Chapitre 36 - Le temps d'une soirée

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Je décidai de sortir de la maison et prendre un peu l'air. Ethan n'était toujours pas rentré malheureusement, mais j'ai décidé de ne plus m'en soucier, j'ai décidé de ne plus y penser.

Je sors alors un magnifique gilet gris en laine de l'armoire de Sarah, l'enfile par dessus mon pull en coton et dévale les escaliers m'apprêtant à sortir. Je remarque que Keith était entrain de cuisiner, je ne voulais pas le déranger.

Je sors de cette maison essayant de ne pas me faire remarquer et commence à marcher doucement, analysant chaque maison le long de ce quartier qui m'était étranger.

Soudain j'aperçois le café en construction dont Keith m'avait parlé quelques minutes plus tôt. Il n'avait pas l'air si petit que cela mais en tout cas il n'était pas près d'ouvrir avant longtemps à mon avis.

Je continue de marcher, poursuivant ensuite ma balade au grand air, je profite des paysages, je me gave de bienêtre. Et sans même remarquer j'avais tellement marcher que je me retrouvai me promenant le long des petites rues pittoresques de la ville. Soudain j'aperçois ce qui semblait être un bar, d'où provenait une harmonieuse mélodie dont le registre m'était bien familier: Du jazz.

Attirée tel un aimant je m'approche de ce petit bar où j'entrai presque immédiatement, poussant les vieilles portes en bois grinçantes et me faisant découvrir un charme sans pareil.

Je jetai des regards à la ronde, et entendis le mélange parfait de deux voix s'accordant parfaitement. Subitement des altérations cachées dans les harmonies, des combinaisons étranges qui s'imposent, c'était vraiment magnifique...

De brèves scènes de ma vie défilèrent devant mes yeux tels des éclairs éblouissants, car ce morceau m'était plus que familier. J'entendais encore ce titre alors que je n'étais qu'une jeune fille, il me semble avoir un souvenir de ma mère fredonnant cet air alors qu'elle tournait dans tous les sens telle une danseuse.

Cet air qui nous rappelais les Années folles alors que New York s'embrase de la fièvre du jazz et du swing. Où l'on se ruait dans les boîtes et dancings pour voir des artistes comme Louis Armstrong et le Fletcher Henderson Orchestra jouer au Kentucky Club.

Et Paris? Oh, jamais cette ville ne fut autant une fête qu'à cette période; Une incroyable fête, à laquelle le monde entier venait participer, dans un élan vital qui ne voulait qu'une chose: effacer quatre années d'horreur.

Décadentes, excentriques, cette période restera ma préférée. Des terrasses de Montparnasse aux clubs de jazz de la butte Montmartre dans un tourbillon réjouissant. Coco Chanel, les arts déco, la coupe à la garçonne, les courses de garçons de café, et j'en passe...

Je m'assois alors sur une magnifique chaise en bois en hauteur autour d'une petite table ronde. C'était comme un paysage que je ne voulais pas gâcher, comme un rêve.

Lorsque soudain la dernière note de leur morceau arriva, je suivis les applaudissements sincères des clients. Leur prochain morceau était nettement plus "country", mais il restait parfait, comme une suite logique.

Une magnifique serveuse se rapprocha de moi un sourire collé à son magnifique visage tellement doux.

- Voudriez-vous quelque chose? Me demanda-t-elle tout en tenant son stylos et un petit bloc-note.

A long way to goWhere stories live. Discover now