02. Mauvaises Impressions

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Le début n'était pas simple avec toutes les contraintes qui y étaient liées, mais j'ai fini par m'y faire en m'accrochant à la pensée que j'accomplissais tout ça pour obtenir une meilleure vie.

Après ce qui s'est passé ces dernières années à Los Angeles, je ne pouvais plus y rester. Trop de regrets y étaient connectés, trop de remords y étaient associés.

Les erreurs du passé sont toujours les plus pesantes.

Si les gens raisonnés les affrontent, je fais partie de ceux qui les fuient. Parce que pour des problèmes aussi gros, il m'est simplement impossible d'y faire face. C'est trop de peine. Trop de colère. Trop de haine dirigée vers moi-même. Bien plus que je ne pourrais contenir.

La meilleure solution est de changer de ville.

Avec ma valise dans ma poigne, le chauffeur ouvre le coffre et l'y range. Il pose ses yeux intimidants sur moi une seconde avant de tendre sa main dans ma direction. Je perds instantanément mes moyens.

Pourquoi veut-il prendre ma main ? Est-ce que je viens vraiment de suivre un inconnu ? Honnêtement, ce kidnappeur a l'air bien plus gentil que prévu.

Avant que mon esprit ne divague davantage, je réalise qu'il veut simplement récupérer mon sac à main ; je m'empresse de le lui donner avant de m'embarrasser encore plus. En refermant le coffre, il vient ouvrir l'une des portes arrière et je ne réfléchis pas plus longtemps pour m'engouffrer dans la voiture.

Elle sent aussi le neuf.

Est-ce même étonnant ?

À travers la vitre teintée, je remarque l'homme s'éloigner avec son téléphone à la main. Malgré le vent qui lui arrive en plein visage, il garde ce même air sérieux tout en le ramenant à son oreille, sûrement pour passer un appel.

Pendant son coup de fil, son expression s'endurcit, bien qu'il reste trop neutre pour que je puisse correctement discerner ce que ça signifie. Bientôt, il met fin à son appel et range l'appareil avant de revenir à la voiture. Sans rien dire, il entre et démarre le moteur.

Si je n'avais pas vu ses lèvres bouger pendant l'appel, j'en viendrais presque à penser qu'il est muet.

Le silence qui pèse dans le véhicule tandis qu'il active la marche arrière pour sortir de l'immense aéroport est insoutenable. Il donne encore plus l'impression de réduire l'espace de l'habitacle quand le chauffeur s'engage sur la route.

Mal à l'aise face à ce mutisme, je me mets à observer le paysage tout en tentant de trouver un sujet, n'importe quelle chose à dire pour mettre fin à cette torture.

Néanmoins l'homme dans ses habits soignés me devance en décidant prendre les avants :

— Vous êtes originaire de Los Angeles, si je ne me trompe ?

Je sursaute. Sa voix est à la fois grave et sèche, même si elle n'a rien de malveillant. Je peux même y discerner un accent irlandais assez prononcé.

— Oui, j'ai toujours vécu là-bas, réponds-je en joignant nerveusement mes mains entre elles. Et vous ? D'où venez-vous ?

— D'Irlande. Je viens de Mullingar.

Ah, j'avais bon pour l'Irlande.

Je m'humecte les lèvres avant d'oser continuer :

— Et, euh... Madame et Monsieur Davis, comment sont-ils ?

Il pose son regard sur le rétroviseur pour faire entrechoquer nos iris quelques secondes, toujours cette expression aussi impassible sur le visage. Elle ne me donne vraiment aucun moyen d'identifier sa signification ni même de comprendre ce qu'elle renferme, et je déteste ça.

Sensitive Love I : ÉmergenceWhere stories live. Discover now