Chap.2 Part.2 : Nar Shadaa

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« Enfin de l'action ! » se dit Den au moment où Kalin affichait une grimace de dépit. Pourtant, une détermination égale se lisait dans leur regard.
Le Maître et son Padawan activèrent leur sabre laser de concert et deux lames bleues jaillirent, éclairant faiblement l'obscure ruelle. Les Trandoshans les chargèrent en sifflant leur rage et leur envie de sang. Discret, Siosk s'approcha sans arme du leader des Trandoshans en retrait par rapport à ses sbires.


Aux prises avec deux lézards humanoïdes, Den cherchait une faille dans leur défense. Ses adversaires se distinguaient par une bonne coordination dans leurs attaques, mais leur intelligence laissait à désirer. Une simple feinte de corps suivie d'une taillade aux jambes lui suffit à mettre l'un des ennemis hors d'état de nuire.
Le second, une montagne de muscles de plus de deux mètres, se révéla plus coriace, car il combattait tel un animal sauvage. Parant attaques de vibrolame ou de griffes, Den asséna, avec son sabre, un puissant coup de manche dans la mâchoire du Trandoshan. Celui-ci recula d'un pas sous l'impact, sa garde grande ouverte. Un coup de pied retourné au niveau du ventre mit fin à toute velléité de sa part. L'adversaire s'effondra lourdement, plié en deux sous la douleur.
À quelques mètres de lui, les deux autres chasseurs de primes inconscients avaient subi les foudres de Kalin.
– Maître Notsun ! J'ai bien peur que notre ami ne détienne aucune information au sujet de Mandaloriens, annonça Siosk après avoir désarmé le Trandoshan sans utiliser son sabre. Il m'a juste confié qu'il regrettait que son équipe n'ait pu user de son mode opératoire habituel dans cette ruelle exiguë.


– Voilà qui explique pourquoi nous n'avons pas eu de mal à nous débarrasser d'eux au corps à corps. J'imagine qu'ils ont la coutume de prendre leurs proies au piège. Cela dit...


Kalin jeta un coup d'œil exaspéré au Quarren :
–... c'est tout un art que d'amener les brutes de ce genre à révéler des informations. Laisse-moi faire et prends-en de la graine.


– Il est vrai que j'ai plus l'habitude de déchiffrer les intentions cachées des politiciens que des malandrins, marmonna Siosk dans son étrange langue.


– Puis-je vous être utile, Maître ? Il nous avouera tout ce qu'il sait avec moi, se proposa Den.


– Tu es doué dans ce domaine, mais la Force ne représente pas toujours le seul moyen d'arriver à ses fins. De même que ta vantardise ne fait pas très Jedi.


Kalin s'agenouilla face au chasseur de primes et lui releva le buste en le prenant au niveau du col :
– Révèle-moi ce que tu sais des Mandaloriens sur Nar Shaddaa et je te permettrai de partir. Refuse et je t'emmène devant les douze plus puissants Maîtres Jedi de l'Ordre. Crois-moi, tu n'aimeras pas sentir ton esprit trituré dans tous les sens. Il sera même possible que tu en perdes la raison auquel cas, ton existence ne ressemblerait plus qu'à celle d'un légume, murmura le Maître Jedi.


Une goutte de sueur dégoulina le long du front du lézard humanoïde.
- Vous ne feriez pas ça, les Jedi ne tuent pas ! réagit-il, mal à l'aise.

– À quel moment ai-je mentionné ta mort, mon cher ? souleva Kalin dans un chuchotis.


Den admira l'intelligence avec laquelle son Maître manipulait le chasseur de primes. Personne n'ignorait que toute personne trahissant l'Échange devait en payer le prix fort. En général, les parjures étaient abattus, mais Kalin faisait apparaître ce sort plus enviable au fil de la discussion. Qui voudrait finir sa vie tel un légume ?

Se sentant piégé, le Trandoshan émit un sifflement résigné :
– Le chasseur de primes Prev Domban possède peut-être des informations sur ce sujet. L'Échange l'a récemment engagé...

