Chapitre 45

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- C'est bon, je m'en charge.
- Zoro-kun..

Je crois que c'est ce que Zoro dit mais je ne pouvais en être sure et alors que je ne trouvais pas l'équilibre pour me tenir sur mes deux jambes, il me tira par le bras et se dirigea vers la sortie, mais il se retrouva très vite barré la route par des habitués du coin.

- Laisse la demoiselle ici, elle a l'air de bien s'amuser, pas vrai ?

Je hochai désespérément la tête, le reste de mes neurones, grillés, et Makino tenta de s'interposer, je crois.

- Dégage de là.

Je lissai les bords de mon sweet avec l'aide de ma main tandis que l'autre mourrait sous la puissante poignée de Zoro.

- S'il vous plaît, calmez vous..

Un ange passa et ma bile remonta.

- Zoro, j'ai envie de vomir..

Je declenchai l'hilarité générale et bizarrement, ça ne m'écorcha pas plus que ça.

- Restes tranquille, t'auras tout le temps de gerber quand on sortira d'ici.

Je me pliai à ses ordres, son visage impossible à déchiffrer et la pièce recommença à tourner, j'ai la nausée.
Je soupirai, feignant l'indifférence face aux sifflements et aux remarques déplacées et cherchai rapidement sur quoi m'accrocher, une commode en bois fit l'affaire.

Au bout d'un moment, mes jambes se dérobèrent et j'eus la sensation d'être soulevée avant de rencontrer le sol, cette agréable chaleur dans mon ventre m'assourdissant sur la suite du dénouement.

- Merde, me lâche pas maintenant !

J'enroulai mes jambes autour de sa taille, n'arrivant pas à les croiser correctement et encerclai ses larges épaules de mes bras.

- Fais chier, pesta-t-il.

                                   *

Dehors une légère brise qu'en état de sobriété j'aurai qualifié de vent violent vint me fouetter le visage et je ne pus rassembler toute ma tête pour me souvenir des derniers événements.

J'entrouvris les yeux et devinai rapidement la raison de tout ce vert qui obstruait ce qui restait de ma vue.

- Ne bave pas sur mon épaule.

Je soufflai ce qui le fit frissonner. S'il pouvait arrêter de bouger autant, je n'aurai pas la tête qui tourne.

- Zorooo, j'ai mal à la tête, me plaignis-je.

Je geins et il ressera sa prise autour de mes cuisses.

- C'est pas mon problème.

Je n'avais pas la force de le fusiller du regard alors ne reposai ma tête sur mon épaule tandis qu'il continuait de marmonner, accentuant mon mal de tête.

Je comptais le nombre de ses pas quand quelque chose de si évident traversa mon esprit aveuglé par mon état d'ivresse que je jurai que même ce crétin de Zoro aurait pu l'entendre.

- J'habite de l'autre côté, tu sais.. Fis-je remarquer alors qu'il s'engouffrait dans une énième ruelle, d'après moi.

Il tiqua d'une manière prononcée et je regrettais immédiatement de ne pas être restée auprès de Makino.

Il prit un certain temps à reprendre sa marche et j'en conclus qu'il n'avait pas la moindre idée de la direction qu'il entreprenait.

- On est perdu..? Demandai-je, connaissant déjà la réponse.
- Non.

Il me fit lourdement descendre de son dos, ne prenant pas en compte mon équilibre toujours aussi chaotique.

- Pourquoi, tu..

Il plaça rapidement ses mains dans ses poches, en s'appuyant sur un mur.

- Merde, j'ai déjà vu cet arbre quelque part..

Je me dirigeai vers un coin, d'une démarche mal assurée. Malgré mon vertige, je m'abaissai pour tenter de vomir mais rien ne vint alors je grognai et essayai de souffler un peu, regardant du coin de l'oeil Zoro sortir son téléphone.

- Qu'est-ce que tu fais ? Tentai-je, en m'approchant.

Il me lança un bref regard.

- Ça se voit pas ?

Je gonflai les joues, il était vraiment de mauvaise humeur et elle commençait à deteindre sur la mienne.
Il passa plusieurs coup de fil avant de soupirer, je le pensais beaucoup plus dégourdi mais je crois que même l'alcool ne peut corriger son mauvais sens de l'orientation.

- Bon.. Je rentre, déclarai-je, pas vraiment en son attention.

Je me relevai de la caisse en bois sur laquelle je m'étais assise pendant qu'il se demandait comment avons nous pu atterrir ici.

- T'iras nulle part, t'es bourrée.
- Pas autant que toi, répliquai-je.

Je titubai jusqu'à lui et encrai mon regard dans le sien, il faisait froid et je prenais sur moi pour ne pas m'enfuir en courant, une minute de plus avec lui et la colère aura raison de moi.

- Oï, tu m'écoutes ?

Je décidai d'éviter ces pics et je riai, feignant l'indifférence.

- T'as aucune raison de te soucier de moi, je.. Hum.. Je vais me débrouiller toute seule.

Il me barra le passage à l'aide de son corps tonique et j'eus presque de la peine de ne plus ressentir le froid, commençant sérieusement à bouillir.

- Pas question.

Je fronçai les sourcils et avant que je ne lui ordonne de se pousser, j'eus un haut-le-coeur.

- Je me sens vraiment.. vraiment, pas bien..

Il m'empoigna le bras et je n'eus pas la force de le repousser, je lui crierai bien que c'est de sa faute mais il me devança.

- J'ai pas le temps de m'occuper de toi, j'ai appelé Ace, il arrive, dit-il, contente ?

Je plissai les yeux et bloquai ma respiration quelques secondes, un bref sourire se créea à la naissance de mes lèvres mais qui j'effaçai bien vite, renvoyant sans cesse la faute sur l'alcool.

- Contente..? Repetai-je.

Il se passa quelques secondes avant que je ne me tourne brusquement vers lui, l'expression fière qu'il démontrait, detruisit toute la confiance de la mienne.

Ne me dites pas que..

- Tu délirais complètement, c'était pitoyable, dit-il, simplement, effritant davantage mon égo malmené.

Cette seule phrase me fit comprendre qu'une fois de plus, j'en avais trop dit et, en plus de ça, sans m'en rendre compte.

Le Temps d'une Année Où les histoires vivent. Découvrez maintenant