Prologue

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Je suis chez moi. Chez moi, dans la seule partie de la maison où je peux être en sécurité, ma chambre. Je suis rentré il y a une heure maintenant. Comme d'habitude, j'ai pris soin de fermer ma porte à clé et de prendre de quoi me nourrir.

C'est une habitude que j'ai depuis longtemps, maintenant. Rentrer, prendre de quoi passer la nuit, et partir dans ma chambre, en attendant le lendemain, en sécurité.

J'entends la porte d'entrée claquer, ma respiration se coupe : Ils sont là.

Ma mère hurle, comme d'habitude. Mon père aussi. C'est difficile de croire que ces deux personnes sont mes parents. Eux qui sont si violents. J'entends quelque chose se briser au sol, mes yeux se ferment instinctivement.

J'ai deviné que c'était le vase, à l'entrée, dans lequel j'avais mis des fleurs, histoire de redonner de la gaieté à cette maison. Je sens une larme couler le long de ma joue. J'ai arrêté de compter combien de fois ce même scénario s'est produit. Des bruits de pas m'indiquent que mon père monte les escaliers.

« Marban ! Ouvre cette porte tout de suite ! » crie celui-ci juste derrière ma porte.

Marban.. Magnifique prénom n'est ce pas? C'est un prénom celte, il signifie petit mort.

« Marban tu vas ouvrir ou je rentre de force cette fois ! » continue mon père en tambourinant à la porte.

Je suis assis, en boule, dans un coin de ma chambre. Mon père donne de violents coups dans la porte. Plus violent que les jours précédents. Dire que je n'ai pas peur serait un mensonge.

« Si je défonce cette porte, je vais te tuer ! » hurle encore mon père.

Je me lève d'un bond, et commence à rassembler les affaires les plus importantes à mes yeux : de la nourriture, une couverture, quelques habits chauds, un peu d'argent.. Mon père hurle, il hurle qu'à cause de moi maman est par terre, inconsciente. Il hurle qu'elle est morte.

J'ai les larmes aux yeux. Je savais que ce jour arriverait, ce jour ou je devrais fuir la maison. Je regarde la fenêtre avec crainte.

Je saute du troisième étage quelques secondes après avoir entendu ma porte voler en éclat. En me retournant, je croise le regard de mon père pour la dernière fois. Je n'arrive pas à déchiffrer l'expression sur son visage. De la colère? De la joie? De la tristesse, peut-être.

C'est à ce moment précis que je réalise que je ne l'ai jamais vu sourire. Jamais. Comme ma mère, d'ailleurs.

« Je ne veux plus jamais te revoir ! » hurla mon père, de ma fenêtre.

J'ai l'impression que ma chute dure une éternité. J'ai peur. Peur de l'atterrissage. Je me mis à penser que mourir d'une chute serait plus glorifiant que de mourir de la main du monstre qui m'a créé. Finalement, mon corps heurte le sol avec violence, cependant, l'impact fut moins violent que je ne le pensais. Je n'arrive pas à ouvrir les yeux. Je sais que je suis vivant, c'est le principal. Mon corps entier me fait souffrir, alors je reste par terre.

Je suis Marban, j'ai 14 ans. J'ai fais l'erreur de naître, de décider de vivre, et aujourd'hui, je me retrouve sans abris,

À la merci de la société.

Journal d'un SDFWhere stories live. Discover now