– À quoi ressemble-t-il ? Où peut-on le trouver ?

– Je l'ignore... avoua l'alien dans un souffle.


Peu convaincu, Kalin feignit une voix cruelle :
– Tu mens ! Dois-je te livrer à l'Échange en leur révélant ta lâcheté ? Je suis sûr qu'ils te réserveront une mort lente...


– Ne me livrez pas à l'Échange ! Je vous en prie ! La mémoire me revient... je l'ai souvent vu traîner à la cantina « le Hutt Baveur » ! hurla le Trandoshan paniqué, sa langue fourchue se tortillant dans tous les sens. Et il porte une armure mandalorienne ! C'est tout ce que je sais ! Je le jure !


Les Jedi le relâchèrent comme promis, mais celui-ci les injuria et les menaça d'une future rencontre où ils n'en réchapperaient pas. Quant à Den, il n'avait jamais assisté à un tel interrogatoire de la part de Kalin.


– Vous m'avez impressionné, Maître. Ce chasseur de primes a tout avoué en moins de temps qu'il n'a fallu pour le dire, et sans utiliser la Persuasion de Force, s'extasia Den.

– Cette manière de menacer quelqu'un me révulse, Maître Notsun. Je refuse de cautionner de telles pratiques de la part d'un membre de l'Ordre, s'offusqua Siosk en levant la tête en signe de désapprobation.

Kalin le fixa froidement :

– Mes manières, comme vous dites, nous ont permis de remonter jusqu'à ce Prev Domban alors que vous m'aviez assuré que ce Trandoshan n'avait aucune information. Rentrez donc au cargo, prenez un thé et attendez notre retour si mes actes vous choquent.

– À vos ordres, Maître, acquiesça le Quarren avec défi.

Le Chevalier s'enveloppa dans sa bure et laissa les deux Jedi sans leur adresser le moindre regard. Le visage de Kalin s'adoucit lorsqu'il se tourna vers son disciple. Pourtant, Den fut consternée d'entendre la nuance de déception dans sa voix.

– Quant à toi, tu subiras le même sort si d'aventure tu désobéis encore à mes instructions. J'espère qu'un jour tu comprendras que la discipline est une qualité primordiale pour un Chevalier Jedi, à moins que tu ne désires rester Padawan pour l'éternité ?

– Non... mais je vous promets solennellement d'œuvrer en ce sens à l'avenir.

Tête basse, mine déconfite, il ne voulait plus jamais voir cette expression de honte dans les yeux de son Maître. Tel était Den Liser... un jeune homme porté par ses instincts et sa propre vision de la justice. L'impétuosité prenait le pas sur la retenue, l'instant présent faisait loi et la puissance de son lien avec la Force le sauvait toujours des ennuis. Lors de sa courte vie, il avait développé une propension marquée à l'usage du sabre laser, s'enhardissant de sa maîtrise efficace de celle-ci. Il était peut-être le plus fort Padawan de l'Ordre l'arme à la main, voir le plus instinctif. Den réfléchissait rarement dans un affrontement, il se contentait d'agir en accord avec la Force canalisée à travers son cristal Kiishra, lui octroyant les fractions de seconde nécessaires pour vaincre. Den savait tout ça, et n'en tenait pas rigueur à Kalin de se sentir parfois dépassé.

Ses dispositions rendaient le feu de l'action simple à ses yeux. Mais c'était avant...

La destruction de la pierre précieuse amoindrissait nombre de ses capacités, une peur mortifère de perdre ses pouvoirs remplaçait son sentiment d'invincibilité. C'était l'angoisse de voir disparaître ses êtres chers qui rongeait le cœur de Den, depuis que son meilleur ami avait choisi le Côté Obscur.

Sa vie prenait un tournant inquiétant vers une route dont il ignorait tout des embûches.


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Star Wars : Le pouvoir de l'Élu T1 (Version Finale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant