L'appel de l'élue

Le changement...

                    

Je ne dois pas laisser de côté mes obligations envers la meute, sauf que Mary ne va pas très bien, je le sens. Les miens me poussent à m'occuper d'elle, ils ressentent certainement mon angoisse, ainsi que celle de leur Luna. Peu importe combien elle me sourit tout en cachant ses peines, je vois que quelque chose la ronge. 

Le changement de son corps serait-il trop douloureux ? Insupportable ? Que puis-je faire pour la soulager... 

C'est la raison de ma venue ici, au loin dans la densité des bois, cet endroit que mon père chérissait, j'appelle silencieusement le premier Dominus à l'aide, sachant que je serais épuisé par la suite. Ma bête grogne, ouvre le passage du monde des esprits, libère le mien et l'imposante silhouette d'Amatus m'apparaît faiblement, suivie d'une tape si familière à l'arrière de mon crâne. 

- Gamin stupide, quand apprendras-tu à réfléchir tout seul ? Tu ne peux quémander notre aide au moindre soucis !

- Ne sois pas aussi dure, voyons... Que ce passe-t-il, mon garçon ?

Ma mère, toujours aussi belle, aussi compréhensive et obstinément têtue face à son âme-sœur. Que j'aime les voir ainsi, alors que je comprends enfin ce qui les lie. Ils ont eu tellement peur que je fasse le mauvais choix, que je me sens stupide désormais. Souriant timidement, j'attends qu'ils saisissent... Et c'est vite le cas. 

- Je suis tellement fière de toi, mon fils ! Sois heureux et... Tu ne regrettes pas, n'est-ce pas ? Demande maman alors que mon père lève les yeux au ciel.

- Il n'a pas écouté un mot de toutes mes leçons, Lisa, il est complètement perdu face au changement de son élue ! Comprends mon père.

- Aide-moi, tu sais que tout ceci m'épuise... Elle souffre mais ne se plaint pas, et je déteste ça ! 

- Ton père m'a fait rêver, Darius, je n'ai rien sentie. Explique ma mère tout en foudroyant sa moitié des yeux.

- Le sommeil ne sera peut-être plus possible car elle est consciente de ce qui l'attend. Mon père abdique et semble prêt à me faire part de tout ce qu'il m'a déjà dit auparavant. Tu peux néanmoins tenter de la distraire, lui changer les idées ou... Accélérer le processus.

- Non ! Elle ne supportera pas une grossesse ! Tu veux anéantir notre fils ? Parle-lui du chant !

- C'est de ça que je parlais, stupide chose ! Gronde mon père avec amour. Un véritable paradoxe cet homme. Demande-lui de te chanter l'appel, tu seras présent, tu l'honoreras, et son corps ressentira ton âme en lui... Donne-lui les plantes, fiston, elle ne peut procréer dans son état... Il en va de sa vie... 

Une peur naît en moi, mon esprit se brouille, et tout autour de moi s'assombrit ne laissant plus que les corps translucides de mes parents souriant, fière, je suis épuisé par cet échange, cela dit, leur félicité me rend heureux. Je reviens rapidement dans la réalité, assis par terre, nu comme un vers, entendant les derniers mots de Dominus.

- « Je suis fière de toi, mon fils, protège ta descendance, vis avec béatitude... »

C'est avec soulagement que je cours au village, satisfait par la réponse de mon père, enthousiaste par le sexe qui va suivre. Mary se donne volontiers à moi, elle apprend vite, et m'étonne constamment. C'est ma femme parfaite... 

Tout mon corps se crispe, mes poils s'hérissent, ma bête gronde car l'odeur de Shana suis la direction de chez moi, non, elle est dans ma maison... Mary... J'accours et entre brusquement pour trouver les deux femmes souriantes et étrangement, la douleur de mon élue n'est plus là...