Peter part. 10

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Comment avait-il osé ? Comment avait-il pu... ? Peter en avait encore le souffle coupé. Il avait sauté dans le vide sans réfléchir, et avait atterrit fort heureusement dans le camion benne qui était garé juste en dessous. A vrai dire, Peter se serait bien passé de ce trampoline fort peu luxueux, mais il fallait avouer que ça correspondait bien à son humeur... Avec un grognement de dégout et d'exaspération, il s'extirpa tant bien que mal du monticule de déchets, et sauta à bas du camion, le plus discrètement possible. Avec empressement, il s'engouffra dans la ruelle sombre au coin de l'immeuble, priant intérieurement pour que Deadpool ne se soit pas penché par la fenêtre et ai assisté à son atterrissage pour le moins humiliant. Avec un soupir, Peter se fit la réflexion qu'après ce qui venait de se passer, Deadpool n'avait aucun intérêt à se pencher par la fenêtre, à moins de vouloir le voir s'écraser.

Appuyé contre le mur de brique, seul dans sa ruelle sombre, Peter faillit pleurer. Avec un geste rageur, il retira sa cagoule et s'en servit pour éponger son front. Sa tête lui faisait mal, et ses côtes le brûlaient, comme après un marathon particulièrement intense. Mais tout ça n'était rien comparé au poids qui l'écrasait littéralement, comprimant sa cage thoracique sous une chape de plomb, pesant sur ses épaules, s'insinuant dans chacun de ses muscles, comme pour le forcer à tout lâcher et à s'écrouler sur le sol. Oui, c'est bien. Recroqueville-toi par terre, et restes-y pour toujours, seul et dans le noir. Tu ne mérites que ça. Encore cette voix, toujours cette voix. La voix de la culpabilité, celle qui venait lui rendre visite dans ses cauchemars, celle qui lui perçait les tympans dans les moments de silence, celle qui se glissait dans chaque recoin de son esprit quand il avait le malheur de l'oublier. Ça aurait dû être toi. Toi et pas eux. Tu ne mérites pas de vivre.

- « Je suis tellement désolé. » murmura-t-il seul dans l'obscurité, glissant lentement contre le mur, pour finir accroupit sur l'asphalte, la tête entre les bras. « Je suis tellement désolé... »

Comme pour ajouter à l'ironie de la scène, ou bien parce que le narrateur avait un goût particulier pour le mélodrame, la pluie se mit doucement à tomber. Peter retint un sanglot. Le bruit des gouttes s'écrasant sur le sol le berçait doucement, tandis que son costume se mouillait petit à petit. Ses boucles brunes se plaquaient désagréablement sur son crâne, et les souvenirs remontaient lentement, puis de plus en plus rapidement, avant de l'aveugler totalement. Des visages, des rires, des cris, des bruits écœurants de corps déchirés, d'une balle fichée dans la chair, d'un os qui craque, des appels au secours, des yeux vides. De la pluie. Toujours. Et encore. Tante May. Oh, Tante May, si tu savais...

- « Pardon, pardon, pardon... » sanglote inlassablement Peter, le visage enfoui dans le masque au creux de ses mains.

La tête lui tourne horriblement, son cœur tente de s'arracher de sa poitrine, ses muscles tressautent incontrôlablement, son corps ne répond plus. Peter a envie de hurler, de s'arracher les poumons, de les recracher, d'écorcher sa gorge à s'en faire saigner. Le mur derrière lui devient mou, et le ciel bascule. Sa tête explose en un milliard d'éclats aveuglants, et Peter ne peut plus penser. Seuls reviennent les mots de la voix tant haïe : Ta faute. Tout est de ta faute, Peter Parker. Pourquoi personne ne vient l'aider ? Pourquoi son oreiller est-il froid et dur, pourquoi est-il trempé ? Les quelques éclats de son cerveau qui n'ont pas fui trop loin hurlent au secours, mais personne n'entend. Peter hurle, mais personne n'entend. Chaque atome de son être hurle, mais personne n'entend. Le monde autour de lui hurle, mais personne n'entend. Tout hurle, et si son cerveau n'avait pas déjà explosé, il le ferait sûrement. Au lieu de quoi les éclats aveuglants qui tourbillonnent autour de lui reflètent avec une joie sauvage chacune de ces erreurs, chacune de ces peurs. Peter ne sait plus si sa vision est obstruée par les larmes, par la pluie, ou par les mèches blondes de Gwen. Sa peau est couverte de gouttes froides, qui courent le long de son dos, qui s'accrochent dans ses cheveux, qui mordent dans son cou, comme autant de minuscules d'araignées vindicatives. Oh, les araignées. Comme il détestait les araignées. Elles lui avaient tout pris : sa vie, sa tranquillité, son oncle, son meilleur ami, sa Gwen. Elles rampaient sous son lit, dans son esprit, sur sa peau, dans ses cauchemars. Les araignées étaient partout, et il était l'Araignée. Une araignée énorme et monstrueuse, qui piégeait ses victimes dans sa toile, avant de mieux savourer leur goût. C'est de ta faute, Peter. Il va mourir, ici dans cette ruelle malpropre d'Hell's Kitchen, sans son masque, écrasé sous le poids des remords, sans personne avec lui. Tandis que les éclairs s'ajoutent aux flashs qui l'aveuglent, Peter mets ses dernières forces au service de ses jambes, et tentent de se relever. Seul un muscle sur deux semble lui répondre, et il n'a toujours pas réussi à recoller les éclats de son esprit. Ses tympans sifflent, et les briques sous ses doigts sont glissantes. Sa tête se soulève lentement, tandis que son corps tremble frénétiquement, comme pour lui rappeler à quel point le sol était plus sûr. Au bout de la ruelle, là où le monde continue de tourner, Peter sent quelqu'un s'approcher.

- « S'il vous plait... S'il vous plait... » implore-t-il entre deux sanglots, avant d'abandonner, se laissant retomber lourdement au sol.

L'inconnu s'avance vers lui, et brutalement, la peur prend Peter aux tripes : il a oublié son masque. Il doit mettre son masque.

- « Non ! » s'exclame-t-il avec le peu de voix qui traverse encore ses lèvres, tandis qu'il tâtonne sur l'asphalte à côté de lui, à la recherche du morceau de tissu si précieux.

- « Peter ? »

Le garçon relève la tête, et cligne des yeux, chassant les gouttes d'eau accrochées à ses cils, distinguant vaguement une forme humaine dans l'obscurité de la nuit. Et, alors que les phares d'une voiture viennent éclairer la ruelle dans un flash d'un millième de seconde, Peter croit reconnaître le costume rouge de Deadpool.

- « ... Wade ? » murmure-t-il, alors que ses yeux se ferment involontairement, et qu'il perd connaissance.

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Hum. Pardon ? 

Pardon pour ce chapitre et pardon pour le retard ?

Like a Batman in Red [SpideyPool] [BoyxBoy]Where stories live. Discover now