Lorsqu' Aurélia entra dans l'enceinte intérieure de la bibliothèque, elle salua avec un grand sourire l'administrée d'accueil, qui lui rendit, tapie derrière tous ses prospectus un salut inquisiteur, et qui visiblement ne la reconnaîtra jamais. A la vue des lieux, la jeune fille fut aussi émerveillée que la première fois où elle y a mis les pieds. Elle allait enfin pouvoir se consacrer corps et âme à son activité favorite, afin d'oublier cette horrible journée pleine d'ennuis.

   Elle se dirigea vers la rangée d'étagères qui abritait en tout son sein son genre de romans favoris, en choisit un après avoir fixé du regard son dos pendant plusieurs minutes. L'étape du choix du livre est une étape sacrée, il faut donc l'effectuer avec la plus grande méticulosité.Lorsqu'elle quitta le rayon, ce qui surgit au bout de l'étagère semblait être pour la jeune fille son pire cauchemar. Elle sentit ses nerfs surchauffer comme si elle s'apprêtait à libérer tout l'agacement qu'elle contenait en elle depuis des mois. Elle aurait tout aimé, une météorite qui s'abat sur la bibliothèque, une guerre nucléaire où elle ne savait quoi, mais sauf ça.

   Au bout de l'allée,il y avait Thomas.

   Celui-ci déambulait dans les rayons, à la recherche de quelque chose mais il ne savait probablement pas quoi. Lorsqu'il vit Aurélia, celui-ci marqua un effet de surprise déguisé qui témoignait inconsciemment de sa volontaire présence en ce lieu.

   - Ah tiens, salut Aurélia. Qu'est ce que tu fais de beau ici ?

   - Tu m'as encore suivi ?

   Les yeux de la jeune fille sortaient de leur orbite tellement elle souhaitait l'étrangler avec ses propres tripes. Elle se rapprocha de lui avec la fervente intention de lui faire comprendre qu'il n'est pas le bienvenu.

   - Euh, non, qu'est ce que tu racontes ? Je suis juste venu comme je viens toutes les semaines. Tu sais, je suis un vrai rat de bibliothèque.

   - Menteur. Moi, je viens vraiment toutes les semaines, et je ne t'ai jamais vu ici !

   Le ton montait aussi vite que sa frénésie. Ses voisins lecteurs, ainsi que la bibliothécaire, les regardait parfois d'un œil interrogé.

   - Ok, ok, ça va,on se détend. Je voulais juste passer te dire bonjour, je t'ai vu rentrer, et je me dis que...

   - Tu t'es dis quoi ?

   Thomas mis un temps avant de répondre à cette question.

   - Franchement, Aurélia, on est vraiment obligé d'en arriver là ? J'veux dire, je sais qu'entre nous, on a démarrer sur de mauvaises bases,mais qu'est ce qui nous empêcheraient pas de remettre les pendules à l'heure ?

   - Tu veux remettre les pendules à l'heure ? Très bien, ne m'approche plus et laisse moi tranquille, ça fera un bon début.

   Thomas pousse un râle d'agacement.

   - Raah, mais pourquoi es-tu aussi têtue ? Je suis certain qu'on peut trouver un bon terrain d'entente tous les deux.

   - Je t'ai dit de me laisser tranquille !

   - Je vais vous demander de parler moins fort, s'il vous plaît, fit la voix ferme de la bibliothécaire, qui continuait de lever peu fréquemment la tête derrière ses piles de paperasse.

   - Tu ne veux pas qu'on aille discuter ailleurs ?

   - Non, il n'y arien à discuter, conclus Aurélia, qui tourna les talons pour ne jamais se retourner

   - Alors c'est la seule répartie que tu as ? C'est donc comme ça que ça fonctionne, chez toi ? Tu te fous de tout sans même savoir ce qu'il peut y avoir au delà ? Continua Thomas, tout en se lançant à ses trousses.

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