Chap.2 Part.1 : Nar Shaada

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Den Liser dévala la rampe du Crystal Obscur sous l'œil mi-agacé, mi-amusé de Kalin. Il jura intérieurement, car le temps avec Lyra avait filé trop vite.

– Es-tu familier avec le concept de départ immédiat ? Ou de ponctualité, de façon plus générale ? questionna le Maître.

– Veuillez m'excuser, je n'ai pas de raison valable à vous fournir, répliqua Den, contrit.

Une multitude de gratte-ciel emplissait l'espace et enveloppait toute la lune à la manière d'un manteau de métal. Pourtant, l'urbanisation de Nar Shaddaa ne pouvait rivaliser en hauteur avec celle de Coruscant, la planète capitale de la République. Avec l'approbation des souverains hutts du système, la corruption et les inégalités régnaient en maître depuis des siècles, attirant de nombreux contrebandiers et seigneurs du crime. S'il existait un refuge idéal pour disparaître, se fondre dans la masse, échapper aux lois républicaines, alors Nar Shaddaa la surpeuplée constituait un choix parfait. L'endroit était dangereux, car seules deux justices y avaient cours : celles des Hutts et de l'Échange.

Flanqué de son Maître, Den avança vers le guichet en laissant ses pensées dérivées une fois de plus vers Lyra. À travers la Force, il la localisa en compagnie de son Maître Zurth Draal, le grand ami de Kalin et de Qui-Gon Drakus, un Chevalier Jedi avec qui Den entretenait des rapports fraternels.

« Beaucoup trop de monde pour une seule mission... »

- Maître, était-il nécessaire de venir si nombreux ? demanda le Padawan.

Kalin grimaça, signe de sa gène.

– La situation presse alors le Conseil a fait au mieux. Nous pourrons ainsi suivre plusieurs pistes en parallèle. L'une d'elles sera forcément la bonne... Ah ! Siosk a réglé les frais d'appontage. Espérons que notre présence passera inaperçue dans le quartier des réfugiés.


Le jeune Padawan ne répondit pas mais selon lui, Siosk ne devrait pas les accompagner. Certes, il pouvait avoir son utilité dans ce lieu où la xénophobie des humains sévissait au-delà de toute mesure. Mais, trop pacifique, le Quarren hésiterait à sortir son sabre laser si cela s'avérait nécessaire.

« Erreur dangereuse sur cette lune... »


***************

Les trois Jedi arpentaient les rues sombres de Nar Shaadda et se frayaient un chemin au milieu de plusieurs races d'aliens comptant parmi les plus agressives. Duros, Twi-leks, Rodiens et Quarrens se méfiaient tous les uns des autres tandis qu'ils effectuaient leurs transactions irrégulières à l'abri des regards indiscrets. Quelques familles de réfugiés humains sans le sou se pressaient autour des poubelles ou mendiaient une maigre pitance aux passants. Rejetés du monde, ils étaient les sans-logis de Nar Shaddaa. Pris de compassion pour ces pauvres âmes, Den s'arrêta devant une famille frigorifiée.
– Comment la République peut-elle supporter l'absence d'humanité et la cruauté des Hutts ? Ma conscience me pousse à aider ces malheureux...


Kalin s'immobilisa et répliqua sereinement :
– Dans une société, les laissés pour compte existeront toujours. Cette analyse est aussi valable pour les mondes sous le giron de la République, et surtout à Coruscant. En tant que Jedi, il nous est impossible d'aider au cas par cas. Les missions mandatées par le Conseil, en revanche...


– Je comprends évidemment. Mais je peux au moins soulager leur souffrance pour quelques heures, l'interrompit le jeune Jedi en fouillant dans sa poche.

Il en retira quelques crédits républicains et les tendit aux trois personnes vainement pelotonnées entre elles comme une couvée de chiots Kath. Surpris, l'homme le remercia d'un murmure inaudible en lançant des regards inquiets aux alentours.
- Ne fais pas ça ! s'écria Notsun, courroucé.

Ayant remarqué le geste de Den, d'autres réfugiés accoururent pour dépouiller la famille paralysée de peur. Le Padawan s'interposa entre eux en brandissant les bras.
– Laissez cette famille tranquille ! Ils en ont plus besoin que vous !


Certains sortirent des matraques avec l'intention affichée de passer en force.
– T'as raison l'mioche ! T'as plus de thune qu'eux, cracha un homme à la carrure de boxeur et balafré au niveau de l'œil droit.

Den contra l'attaque maladroite du réfugié et le repoussa sur ses congénères d'une saccade de l'épaule.

« Ce serait une bonne idée d'employer la Force pour les impressionner », songea-t-il.
Des tirs de blaster fusèrent dans l'air, entraînant la chute de trois sans-logis. Les autres s'enfuirent à toutes jambes sans demander son reste.
– Dispersez-vous bandes de loques ! hurla l'un des meurtriers à l'adresse des réfugiés paniqués.


Den retint un juron en identifiant la race des tireurs. C'était des Trandoshans à l'air aussi teigneux que des Wookies enragés. Réputée pour sa violence et sa force surhumaine, cette espèce ignorait la pitié.

Entre temps, Kalin et Siosk s'étaient reculé et observaient discrètement la scène, tapis dans l'ombre. Les cinq Trandoshans braquèrent leurs fusils blasters vers le Padawan.
– Tu bouges, t'es mort. Tu parles, t'es mort. T'invoques ta magie, t'es mort. C'est ton jour de chance, pas vrai Jedi ? avertit l'un d'eux.


- Ah ? puis-je te répondre sans être criblé de lasers ? ironisa le Jedi. Je ne suis pas un Jedi, simplement un voyageur.


Le chef des Trandoshans ne releva pas le sarcasme et siffla dans sa langue étrange :
– Personne sur cette lune n'aiderait la vermine humaine... à part un Jedi. Dans le cas contraire, personne ne viendra pleurer ta mort. Sais-tu que l'Échange offre deux-mille crédits pour chaque Jedi tué ou capturé ? Il en marre de voir votre Ordre mettre son énorme nez dans ses affaires.


– Je suis peut-être un Jedi. Mais vous avez raison, c'est mon jour de chance, car je ne suis pas seul, lança Den avec assurance tandis que Kalin et Siosk surgissaient de l'ombre d'un bâtiment.


– Rendez-vous, somma Kalin sur un ton menaçant.


Nullement impressionné, le leader trandoshan embrassa les alentours du regard et répliqua :
– Vous comptez mal, Jedi. La supériorité numérique est de notre côté et notre récompense n'en deviendra que plus grande.


– Inutile de se battre... commença Siosk en levant les bras en signe d'apaisement.


- Ferme là le poulpe ! ordonna le leader, sa langue dardant sans cesse de droite à gauche.

Sur un geste de lui, ses hommes rangèrent leurs blasters au profit de vibrolames, probablement renforcées de cortosis. Den comprit que ces types étaient des chasseurs de primes spécialisés dans la traque des Jedi.
– C'en ait assez ! Tuez-les !

Star Wars : Le pouvoir de l'Élu T1 (Version Finale)Where stories live. Discover now