6 - Palancär

13 1 0
                                    

   Lorsqu'elle rouvrit les yeux, Aurélia se trouvait sur une plage de sable blanc. Les rayons d'un soleil au zénith se reflétaient en un éclat sur l'écume et l'ensemble de la côte sablonneuse, ce qui donnait à cette dernière l'apparence d'une plage au sol couvert de diamants.La jeune fille était assis sur le sable, les chevilles et les poignets couverts de ces perles lumineuses qui composent la plage.L'horizon et la côte indéfinie offraient à ces yeux une vision paradisiaque, et Aurélia se réjouit de savoir qu'elle venait de retourner dans le monde féerique de son dernier rêve.

   Après s'être levée du sable devenu presque brûlant, Aurélia se mit en marche le long de la côte. Ses pieds nus étaient son seul contact avec le sable chaud, ainsi chacun de ses pas était un sautillement involontaire. Mais elle n'avait pas envie de se laisser abattre parla souffrance, car l'envie d'explorer et d'en apprendre plus sur ce monde si fascinant à ses yeux était plus importante que l'état de la plante de ses pieds.

   Après quelques minutes de marche, elle atteignit l'extrémité de la côte, obstrué par une immense falaise. Celle-ci était perforée à son pied d'une grotte si profonde que son intérieur était sombre et semblait infini. Aurélia scruta une dernière fois l'édifice de pierre. Les reliefs du flanc de la falaise lui faisait penser à une entité humaine, ainsi elle s'imaginait devant elle un gardien de pierre de taille immense, ayant pour rôle de dissuader les voyageurs d'entrer dans la grotte.

   De manière totalement inconsciente, Aurélia entra dans la grotte, comme pour désobéir volontairement à son golem de pierre imaginaire, et devant elle se dressait un épais rideau noir. Seule l'entrée de la grotte était éclairée par la lumière de l'extérieur, et elle ne distinguait de son intérieur que quelques traits de la paroi rocheuse. Immergée dans l'obscurité, elle avançait à tâtons,palpant de ses mains la roche froide et humide de la caverne.

   Puis vint une faible lueur au bout du chemin. Aurélia frétille d'impatience à l'idée de découvrir une ouverture sur une nouvelle terre. Après avoir enjambé quelques obstacles, elle vit finalement que la lumière ne provenait pas de l'extérieur de la grotte. Dans un recoin creusé dans la roche, dans un nid de fortune fait de branches d'arbres, il y avait des œufs de forme ovale et d'une couleur dorée éblouissante.

   Puis ce qu'elle vit la fit sursauter de surprise. A quelque mètres du nid marchait une créature qu'elle n'avait jamais vu ailleurs. Un grand oiseau au plumage ébouriffé et coloré d'un bleu clair net. Une pierre précieuse rouge prônait sur le sommet de son crâne, aussi éclatante que ses yeux oranges et féroces. Il s'approchait du nid pour venir coller son bec contre les œufs. Puis un autre spécimen vint le rejoindre, avec en guise de pierre sur le front un saphir luisant de couleur verte. Les deux drôles d'oiseaux se regardèrent et se frottèrent le bout du bec l'un contre l'autre. C'est dans ce moment si charnel qu'Aurélia comprit qu'il s'agissait d'un mâle et d'une femelle.

   Tout à coup, un des œufs se mit à se craqueler en oscillant dans une série de mouvements secs de gauche à droite. Au niveau de la première feinte apparut un bec triangulaire. Puis ce minuscule objet laissa place à une créature au plumage un peu plus mauve que celui des deux autres.Ces derniers regardèrent leur petit avec des yeux d'amour, pendant qu'Aurélia vivait avec passion chaque image de cette scène si poétique.

   Le charme fut brisé lorsque deux grosses voix graves retentissent à l'entrée de la caverne, en même temps que la lueur d'une flamme s'approchait de sa position. Dans un vacarme hurlant, les drôles d'oiseaux, apeurés,prirent leur nouveau-né par la peau de son cou flasque et se cachèrent dans l'obscurité de la grotte, laissant la pauvre fille,qui était pétrifiée sur place le temps de comprendre ce qu'il se passait, dans le noir complet.

Un monde à retrouverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant