Chapitre 28

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                                    J'exécutai un rapide contrôle de ma respiration et sans surprise elle n'était pas des plus régulières, d'ailleurs je n'étais même pas sûre de respirer à ce moment-là. J'étais surement trop occupée à me répéter à quel point il était beau alors que mes réelles convictions passaient à la trappe. Il fallait bien que j'arrête de penser à cette minime distance qui nous séparait l'un de l'autre, pas que je voulais qu'il s'éloigne de moi mais au moins, dissimuler les battements qui secouaient ma cage thoracique rendrait la chose moins humiliante. Surtout que son cœur ne connaissait visiblement pas le même sort que le mien.

- Ace lâche mois'il te plaît.

Et comme je m'y attendais, il ne lâchait pas prise. Mon ton incertain n'aidait pas vraiment, ce n'est pas quelqu'un comme Ace qui se serait plié à une demande aussi pitoyable, et même si ça avait été le cas, j'aurais été un peu déçue qu'il s'exécute aussi rapidement car quelque soit la tournure que les choses prendraient, au fond, je voulais juste qu'il reste avec moi. Je profitais autant de cette situation que je la subissais.

- Je pourrais t'éviter ça mais tu ne veux pas m'écouter.

Je me sentis lentement glisser dans un gouffre dont il est la seule porte de sortie, rien ne m'empêchait de l'écouter et de boucler cette histoire une fois pour toute, mais je ressentais ce besoin insatiable d'acquérir son attention.

- Toute cette buée.. Merde, je pense avoir laissé quelque chose sur le feu, il faut que tu me lâches maintenant ou cette discussion va connaître une fin tragique, et tu peux me croire Ace, je ne te suivrai pas jusqu'en enfer.

Il ne prit pas mon affolement au sérieux, je parlais peut-être trop, il fallait que je paraisse le plus détendu possible et ce n'était certainement pas l'impression que je renvoyais.

- Sur le feu ? Ça m'étonnerait, ça fait trois heures que je t'attends. Ta maison ne serait plus qu'un tas de cendre à l'heure où je te parle, tu ne crois pas ?

Je n'ai pas vraiment su quoi répondre et je n'en ai pas vraiment ressenti le besoin car Ace riait-surement aux débilités qui coulaient à flot de ma bouche quand il était dans les parages- mais quelque soit les raisons, pour rien au monde j'aurais voulu qu'il ne s'arrête. 

- Il fait froid et il va bientôt faire nuit, on reparlera de ça plus tard, d'accord ? 

Je le sentis secouer la tête pour désapprouver ma requête.

- Pourquoi est-ce que tu ne veux pas écouter ? C'est tout ce que j'te demande.

Son rire s'était tari et je sentis son souffle insistant sur mon épaule.

- Et pourquoi tu ne veux pas me lâcher ? C'est tout ce que je te demande aussi.

Ce n'était pas ce que je souhaitais mais il choisit ce moment pour se résigner, il soupira puis me laissa me défaire de son étreinte, ce n'était pas sorcier finalement.

- Je t'ai lâché, écoute moi maintenant.

Je sentis qu'il commençait à perdre patience, et moi aussi. Je me demande bien depuis combien de temps la voisine nous espionne depuis leur baie vitrée, je savais que nous étions un peu trop bruyants pour un quartier tranquille comme celui-là mais de là à écouter aux portes, ça me dépassait. ( peut-être qu'elle matait simplement Ace, qui sait ?)

- Tu vois quand tu veux.

Peut être que si je me montre désagréable, il ne voudra plus parler et s'en ira. Je doute que ce soit la bonne chose à faire mais.. Au point où j'en étais.

Le Temps d'une Année Où les histoires vivent. Découvrez maintenant