Chapitre VI ... sur d'autres que ma sœur ou moi.

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- Ce n'est pas facile d'être orphelin depuis son plus jeune âge. Et ça, il n'a trouvé personne qui puisse comprendre ce que c'est ici. Au lieu de vous plaindre, ce serait Théophile qu'on devrait plaindre. Et vous, vous devriez être fier que l'élève le plus doué que cette école ait jamais eu, soit arrivé dans votre classe, Monsieur ! Et qu'un si grand magicien veuille bien prendre la peine de suivre les cours que vous lui proposez Madame !

- Oui sans doute, répondit la directrice conciliante.

Les deux professeurs eux regardaient mon oncle d'un air égaré. Ils ne devaient pas être habitués à ses tirades. Camille et moi, on se regarda, amusés. En le voyant arriver, on ne s'était pas attendus à cela. Et voir quelqu'un d'autre que nous, quelqu'un qu'il nous arrivait de maudire, subir le courroux de mon oncle était très divertissant.

- Autre chose ? interrogea-t-il.

La directrice se tourna vers Korrigan qui ne quittait pas son mutisme. Elle observa avec attention la salle, puis me parcourut longuement du regard. Elle semblait vouloir retenir mon oncle pour le mettre en tort, mais ne savait comment. Mon professeur lui, ne semblait même plus ici. Je me demandais même si tout cela l'atteignait vraiment.

- Pour cette histoire avec Kamélia... Commença la directrice.

- Elle vous confirmera tout elle-même. Rien d'autre ?

Un nouveau silence s'installa. La directrice regardait partout à nouveau, comme si elle pouvait trouver un motif de reproches à nous faire quelque part dans son bureau.

- Dans ce cas au revoir et bonne journée !

Il nous prit, ma sœur et moi, par le coude et nous fit sortir de la pièce, dont il ouvrit la porte magiquement.

Camille et moi, on n'osait pas se regarder ou sourire. La colère de mon oncle n'était peut-être pas encore essoufflée. Et c'était un miracle qu'elle ne nous soit pas tombé dessus.

Nicolas était encore là. Il nous attendait. Il nous dévisagea inquiet. Il dût penser, à nos têtes, qu'on s'était pris la tempête du siècle.

Il demanda d'une petite voix :

- Mon père ne viendra pas ?

Mon oncle n'arrivait certes pas à se rappeler son nom, mais reconnaissait très bien le fils de notre voisine. Il leva les yeux au ciel.

- Il est évident que non.

Mon ami tremblait et avait encore plus peur que nous. Il faut dire qu'il avait fait très peu de bêtises dans sa vie. Et qu'il ne s'était jamais fait disputer par des parents qui le considéraient comme la septième merveille du monde. Puni oui, mais jamais grondé. J'eus du mal à me retenir de me moquer de lui.

- Donc on ramène Nicolas !

Ma sœur n'avait pas posé de question, elle avait affirmé. Ce qui me fit grimacer et se recroqueviller notre voisin. Le visage de mon oncle se ferma, mais il ne dit rien.

On rentra en passeur, une sorte de voiture sans toit, sans roue également, qui se déplace généralement en suspension légèrement au-dessus du sol (elle peut aussi voler plus haut, mais moins longtemps). La conduite de mon oncle fut assez brusque. Nicolas restait blotti entre Camille et moi. Ma sœur, elle, regardait pensivement par la fenêtre.

- Comment ça se fait que tu sois venu ? finis-je par demander.

Sous-entendu : on s'attendait à un Cadowell.

- Nina a insisté pour que j'y aille. Elle n'était pas disponible et Christophe non plus.

Il nous déposa dans la rue, où il nous affirma devoir passer à la cour parler à Kamélia. Il nous avertit, avant de partir, que si on avait menti, on le regretterait toute notre vie. Mais si ce n'était pas le cas, il ramènerait à manger.

La pierre des mersWhere stories live. Discover now