4 - Le premier indice

19 1 0
                                    

   Vers 21 heures du soir, Aurélia quitta l'appartement, après avoir mis ses peluches sous ses draps pour qu'Annabelle croit qu'elle dort paisiblement à son retour. Comme l'hiver venait à grand pas, il faisait déjà nuit. Un temps idéal pour explorer un bois qu'elle n'avait jamais visiter de sa vie, ironisa t-elle.

   Et quelle idiote,se dit-elle d'avoir accepter la proposition de Thomas. Elle avait outragé son principe le plus important, ne jamais être redevable à quiconque. Enfin, la situation étant particulière – Thomas lui avait tout de même sauvé la mise de ses quatre bourreaux – elle relativisa. Juste pour une soirée, elle allait accorder sa confiance à quelqu'un d'autre que sa sœur, mais le moment venu, après que son service ait été rendu, elle n'hésitera à couper les ponts, et plus jamais elle n'endentera plus jamais parler de son camarade.

   Arrivé devant l'entrée des bois Desonges, un immense grillage qui s'étendait de droite à gauche à perte de vue, Aurélia retrouva Thomas, près du panneau de sortie d'agglomération. Il régnait un froid hivernal dehors, et Aurélia grelottait, n'ayant pas l'habitude de ces promenades nocturnes. Si Annabelle la voyait, elle ne donnerait pas cher de sa peau.

   Thomas abordait toujours son sourire fier, qui semblait lui réchauffer le corps aussi bien que sa massive doudoune noire et son ridicule bonnet en laine. Elle trouva en lui une sensation de chaleur réconfortante,mais elle se reprit, les pensées qui lui venaient en tête étaient vraiment ridicules. Que pouvait t-elle bien trouver à ce guignol,qui attendait depuis Dieu ne sait combien de temps dehors dans un froid glacial ?

   - Bon, on y va ? Lança t-il joyeusement lorsque Aurélia s'arrêta à son niveau.

   La jeune fille acquiesça en silence. Tous deux, après avoir traverser le grillage par une ouverture découpée dans le maillage, se mirent en marche vers l'immense forêt qui s'amenait devant eux.

   Les cinq premières minutes du voyage se firent en silence. Parmi les arbres, Thomas marchait devant et pour lui, tandis qu'Aurélia ressentit un sentiment de gêne du fait qu'elle soit sortie de sa zone de confort.Au bout d'un temps, Thomas recula vers elle.

   - Au fait, qui sont les femmes avec qui tu étais cet après-midi ?

   - Elles? C'était Éloïse et sa bande. Elles me narguent sans cesse, surtout Éloïse,parce que tout ce qu'elle veut, c'est s'attribuer les fleurs d'Annabelle, donc elle est prête à tout pour nous monter l'une contre l'autre. C'est une vraie garce. Je la hais.

   - Qui est Annabelle ?

   - Ma grande sœur,je suis sous sa garde, et donc je vis avec elle, depuis que mes parents sont...

   Aurélia ne finit pas sa phrase. Thomas surenchérit avec un air emphatique.

   - Je comprends, ça a l'air vraiment cool une grande sœur.

   Le cœur battant,Aurélia tenta son premier effort de communication.

   - Tu... tu as des frères et sœurs ?

   - Oh, non. Après mon accouchement, mon père s'est séparé de ma mère, et il ne s'est plus remarié depuis. Dommage, j'aurai bien aimé avoir au moins une petite sœur.

   Pour la première fois, Aurélia venait de s'attirer les confidences de quelqu'un grâce à son interaction. Elle ressentit un élan de joie qui l'incita à essayer davantage.

   - Et... Qu'est ce qui te plaît dans le fait d'avoir une petite sœur, où même un frère ?

   - Tu es bien bavarde ce soir, sourit-il. Un frère, non. Je pense que mon orgueil ferait que je me disputerai trop souvent avec lui. Quand à une petite sœur, je trouve ça adorable, les enfants m'ont toujours émerveillé de par leur capacité à apprendre de façon phénoménale, et leur air si innocent est quelque chose qui me fait fondre !

Un monde à retrouverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant