9. Angel : Résolution

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Il est presque 8 h lorsque j'ouvre les yeux et Noa dort accrochée à moi comme si j'allais m'enfuir au beau milieu de la nuit. J'ai déjà eu du mal à la rejoindre et à la convaincre de ne pas me faire une scène alors que je rencontrais tout juste ses parents, ce n'est pas maintenant que je m'en irai, sauf si elle me le demande ! Et encore...

Cette nuit va être difficile à digérer, pour l'un comme pour l'autre. Elle s'est donnée à moi, les larmes aux yeux, et j'ai foncé. Je n'attendais que ça, je dois bien le reconnaître. Et nous avons cédé à nos sentiments, ignorant nos raisons qui nous hurlaient de résister tant que nous n'aurons pas remédié à notre problème. Nous allons certainement avoir du mal à admettre que nous nous sommes laissés un peu trop aller, qu'elle rentre ou non avec moi à Minneapolis.

Nous avons froissé les draps deux fois de suite alors que nous sommes en froid. Et elle s'est laissée faire, incapable de me résister. Je sais que je lui manque, elle m'aime toujours et elle avait crucialement besoin de moi. Et je suis à peu près dans le même état. Le hic, c'est que je ne suis toujours pas sûr de pouvoir tout lui expliquer avant mon retour à Minneapolis. Nous sommes donc coincés à cette étape : il faut qu'elle admette ses sentiments et moi, je dois lui dire ce qu'il en est de cette histoire de cartes postales. J'ai la trouille, elle va forcément paniquer.

Cameron me rappelait hier soir par messages que je devais prendre mon courage à deux mains. Je sais qu'il a raison, comme toujours, mais je me rends compte encore une fois que je suis incapable d'expliquer à Noa quel genre de démon me bouffe de l'intérieur.

Elle ne veut plus souffrir pour deux, ça je l'ai bien compris, mais je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à sa sécurité.

Je suis voué à vivre avec ça tous les trois mois au risque de le regretter. Oui, c'est quelque chose de risqué, de dangereux, pour moi comme pour elle, mais je ne peux pas y couper. Et je suis persuadé que N. A. est au courant pour nous deux. Le contraire m'étonnerait. Cette femme sait tout, voit tout, partout et nulle part à la fois. Un vrai fantôme...

Je suis condamné, c'est aussi simple que ça. Et à la prochaine carte postale me donnant rendez-vous dans un stade, je sais que Noa n'acceptera jamais de sagement rester à l'appartement, consciente que je me rends dans ces lieux publics pour côtoyer la mort. Et même si je lui cache, elle connaît désormais la fréquence des rendez-vous ; il me serait impossible de lui mentir.

J'ai d'autres raisons égoïstes de vouloir tout garder pour moi... Car oui, je ne veux pas qu'elle change à cause de ça, je veux qu'elle reste la Noa que j'ai connue il y a plusieurs mois et je refuse qu'elle se brise en apprenant la vérité. C'est trop tôt, elle n'est pas prête.

Je ne me le pardonnerais jamais si elle subissait les conséquences de ma langue trop pendue et je sais pertinemment que Nadia n'hésiterait pas à couper court à l'accord que nous avons signé. Il est d'ailleurs toujours planqué dans le double fond du coffret dans lequel se trouvent les cartes. Je prie pour que Noa ne le trouve pas si un jour elle y remet son nez. Quand je serai prêt, je lui expliquerai, mais pas maintenant. Bientôt.

L'immeuble d'O'CP ouvre dans dix minutes et les collaborateurs sont probablement sur le chemin pour aller bosser. Jared arrive toujours en avance, je suis persuadé qu'il est à son bureau à cette heure-là. Je me lève en faisant attention à ne pas réveiller Noa et je passe un coup de fil dans la salle de bain pour avertir Jared de mon retour demain matin.

Avec Noa, j'ose l'espérer.

— Jared Chandler.

— Jared, c'est monsieur Saunders à l'appareil, dis-je en m'appuyant sur le lavabo.

— Tout va comme vous le souhaitez, monsieur Saunders ?

Mon absence causera un léger retard dans l'entreprise, mais j'ai tout fait pour que la maison d'édition ait au minimum deux pas d'avance sur ses concurrents, alors ça ira malgré le travail qu'il me faudra rattraper.

N.A.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant