12. Angel : Suivis

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Je vérifie que l'immeuble soit bien fermé et descends avec Jared au parking. La journée a été fructueuse : nous avons validé deux projets en réunion aujourd'hui, le service éditorial est paré à transmettre toutes les infos au service marketing pour la promo.

Dans le même temps, Ilène m'a fait savoir qu'elle a opté pour un avocat commun, afin que ce soit plus simple pour la procédure de divorce. Je pourrai ainsi les recevoir pendant mes heures de bureau. Il reste un peu moins de cinq semaines sur les huit initialement prévues, maintenant, puisque j'ai appris qu'elle avait consulté l'avocat en question le matin où elle a perdu le bébé.

Elle savait que j'allais demander le divorce, enfant ou non, elle le savait. Je pense qu'on s'y était préparés tous les deux inconsciemment, depuis un certain temps déjà. Cela faisait trois semaines que nous n'avions pas couché ensemble ; j'avais perdu mon désir envers elle. Je m'étais imaginé qu'il s'agissait d'une mauvaise passe que traversent tous les couples mariés, mais j'ai rapidement compris que ce n'était pas le cas.

Je reste dix minutes dans ma Porsche après le départ de Jared. Phares éteints, moteur coupé, silence pesant. Mes doigts me narguent d'envoyer des excuses à Noa pour l'avoir poussée dans ses retranchements, mais je m'y résigne rapidement. Je veux qu'elle cesse de croire Castillo. Elle ment comme elle respire.

La gifle d'hier de Noa m'a plus que surpris, je ne pensais pas qu'elle oserait, ni même qu'elle repartirait en continuant de croire la version de Zooey, même si toute cette histoire est bel et bien ambiguë. Le problème, c'est que l'Hispanique lui a menti. Elle n'était pas aussi saoule qu'elle le prétendait, elle m'a demandé maintes fois d'être son premier et je lui ai demandé mille fois si elle était sûre d'elle. Je sais qu'elle s'en souvient, elle veut juste m'entendre le lui dire. Je le sais.

* *

De retour à la maison, je m'allonge sur le petit fauteuil de la salle de musculation, les pieds sur la table. Mon verre d'alcool à la main, j'observe l'extérieur par la fenêtre grande ouverte. Je crois que je m'assoupis, car lorsque je me réveille, mon Jack Daniel's est toujours dans ma main, mais la voix de Noa me parvient de l'extérieur au travers de cris. Au vu de ce que j'entends, elle s'engueule encore avec son mec. Elle est fatigante...

— Noa ! tonné-je.

Elle arrête brutalement de piailler après Jason. Elle agit un peu comme Ilène, à toujours brailler et cela ne me plaît pas vraiment : je ne veux plus d'une femme qui crie plus qu'elle ne parle. Pourtant, malgré ça, je continue de la désirer. Je la veux à mes côtés, je veux savoir que je compte à ses yeux, qu'elle me fait confiance. Sauf que si elle continue de croire le mensonge de Castillo, alors ce sera le début de l'enfer pour moi. Soit elle fuira, soit elle creusera dans mon passé pour essayer de comprendre de quoi il s'agissait. Dans tous les cas, je suis dans de beaux draps.

— Non, il reste chez lui. De toute manière, ce connard de voisin ne m'intéresse pas et je le vire si jamais il se pointe, annonce-t-elle fermement au téléphone.

C'en est trop. Je me lève, furibond.

— Ça te dirait de la fermer ? Je dormais ! je braille en sortant sur le balcon.

Elle se tourne vers moi et place sa main sur le micro de son téléphone.

— Et alors ? réplique-t-elle avec un air prétentieux qui me hérisse sérieusement le poil. T'as qu'à fermer la fenêtre, non ?

Je passe mes mains dans mes cheveux pour canaliser ma colère. Son air dédaigneux m'énerve, sa résistance, son refus de se laisser aller, son visage si parfait, ses courbes, qui m'intéressent plus que cela m'est permis, s'ajoutent à mon envie de tout casser. Cette nana me rend incontrôlable.

N.A.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant