me mis en tête d'appeler l'école dès que possible pour leur dire que je ne serai pas en mesure d'assurer ma classe le soir-même. De toute façon le spectacle était le lendemain soir et j'étais certain que mes élèves étaient prêts. J'espérais que Maureen pourrait faire le déplacement, mais je n'en étais pas convaincu. Une autre demi-heure s'écoula avant que Maureen décide de remuer.

« Où est-ce qu'on est ? » Demanda-t-elle en s'étirant les bras.« Bientôt arrivés. »« Mais encore ? »« Tu reconnais pas cette route ? »

Maureen plissa les yeux, tentant de distinguer quelque chose à travers la vitre.

« On va aux Hamptons ? »

Je fis oui de la tête et elle eut l'air perplexe. Les Hamptons, lieu de mes vacances d'enfance. Lieu également de la révélation et du déchirement familial. Aussi lourd en émotion qu'en secret.

« Va-t-on dormir dans la maison de tes parents ? »

« Je n'en ai pas les clefs alors on se contentera d'un hôtel pour cette nuit. » Répondis-je en manoeuvrant pour quitter l'autoroute.

« J'ai juste besoin d'un bon lit. »

Elle se mit à bailler, m'arrachant un petit rire. Elle était beaucoup moins sur la défensive qu'avant, ses barrières tombaient au fur et à mesure que l'on passait du temps ensemble et j'adorais ça. Curieuse, elle ouvrit la boite à gants et trouva l'objet fétiche de Gloria. Je ne savais même pas qu'il trainait ici.

« Qu'est-ce que tu fiches avec ça ? » Demanda-t-elle, surprise.
« C'est à Gloria. »
« On peut en faire une ? »« Si tu veux. »

C'était l'appareil photo polaroid de Gloria que je lui avais offert pour son dernier anniversaire. Maureen fut ravie de ma réponse et alluma la lumière intérieure de la voiture pour une meilleure luminosité. Je gardais mon regard sur la route le temps qu'elle se positionne bien, elle fit un décompte jusque 3 et à ce moment là, je levais les yeux de la route pour embrasser sa joue, lui arrachant un cri de surprise, ce qui allait probablement ruiner la photo.

« T'es fou, on aurait pu avoir un accident ! » S'exclama-t-elle, morte de rire.
« Ca a l'air de vachement t'inquiéter. » Répondis-je, sarcastique.

Elle rit et récupéra le polaroid puis éteignit la lumière pour ne pas le rater. La photo fut imprimée et dix minutes plus tard, Maureen poussa un cri de joie en voyant que la photo était assez réussie.

« Il faut absolument que je m'en achète un. »
« Ca coute une blinde, faudrait que t'économises. » Fis-je en me moquant d'elle.

Maureen me tira la langue, m'arrachant un rire. Elle plaça ensuite la photo dans le pare-soleil au-dessus de moi avant de se rattacher. Il fallut que je mette en place le GPS pour trouver un hôtel dans le coin, assez reculé pour éviter d'être reconnu. De toute manière, je savais bien que ma carte bleue à mon nom me trahirait. Ce fut finalement le SpringHill Suites qui eut raison de ma recherche et il fallut conduire encore une bonne vingtaine de minutes.