Chapitre 42

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Je restai quelques instants à défier du regard le sapin, frôlant l'envie de m'endormir à nouveau pour échapper à ce supplice.

C'était beaucoup plus amusant de le décorer, sans compter que Koala était avec moi, mais le ranger était une autre histoire et je n'exagèrais pas, surtout si à ses sept ans, il s'avèrait qu'une certaine gamine avait malencontreusement glisser sur une jolie boule pour ainsi perdre douleureusement, une de ses précieuses dent de lait.

Je défis lentement les guirlandes pour ne pas que le sapin perde l'équilibre, et j'eus même de la peine à le dévêtir de ce joli cortège.
Je pensais que ma mère voudrait le garder plus longtemps dans le salon, sans doute pour avoir la satisfaction de m'humilier malicieusement en me rappellant que c'est moi qui l'ait décoré en prenant compte mon habituelle attitude grincheuse en cette période de l'année.

Alors que je retirai une énième épine qui s'était maladroitement imiscée dans mes cheveux, l'idée de chercher mon téléphone me frappa, j'étais prête à tout pour échapper à ça, et même chercher mon portable parmis tout ce bordel qu'occupait ma chambre.

Je grimpai à l'étage, et l'escalier ne grinça pas comme à son habitude.
J'ouvris, en un fracas, la porte de ma chambre et patogeais dans les vêtements qui jonchaient sur le sol, je ne sais plus depuis combien de temps les volets n'ont pas été fermés.

Je trouvais l'objet recherché, écrasé sous une pile de livre, moi qui pensait l'avoir minutieusement rangé dans un tiroir.
Je l'allumai et tapotai le doigt sur l'écran d'affichage, qui prenait beaucoup trop de temps à s'activer.

Finalement, aucun message n'etait affiché ou démontré et je me maudissai d'avoir ressentie une désagréable sensation, à ce moment précis.
Deux ou trois appels de ma mère mais rien de plus.

Les messages vocaux, eux, se comptaient par dizaines, il me semble.
Tous de Sabo je crus au départ en défilant et en voyant son prénom affiché alors je descendis à nouveau dans les salon, pour me caler prés de la cheminée et un à un, je les écoutai, tréssaillissant à chaque reproche qu'il faisait dû au fait que j'ignorais complètement ses appels.

Il datait tous de la veille de Noël, sauf un qui datait d'un peu plus tôt, et j'eus du mal à ne pas perdre pied quand j'en entendis, l'objet.

" Kanae, c'est Sabo.. Tu devrais le savoir maintenant, ça fait la cinquième fois que j'essaye de te joindre et merde tu pourrais au moins me donner un signe de vie.. Ace est fou de rage depuis hier, il est en train de tout péter et... Il a hurlé ton nom, enifn bon, maintenant arrête ça, et rappelle moi "

Cinq fois que j'écoutais ce message en activant le haut parleur et le son un peu plus fort à chaque fois où la voix de Sabo tremblait d'impatience et sûrement d'inquiétude.
Ce sentiment que quelque chose m'a glissé entre les doigts me rongeait l'esprit.

Il a crié mon nom ? Comment ça ?

Je retournai en arrière, essayant de rejouer dans ma tête, les actes qui auraient pu mettre Ace dans un état pareil, et je me rendis une fois de plus compte, que ses problèmes m'importaient beaucoup plus que les miens.

Et malgré ça, je ne comprenais pas, d'après la date qu'y est affiché, et la mémoire avec laquelle je me souviens de chaque moment passé avec Ace, on ne s'était pas croisé cette journée, j'étais trop concentrée sur ma peine de coeur pour m'en tenir rigueur.

Nous ne nous sommes pas disputés ce jour-là, il ne savait pas que je l'aimais et Sabo n'aurait pas pris la peine de me laisser un message si de son gré, il aurait pu régler lui même ce problème, qui concerne son frère.

Je ramenai mes genoux contre ma pointrine et fermai les yeux, concentrée sur les crépitements que la cheminée produisait.

Je suis une amie, rien de plus, Ace a toujours été discret quand il s'agissait de ses histoires, il n'a jamais eu besoin d'aide, et encore moins de la mienne, il y a sa petite amie pour ça..
Une fois de plus, je me haïssai de penser de la sorte, il est censé compter sur moi et je dois l'épauler, comme un ami le ferait et pourtant je sens que j'en suis incapable, plus envers lui, en tout cas.

Je ne sais plus si je suis focalisée sur ma douleur ou mon inquiétude mais que ma mère ne soit pas là quand de telles choses se passent est une vraie bénédiction, ou de la chance, non, non, une bénédiction.

Sabo n'aurait pas inventé une histoire, rien que le tremblement dans sa voix prouvait qu'il ne contrôlait pas la situation et après ce qui est arrivé hier, je n'ose pas le lui demander.

Je ne sais pas ce qui a changé, en temps normal, je ne me soucierai pas de tout ces détails, j'aurai couru tête baissée jusqu'à Ace, pour savoir, ma curiosité qui trépignait d'impatience aurait eu raison de moi, et pourtant, là, je restai assise, n'ayant la moindre envie du monde de bouger.

Je n'eus que le temps de débuter mes débats dont seule la cheminée fut témoin, que mon téléphone se mit en veille sur la voix de Sabo répétant faiblement mon prénom, pour m'indiquer que la batterie était faible.

- Bon sang, pas maintenant.. Deplorai-je, en le secouant.

Sachant pertinemment que mes plaintes ne le feront pas se rallumer, je le mis en charge verifiant chaque seconde s'il daignait s'allumer
Finalement le silence de la maison devint dérangeant à mes yeux, alors je me hâtai de ranger ce foutu sac à épines dans le grenier, pour enfiler un sweet légèrement trop grand, et m'échapper de la maison, comme à mon habitude, ignorant les signaux contradictoires qui me soufflaient qu'Ace avait besoin de moi.

Je pris un raccourci pour ne pas avoir à rester plus longtemps dans ce froid, n'ayant plus d'echarpe à ma disposition, un bonnet et des gants ridicules firent l'affaire.
J'ai encore le goût du dentifrice qui faisait violemment claquer mes dents, à cause du vent.

Arrivée devant la bar, mes bras chargés par divers présents pour Makino, je soupirai puis me claquai les joues, les rires et les chants des ivrognes inondants le silence de la ruelle en ce lendemain de fête.

- Allez Kanae, tu vas rentrer, tu vas gentiment faire ton chemin jusqu'à Makino, tu la féliciteras et après tu sortiras, ni vue, ni connue, murmurai-je.

Je fis un pas et fermis l'espace entre le trottoir et moi.

- Ni vue, ni connue, répètais-je, avant de pousser les portes en bois.
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Le Temps d'une Année Où les histoires vivent. Découvrez maintenant